Eugenius de Carthage
† 505
L’élection d’Eugenius au siège épiscopal de Carthage arriva dans les douleurs. Il y avait plus de vingt ans, en 481, que les fidèles n’avaient plus d’évêque, par décision du roi vandale Hunéric, arien. Mais comme l’épouse de ce dernier était parente de l’empereur de Constantinople, celui-ci fit pression sur le gouvernement africain pour autoriser enfin cette élection.
Eugenius, qu’on ne connaît pas avant cette date, se montra un évêque plein de douceur autant que de zèle, de sorte que les fidèles le reçurent avec grande joie.
Cette joie cependant provoqua par contraste la jalousie du clergé arien, qui à son tour exerça mille vexations envers l’évêque : on interdit à Eugenius d’exercer sa charge et de prêcher. Plus douloureuse encore fut cette décision d’interdire aux fidèles de porter les cheveux longs à la vandale : des officiers attendaient et scalpaient littéralement les fidèles à l’entrée des églises ; il y eut même des morts. Puis on exila environ cinq mille catholiques dans le sud du pays, des vierges furent l’objet de tortures, de brûlures.
L’empereur de Constantinople encore une fois intervint. En 484, le roi Genséric convoqua un «concile». Sur les quelque cinq cents évêques catholiques qui se présentèrent, dix seulement furent admis par le «patriarche» arien qui, quoique familier de la langue romaine, prétendit ne rien comprendre au latin et fit condamner la doctrine catholique. Les Vandales traitaient d’homoousiens les catholiques, en souvenir de la condamnation d’Arius à Nicée (325), qui refusait ce terme théologique.
Une cinquantaine d’évêques catholiques furent exilés en Corse, condamnés à couper du bois. Les autres furent éloignés au sud du pays, dans le désert. Eugenius fut de ceux-là. A cet éloignement de son diocèse, s’ajouta une douloureuse paralysie, dont le geôlier (arien) profita pour lui faire boire du vinaigre, le pauvre évêque étant dans l’impossibilité de se défendre.
A Hunéric succéda Gunthamund, qui mitigea un peu les mesures de son prédécesseur. Eugenius put réintégrer son siège épiscopal et, en 494, faire rappeler les autres évêques.
Malheureusement, en 495, le nouveau roi, Transamund, reprit la persécution. Condamné à mort, mais exilé, Eugenius fut envoyé près de la ville d’Albi, où il construisit un monastère.
C’est donc en Gaule, près d’Albi, que mourut Eugenius, le 13 juillet 505. S’il ne subit pas le martyre, il se montra un glorieux Confesseur de la Foi.
Saint Eugenius de Carthage est commémoré le 13 juillet dans le Martyrologe Romain.