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21 février 2024 3 21 /02 /février /2024 00:00

21 FEVRIER

 

II.

S Félix, évêque à Metz pendant quarante ans (ou bien celui du Vs, moins connu).

Ss Victorin, Mappalique, Alciator, martyrs en Afrique.

S Anthime, évêque à Terni et Spolète.

III.

Ss Maurice, son fils Photin, Théodore et leurs compagnons, soldats martyrs en Syrie ; ils furent exposés nus aux piqûres des guêpes et des moustiques.

IV.

S Eustathios, évêque à Bérée puis Antioche, un des héros du combat contre l’arianisme, mort en exil.

Ss Daniel et Verda, un prêtre et une chrétienne, martyrs près de Razichea.

Ste Irène, espagnole, sœur de s.Damase, vierge consacrée à Rome.

V.

S Sévérien, évêque à Scythopolis, fervent défenseur de la foi, martyr.

Ss Vérule, Secondin, Sirice, Félix, Servule, Saturnin, Fortunat, martyrs en Afrique.

VII.

S Patère, évêque à Brescia, disciple de s.Grégoire le Grand. 

S Zacharie, évêque à Jérusalem ; il “accompagna” en captivité la sainte Croix lors de son enlèvement par les Perses et de son retour quinze ans après.

B Pépin de Landen, maire du palais en Austrasie, précepteur de Dagobert I (auquel il sut adresser de solennels reproches), époux de ste Itta, père des stes Gertrude de Nivelles et Begge.

Ss Germanus et Randoaldus, abbé et prieur à Grandval (Granfeld), martyrs, tués par les soldats du seigneur local.

S Gombert (Gondelbert, Gondebert), fondateur et abbé à Senones.

VIII.

S Pierre Mavimène ou de Maiuma, collecteur d’impôts à Damas, martyr.

IX.

S Timothée, ermite au mont Olympe.

S Georges, ermite au mont Sirik, moine à Bonyssa, évêque à Amastris.

XVI.

S Robert Southwell, jésuite anglais, et poète remarquable, pendu à Tyburn.

XVII.

Bx Balthasar, Antonius et Ignatius Uchibori, laïcs japonais martyrs, béatifiés en 2008 ; le dernier avait 5 ans ; leur père, Paulus, sera martyrisé le 28 février.

XVIII.

B Noël Pinot, dernier de seize enfants, prêtre à Angers, guillotiné avec les ornements qu’il portait au moment de son arrestation ; au pied de l’échafaud, en aube et en étole, il aurait dit une dernière fois :  “Introibo ad altare Dei”. 

XIX.

Bse Caterina (Maria Enrichetta) Dominici, supérieure à Turin des Sœurs de Sainte-Anne et de la Providence, béatifiée en 1978.

Eustathios d’Antioche

† 338

 

Eustathios (le latin ne met pas d’h à ce nom) naquit à Sidé (Pamphylie, Asie Mineure, auj.  Turquie S) à la fin du troisième siècle.

Il fut d’abord appelé sur le siège de Bérée (auj. Alep, Syrie), puis sur celui d’Antioche, de 324 à 330.

Au concile de Nicée (325), qui devait sanctionner l’expression de la consubstantialité du Fils de Dieu avec Dieu le Père : il en fut un des plus ardents partisans.

Après ce concile, il fut l’objet d’attaques passionnées de la part des hérétiques. On réussit à lui trouver des expressions soi-disant hérétiques ; de plus - la manœuvre est classique dans le genre - une femme se présenta, accusant l’évêque d’être le père de son bébé.

Le résultat fut, vers 330, un concile régional à Antioche, qui déposa Eustathios et le fit envoyer en exil par l’empereur Constantin ; mal informé et incapable de discerner les arguments théologiques, il ne rendit pas là un grand service à l’Eglise. 

La succession d’Eustathios fut douloureuse ; deux partis se formèrent, pour et contre Eustathios, il en résulta un véritable schisme.

Tandis qu’on perd la trace d’Eustathios, dans son exil (peut-être en Thrace), on n’arrive pas à situer la date de sa mort : certainement après 338, mais peut-être beaucoup plus tard.

Les partisans d’Eustathios furent réintégrés dans l’Eglise dès 414, mais le schisme d’Antioche dura jusqu’en 482, lorsque les reliques d’Eustathios revinrent à Antioche ; la foule en liesse alla les accueillir jusqu’à vingt-cinq kilomètres de la ville.

Saint Eustathios d’Antioche est un Père de l’Eglise ; certains l’ont considéré martyr ; il est commémoré le 21 février dans le Martyrologe Romain.

 

 

Germanus et Randoaldus de Münster-Granfelden

† 675

 

Germanus était né vers 612 à Trèves, dans une importante famille sénatoriale, qui en confia l’éducation à l’évêque Modoaldus de Trèves.

Vers 629, il vendit ses biens et son héritage, distribua l’argent aux pauvres et se retira au monastère de Remiremont, où le rejoignit bientôt son jeune frère Numerianus.

Tous deux gagnèrent ensuite le monastère de Luxeuil, voulant marcher encore plus fermement dans les voies de la sainteté, sous la direction du célèbre abbé Waltbert (ou Waldebert), qui fit ordonner prêtre Germanus.

Là-dessus, en 640, un monastère fut fondé non loin de Moutier, à Grandval (en allemand Granfeld). Germanus en fut nommé premier abbé, et il y dirigea la communauté pendant vingt-cinq ans.

Le prieur de cette abbaye florissante était Randoaldus, dont on ne nous dit rien de plus.

On confia aussi en même temps à Germanus l’administration de deux autres monastères voisins, Saint-Ursanne (auj. Clos-du-Doubs, Jura, Suisse) et Saint-Paul-en-l’Ile.

Mais à la mort du protecteur et fondateur du monastère de Granfeld, son successeur, sous divers prétextes fallacieux, exerça de pénibles vexations sur les habitants de la région et, conséquemment, sur les moines qui les protégeaient. Germanus et le prieur Randoaldus allèrent trouver le duc en colère et cherchèrent à l’amener à de meilleurs sentiments. Ils pensaient y être arrivés mais, sur le chemin du retour, des hommes armés, aux ordres du duc, les rejoignirent et les abattirent, à l’endroit où se trouve maintenant Courtételle (Delémont).

C’était le 21 février 675.

Des miracles attestèrent la gloire des deux Martyrs et leur culte se répandit dans toute la région de Bâle et de Besançon. En 1571, les «Réformés» mirent le feu à l’église de Granfeld et les Religieux s’installèrent à Telberg.

Saint Germanus et saint Randoaldus sont commémorés le 21 février au Martyrologe Romain.

Robert Southwell

1561-1595

 

Né à Horsham St. Faith (Norfolk, Angleterre) fin 1561, Robert était le dernier des huit enfants d’un père catholique qui s’était adapté à la nouvelle religion d’état.

Son grand-père, Richard, vécut à la cour de Henry VIII ; c’est lui qui fit arrêter le poète Henry Howards. La Providence fit que les petits-fils de ces deux ennemis, Robert Southwell et Philip Howard, furent deux compagnons fidèles et témoins de la Foi catholique jusqu’à la mort.

Par sa mère, Robert pourrait descendre aussi du poète Percy Bysshe Shelley.

A quinze ans, il partit à Douai, au collège anglais, et se sentit attiré par les missions orientales comme par l’idéal des Chartreux.

Il passa au Collège de Clermont à Paris. Sous la conduite d’un saint prêtre (Thomas Darbyshire) et d’un bon camarade (Jan Deckers), il se proposa d’entrer chez les Jésuites (1578). Déçu de ne pas être admis, il décida à dix-sept ans, de partir à Rome pour solliciter son admission auprès du Supérieur général lui-même.

Arrivé à Rome, il fut admis (1578) au noviciat de Saint-André du Quirinal, étudia au Collège Romain et fit les premiers vœux en 1580.

Pendant ses études, il fut aussi tuteur au Collège anglais de Rome, récemment ouvert par les Jésuites.

Il acheva son noviciat à Tournai, revint à Rome, et fut ordonné prêtre en 1584.

Finalement, sur son insistance, il rentra en Angleterre dans la clandestinité, bien conscient du danger auquel il s’exposait, car une loi punissait de mort tout prêtre rentrant sur le territoire pendant plus de quarante jours.

Il débarqua donc à Folkestone en juillet 1586, accompagné de Henry Garnet. Ce dernier venait remplacer le supérieur local, William Weston, récemment arrêté. 

Robert logea chez Lord Vaux de Harrowden, et prit le nom de Cotton (c’était le nom de l’aumônier d’Henri IV, roi de France). A Londres même, Robert exercera un apostolat fécond : il parcourut les rues de Londres, pénétra dans les prisons, se cachant sous un déguisement et passant sans cesse d’une maison à l’autre.

Il devint chapelain de la Comtesse d’Arundel, épouse de Philip Howard, emprisonné à la Tour de Londres (v. 19 octobre). Il lui écrivit des élégies et des méditations sur la mort et sur l’amour de Dieu. Ses poèmes furent diffusés sous le manteau. Les imprimeurs les reproduisirent : ils auront une grosse influence sur la littérature anglaise, sur Shakespeare en particulier, et la St. Peter’s Complaint, de cent trente-deux strophes de six vers, a été imitée dans les célèbres Larmes de Saint Pierre, de Luigi Tansillo, admirablement mises en musique par Roland de Lassus.

Pendant six années, le père Robert accomplit avec zèle son devoir pastoral ; sa personnalité ne pouvait plus passer inaperçue et il devint une légende vivante. On le recherchait activement.

C’est en juin 1592 qu’il fut arrêté à Uxendon Hall (Harrow), par la trahison de la fille du propriétaire de la maison où il se trouvait alors. Le chasseur de prêtres Topcliffe exultait en informant la reine de sa prise. Il soumit Southwell à d’atroces cruautés, qui n’affaiblirent pas le courage du prêtre. Treize fois, et sur ordre de la Reine, il fut soumis à interrogatoire sous torture par des membres du Conseil et passa le reste du temps dans un cachot rempli de vermine. Il fut tellement torturé que son père intervint auprès de la reine, demandant que son fils fût immédiatement jugé (et éventuellement condamné et exécuté) ou que ses conditions de vie fussent améliorées.

Jamais il ne livra les noms de ses «complices». Transféré à Newgate, il admettra être prêtre, n’avoir jamais songé à organiser un complot ni à y participer, et être revenu dans son pays pour administrer les sacrements de la religion catholique. 

Après trois années, il fut jugé au tribunal, condamné pour haute trahison à être pendu, éviscéré et écartelé.

Au pied du gibet, il fit le signe de la croix, récita un passage de l’épître de saint Paul aux Romains, confirma être prêtre et jésuite, et pria pour la Reine et son pays.

Au moment où l’on retira la charrette qui le portait, il répéta le verset du psaume 30 : In manus tuas, Domine, commendo spiritum meum (Entre tes mains, Seigneur, je remets mon esprit). Il avait à peine plus de trente-trois ans : c’était le 21 février 1595.

Quand sa tête fut brandie, personne n’osa crier «Traître», comme cela se faisait d’habitude.

Robert Southwell fait partie des quarante Martyrs anglais et gallois béatifiés en 1929 et canonisés en 1970.

Le miracle retenu pour la canonisation, advint par l’intercession de Cuthbert Mayne et de ses Compagnons en 1962 : un malade fut guéri instantanément et de façon stable d’un sarcome à l’épaule.

 

 

Balthasar, Antonius et Ignatius Uchibori

 † 1627

 

Ces trois frères étaient les fils de Paulus Uchibori Sakuemon, tous trois nés à Fukae (Nagasaki, Japon).

Avant que leur père subît le martyre le 28 février 1627, ils furent tous les trois exécutés le 21 février à Shimabara (Nagasaki).

L’aîné, Balthasar, pouvait avoir une vingtaine d’années ; Antonius, né vers 1609, n’avait que dix-huit ans ; Ignatius, né vers 1622, en avait cinq.

Ces trois garçons furent béatifiés avec leur héroïque père dans un groupe de cent-quatre-vingt-huit Martyrs japonais, en 2008.

 

Voir aussi la notice Japonais Martyrs 1603-1639

Noël Pinot

1747-1794

 

C'est dans une famille très chrétienne que naquit notre Bienheureux : il était le seizième enfant de ces pieux parents d'Angers, René, tisserand, et Claude La Groix.

Une si belle famille n'est pas sans connaître des épreuves : le jour-même de sa naissance, le 19 décembre 1747, mourait à un peu plus d'un an celui qui l'avait précédé ; un autre était déjà mort huit ans plus tôt âgé de quelques jours ; deux mois après sa naissance, en février 1748, mourra une de ses sœurs à l'âge de douze ans, et bientôt aussi une autre sœur, à cinq ans et demi. La plus grande épreuve fut pourtant une autre mort : celle du papa de cette kyrielle de bambins, qui s'éteignit en 1756, à tout juste cinquante ans, suivi la même année par une autre de ses filles, qui n'avait que vingt-trois ans ; il ne restait à la maison pour travailler que leur adolescent de quatorze ans, Pierre. 

Cette famille connut cependant une grande joie : le fils aîné, René, sera ordonné prêtre quand Noël a à peine six ans, et finira ses jours comme chapelain à la cathédrale d'Angers en 1782. C'est lui qui enseigna les premiers rudiments du latin à son jeune frère, dès qu'il lui exprima son désir de devenir prêtre. Le collège où Noël fit ensuite toutes ses études est l'actuel Hôtel de Ville d'Angers. Il fera sa Philosophie dans le séminaire qui est maintenant l'Ecole des Beaux-Arts ; tandis que la chapelle de cette maison deviendra le temple protestant.

Bon élève, Noël ne put toutefois conquérir la maîtrise ès arts, ayant manqué un mois dans ses études philosophiques, ce que la rigueur du règlement ne supportait pas. Plus tard, déjà prêtre, il dut aller se rasseoir sur les bancs de l'Université pour suivre des "cours de rattrapage", dont il n'avait pas vraiment besoin, et qui ne lui valurent pas davantage cette maîtrise, mais seulement une attestation. Humblement, Noël s'en passa, pour le moment.

Il fréquentera tout de même le Grand Séminaire, qui abrite aujourd'hui le Musée et la Bibliothèque municipale. C'est en 1767, à l'âge de trente ans, qu'il reçut la tonsure et ce qu'on appelait les quatre "ordres mineurs" (portier, acolyte, lecteur, exorciste), dont on n'a gardé aujourd'hui que ceux d'acolyte et de lecteur. Il reçut le sous-diaconat sans doute en 1769, puis le diaconat et la prêtrise en 1770 - il avait trente-trois ans. A sa première messe l'assistait son aîné déjà prêtre, en présence de leur chère maman, déjà chargée d'épreuves, mais si heureuse en ce jour béni.

On ne manquait pas de prêtres, à cette époque, au point que "Révérend Noël Pinot" attendit un an que se libérât un poste : le 21 janvier 1772, il est vicaire dans l'archiprêtré de La Flèche, une date qui restera malheureusement funeste pour la France, onze ans plus tard, quand son roi tombera sous la haine des révolutionnaires, en 1793.

Cette humble paroisse de Bousse passera plus tard au diocèse du Mans. Comme son curé mourra bientôt, Révérend Pinot signera humblement "pro-curé" ou "desservant". Puis il sera nommé dans la petite paroisse de Coutures près de Saumur, où à la charge de vicaire il devrait aussi ajouter celle de prêtre instituteur à l'école de garçons. Après deux années, il passera - toujours vicaire - à Saint-Germain de Corzé, proche d'Angers, pour cinq années environ, où il gagna l'entière bienveillance de son curé. Puis ce fut l'aumônerie des Incurables à Angers-même, sa ville natale.

Il était à peine de retour à Angers, près de son frère aîné qui venait d'être nommé chapelain à la cathédrale, que moururent presque coup sur coup sa sœur et marraine, ainsi que sa chère et vénérable maman. 

De son apostolat auprès de ces pauvres malheureux des Incurables, un de ses condisciples de séminaire dit : "Ce saint ecclésiastique était connu pour tel de toute la ville qui l'avait vu naître. Noël Pinot restera plus de sept ans à ce poste. Au début il s'y adonna corps et âme puis, quand il eut acquis une certaine habitude, il put prendre un peu de temps pour se préparer à son fameux diplôme de Maître ès arts, qu'il reçut en effet en 1788 - il avait quarante ans !

Très peu après il est nommé à la cure du Louroux-Béconnais, dédiée au saint évêque Aubin : ce Saint fut évêque d'Angers au Ve siècle, après avoir été abbé à Tintillant ; il lutta énergiquement contre les mariages incestueux ; on le fête le 1er mars. C'est donc sous ce patronage que Noël Pinot s'installa dans sa cure le jour de la Sainte Croix, le 14 septembre 1788, justement un dimanche cette année-là.

A l'époque, cette paroisse était la plus vaste de l'Anjou, avec ses sept mille hectares, où les pauvres paysans ne cultivaient qu'un peu de seigle ; il y a là beaucoup de mendiants, que Noël s'ingénie à soulager de toutes ses forces et avec tous ses moyens. Fils de tisserand, il fait confectionner des vêtements, il les distribue, il se prive lui-même de l'essentiel, au point que sa fidèle servante lui soustrait quelques pièces de tissus pour pouvoir lui donner au moins le nécessaire.

Maitre Pinot s'employa à pacifier ses ouailles contre les incursions très fréquentes des gabelous dans cette région : ces derniers étaient impitoyables dans leur travail, et les paysans les avaient en haine ; nombreuses étaient les colères et les rancunes ! Mais le curé s'employa tout spécialement à développer la dévotion au Sacré-Cœur et celle du Rosaire.

Puis les événements se précipitent ; les Etats Généraux sont convoqués, les élections des représentants échauffent les esprits. En août 1789, le clergé est spolié de ses biens ; on redessine la carte administrative de la France ; on modifie tous les noms de lieux trop marqués par des héritages féodaux ou chrétiens. On remarquera que la paroisse du Louroux ne change pas son nom, car les législateurs ignorent bien évidemment que ce nom de localité vient du latin oratorium !

Peu à peu, les choses se précisent, et pas dans le sens de la pacification : Noël Pinot remarque de plus en plus que la division gagne ses Confrères, les uns étant pour accepter la Constitution civile du Clergé, les autres pour s'y opposer fermement. Le dimanche 23 janvier 1791, sommé par le maire de prêter serment, après la messe, il s'y refuse énergiquement, tandis que son vicaire se laisse fléchir.

Le dimanche 27 février, au terme de la messe, il monte en chaire tout habillé, avec son aube et son étole, et explique doucement mais fermement à tous ses paroissiens les raisons bien arrêtées de son refus de tout compromis avec la Constitution civile du Clergé ; il est désormais un "réfractaire" de premier plan. Il s'est déjà mérité les qualificatifs insolents de scélérat, fanatique, perturbateur du repos public, homme à craindre, incendiaire, égorgeur.

Prévoyant la suite logique de son attitude, il propose à ses petits servants de messe de se confesser, car "voici de mauvais jours qui viennent sur (eux)", et il prépare en particulier le plus mûr d'entre eux à faire sa première communion dès le lendemain, bien qu'il n'eût que neuf ans, âge précoce à cette époque pour recevoir ce Sacrement.

Dès le samedi 5 mars, on vient l'arrêter. Il propose d'abord l'hospitalité, le vivre et le couvert, à cette troupe, qui accepte sans vergogne. Au petit matin, tous partent pour Angers, où Noël Pinot a l'honneur d'être le premier prêtre arrêté de cette sinistre période.

Un premier jugement le condamne à être éloigné de sa paroisse pendant deux ans. Mais en attendant un second jugement, il est enfermé dans le château, réquisitionné pour l'occasion, de la Maréchale d'Aubeterre à Beaupréau, dans lequel il est en fait traité avec les meilleurs égards par les propriétaires et les habitants ; bien que privé de l'Eucharistie et de la Messe, il goûtera là quelques moments de repos, de détente, bien nécessaires après tant de labeurs, et avant son épreuve finale.

Nous arrivons au printemps 1791 ; le pape Pie VI condamne la Constitution civile du clergé, ce qui donne grande satisfaction à Noël Pinot, car il se voit conforté dans sa position, tandis que certains Confrères comprennent leur tort et viennent à résipiscence. Sur place, un deuxième jugement confirme le premier et libère Noël tout en lui interdisant tout contact avec sa paroisse : une "liberté conditionnelle", en quelque sorte.

Profitant de cette semi-liberté, Noël Pinot va se réfugier ici et là, espérant pouvoir reprendre quelque activité pastorale au service des populations privées de prêtres. Mais il est vite repéré, et poursuivi. Bientôt il devra abandonner sa soutane pour vêtir des habits de simple paysan - mais il conservera toujours autour des reins un cilice. Pendant vingt mois, il passera d'une maison à l'autre, célébrant ici, enseignant là, confessant, assistant du mieux qu'il pouvait tous ces gens qui voulaient rester fidèles à l'Eglise et à Dieu. Il ira jusque dans des localités du diocèse de La Rochelle !

En 1792, près de trois cents prêtres du diocèse, trompés par de fausses promesses, seront en fait incarcérés, puis transportés à Nantes pour être exilés en Espagne. La "guerre de Vendée" commence dans la région de Beaupréau, où se cache en ce moment Noël Pinot. Répétant l'odysssée des Macchabées, l'armée chrétienne de Vendée conquiert maintes localités, réclame ses pasteurs légitimes : Noël Pinot regagne sa paroisse du Louroux et y célèbre même une messe solennelle - la dernière cependant, car l'armée vendéenne est défaite devant Nantes, et la Terreur va exercer sa terrible revanche : des prêtres sont arrêtés et exécutés, quelques-uns guillotinés à Angers, plusieurs dizaines d'autres noyés dans les eaux glaciales de la Loire. Noël Pinot attend son tour, calmement, bravant tous les dangers quand il sort de sa cachette, échappant d'extrême justesse à mille perquisitions… jusqu'au jour de cette suprême dénonciation de février 1794, œuvre d'un ancien paroissien qu'il avait autrefois généreusement aidé.                                                                                                                                                                            

Noël Pinot ne fut pas moins mal traité que Notre Seigneur à partir de son arrestation : ligoté, jusqu'au sang, insulté, marchant dans des endroits bourbeux, conduit à pied jusqu'à Angers, battu, frappé, privé de lumière et de nourriture, il sera interrogé et condamné par un ancien confrère ; c'est même ce dernier qui lui proposera, par cynisme ou par fausse compassion, de mourir revêtu des ornements sacerdotaux, confisqués lors de son arrestation, à quoi Noël répondit : "Oui, ce sera pour moi une grande satisfaction".

Le cortège qui l'emmena au lieu d'exécution fit un détours pour que Noël subît davantage d'insultes. Lui était recueilli et calme, comme son divin Maître, en ce vendredi, à quinze heures. La guillotine était installée à l'endroit même du maître autel de l'église Saint-Pierre, complètement démolie depuis quelque temps.

Immolé en ce vendredi 21 février 1794, Noël Pinot fut jeté dans la fosse commune, ayant reçu encore d'autres insultes par les hommes chargés de la besogne. Puis les autorités recherchèrent et conduisirent à la mort tous les "suspects" qui auraient aidé Noël Pinot durant sa "cabale". A leur tour ils furent jetés dans cette fosse commune, dont on transporta ailleurs tous les restes, en les mélangeant sans trop de ménagement, de sorte qu'il fut impossible de retrouver le saint corps du prêtre martyr.

La cause de béatification fut ouverte officiellement en 1905, confirmée en 1919 ; en 1926, lors de la première célébration de la fête du Christ-Roi, Pie XI proclamait Bienheureux notre Martyr, dont le dies natalis est le 21 février.

 

 

Caterina Dominici

1829-1894

 

Née le 10 octobre 1829 à Borgo Salsasio (Carmagnola, Turin), dans une famille pleine d’affection, Caterina était la petite sœur de trois garçons, dont l’un deviendra prêtre.

Par malheur, le papa abandonna les siens en 1833, de sorte que la famille se resserra autour de l’oncle prêtre.

On imagine quel choc produisit cet événement sur le cœur d’une petite fille de quatre ans, mais elle fut bien dirigée et conseillée, et apprit à se confier entièrement à son Bon Papa céleste.

Elle apprit à dominer son caractère orgueilleux et indépendant, et devint celle qu’on connut désormais comme une jeune fille humble, simple, dévouée, qui savait chaque jour dire Oui à la grâce de Dieu.

A quinze ans, elle fit partie d’une confraternité chargée d’accompagner les enterrements.

A vingt-et-un ans, elle entra chez les Sœurs de la Providence, sous le nom de Maria Enrichetta (Marie Henriette), reçue par la fondatrice elle-même et prit l’habit en 1851. L’institut s’appela ensuite Sœurs de Sainte-Anne de la Providence, et tout récemment, simplement Sœurs de Sainte Anne (en abrégé : SSA).

C’était une belle œuvre, fondée par de pieux laïcs, marquis de Barolo : Carlo Tancredi Falletti et son épouse Giulia Colbert, qui reçurent l’approbation pontificale à peine douze ans après la fondation.

Partout où on l’envoya, Caterina sut se soumettre fidèlement à la volonté de Dieu, accomplissant toutes les plus petites actions avec grand amour. 

A Turin, elle fait la connaissance de Silvio Pellico ; en 1854, elle est envoyée à Castelfidardo (Lorette), où elle eut l’occasion de se dépenser aux côtés des malades du choléra.

En 1857, elle a la joie d’entrevoir le pape Pie IX en visite à Lorette ; en 1858, elle revient à Turin s’occuper des novices.

En 1861, à trente-deux ans déjà, elle est élue supérieure de la maison de Turin, et le restera pendant trente-trois ans, jusqu’à la mort. Sous son impulsion l’Institut se fortifia et essaima en Inde (1871).

Il y eut de petites «frictions» entre la Supérieure et la chère Fondatrice, qui n’était pas faite pour la vie religieuse, et continuait à vivre au milieu des Sœurs, mais sans participer aux exercices de la vie communautaire. Il fallut la délicatesse et la discrétion de Maria-Enrichetta pour surmonter ces incidents quotidiens.

Elle collabora avec saint Giovanni Bosco, lui proposant des suggestions pour sa Règle, et lui prêtera aussi des Sœurs.

Sa grande dévotion était la Sainte Trinité. Elle avait une entière confiance en la bonté de Dieu.

A la fin, elle souffrit d’un très douloureux cancer du sein, qu’elle supporta avec sérénité.

Ses dernières paroles furent : Je recommande l’humilité… et l’humilité. Elle mourut le 21 février 1894.

Elle fut béatifiée en 1978.

Le miracle retenu pour cette béatification fut la guérison instantanée et totale d’un enfant de quatre ans, malade d’une appendicite aiguë, avenue en 1947.

La congrégation compte plus de quatre-vingt maisons en Inde, et s’est aussi implantée au Cameroun, en Amérique latine (Mexique, Argentine, Brésil, Pérou), aux Etats-Unis et aux Philippines.

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