Jan Wojciech Balicki
1869-1948
Né à Staromieściu (Rzeszów, Pologne S, près des frontières slovaque et ukrainienne) le 25 janvier 1869, Jan Wojciech (Jean Adalbert) était le fils d’un grec catholique et d’une catholique romaine, nommée Catherine.
Cette région, la Galicie, faisait partie de l’empire austro-hongrois et était sous la protection de la Pologne.
D’après la loi, Jan aurait dû être baptisé selon le rite de son père, mais son père le fit baptiser dans le rite romain.
Il suivit ses études sacerdotales au séminaire de Przemysl et fut ordonné prêtre en 1892.
Comme vicaire à Polna, il se montra tout de suite ardent prédicateur et confesseur.
Il ouvrit une maison pour recueillir des femmes tombées dans la prostitution : cette maison dut être fermée lors de la Seconde Guerre mondiale, au moment de l’invasion soviétique.
Il vint à l’Université Grégorienne de Rome pour passer le doctorat en théologie, et voyagea à Paris et Fribourg. Après quoi il fut professeur de théologie dogmatique au séminaire.
La ville de Przemysl était alors peuplée de Polonais, de Ruthènes ukrainiens, de Juifs et d’Allemands. En 1915, la ville tomba ; il y eut beaucoup de morts et plus de cent-mille prisonniers. L’abbé Balicki s’efforça de maintenir son ministère de paix dans une fraternelle neutralité, rencontrant les uns et les autres dans un effort de réconciliation et de paix.
La ville fut le théâtre d’autres affrontements, reprise par les Autrichiens et les Allemands, puis par la Pologne et l’Ukraine, pour devenir finalement polonaise en 1921 (Traité de Riga). L’évêque était alors Jozef Sebastien Pelczar, qui mourut en 1924 (v. 28 mars).
De 1928 à 1934 Jan Balicki fut aussi recteur du séminaire, jusqu’au moment où sa santé l’obligea à cesser ses activités.
Il donna alors tout son temps au Sacrement de la Réconciliation. Un de ses dirigés fut Ladislas Findysz, futur bienheureux (v. 21 août).
En 1939 la région fut occupée par les Allemands (qui restèrent dans les faubourgs), puis par les Soviétiques (qui restèrent dans la vieille ville) ; le séminaire était en zone allemande, mais l’abbé Balicki avec l’évêque restèrent en zone soviétique, où arrivaient de nombreux Juifs, expulsés par les Allemands.
L’évêque et l’abbé Balicki, qui espéraient pouvoir passer plus facilement d’une zone à l’autre, furent assignés à résidence dans un autre bâtiment. Quand l’évêque protesta contre l’occupation de l’évêché par des femmes juives, il fut confiné dans une seule petite pièce.
Il y eut des massacres et du vandalisme contre toute la population polonaise. Plus de dix-mille Polonais moururent, toute l’élite intellectuelle fut décimée, toutes les personnalités furent soit emprisonnées soit exécutées sommairement.
En juin 1941, les Allemands occupèrent toute la ville. Il y eut encore des milliers de victimes.
A partir de 1942, des convois de Juifs furent dirigés vers Auschwitz et Belzec. Les protestations de l’abbé Balicki ne servirent à rien. Six-cents Polonais, qui avaient protégé des Juifs, subirent leur sort. Il y eut des exécutions publiques à partir de 1943.
En 1944, l’armée rouge chassa les Allemands. La ville avait perdu plus de la moitié de sa population. Plus de dix-sept mille Polonais et autant de Juifs avaient péri dans les combats successifs.
Les autorités soviétiques continuaient à brimer les Catholiques. L’abbé Balicki tomba malade en février 1948, et mourut à l’hôpital le mois suivant, le 15 mars 1948.
Dès 1975, Mgr Wojtiła, évêque de Cracovie et encore peu connu dans nos régions, intervenait à Rome pour ouvrir le procès de béatification de l’abbé Balicki. Devenu pape, il le béatifia en 2002.
Jan Balicki avait proposé une «montée» de sept degrés dans le progrès spirituel :
- avoir une approche sérieuse du sens de la vie ;
- se tenir prêt à se convertir par l’auto-critique ;
- avoir une confiance inaltérable en la prière ;
- cueillir les fruits de la joie de l’Esprit ;
- aimer la souffrance ;
- louer la Miséricorde divine ;
- s’amender sans cesse.
A l’occasion de la béatification, le pape lançait cet appel aux prêtres :
Le ministère de la miséricorde était la vie du bienheureux Jan Balicki. Comme le cœur du prêtre est toujours ouvert aux nécessiteux, son ministère de miséricorde allait vers les malades et les pauvres, mais s’est surtout exercé dans le ministère de la Réconciliation. Toujours avec patience et humilité, il chercha à ramener l’homme pécheur au trône de la grâce de Dieu.
Je vous exhorte, prêtres et séminaristes, n’oubliez pas que vous, les commissaires de la miséricorde de Dieu, vous avez une grande responsabilité. Rappelez-vous aussi la promesse que le Christ a faite à sainte Faustine : «Dis à mes prêtres que les pécheurs endurcis se repentiront en entendant leurs paroles, quand ils parleront de mon insondable miséricorde, de la pitié que j’ai pour eux dans mon cœur.»