Etienne de Muret
1046-1124
Etienne vit le jour en 1046 à Thiers (Puy-de-Dôme), fils du seigneur local, Etienne II, et de Candida.
En 1060, on le confia au doyen du Chapitre de Paris, Milon, qui devint plus tard archevêque de Benevento (Italie), ce qui explique comment Etienne se forma successivement à Paris et à Benevento. Certains ont dit que Milon l’ordonna diacre ; on verra par la suite qu’Etienne sera fidèle à la prière du Bréviaire ; en outre, on a conservé sa dalmatique, l’ornement liturgique particulier des diacres.
Etienne y entendit parler des ermites de Calabre (parmi lesquels les Chartreux de saint Bruno, v. 6 octobre) ; il se peut aussi qu’il les ait visités.
Vers 1074, il séjourna quelque temps à Rome et revint dans le Massif Central. Il y renonça à son héritage (sauf un simple anneau, dont on va parler plus bas), dit adieu à sa famille, et se retira dans la solitude.
Il se fixa finalement dans la forêt de Muret. Quelle règle suivit-il ? une vie toute de contemplation et de prière. Voici le texte de sa consécration personnelle :
Moi, Etienne, je renonce au démon et à toutes ses pompes ; je m’offre et me donne à Dieu, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, seul Dieu vrai et vivant en trois Personnes. O Dieu tout-puissant ! qui vivez éternellement et régnez seul en trois Personnes, je promets de vous servir en cet ermitage, en la foi catholique. En signe de quoi je pose cette écriture sur ma tête et mets cet anneau à mon doigt, afin qu’à l’heure de ma mort cette promesse solennelle me serve de défense contre mes ennemis.
Sainte Marie, Mère de Dieu, je recommande à votre Fils et à vous-même mon âme, mon corps et mes sens.
Après ces «fiançailles» spirituelles, Etienne s’enferma dans une étroite cellule, exposée à toutes les variations météorologiques, étouffante en été et glaciale en hiver ; il n’eut pour chemise qu’une cotte de mailles, dormait un peu sur un lit qui était plutôt un sépulcre de mort. Il priait le bréviaire, y ajoutait des psaumes tout au long de la journée, des louanges en l’honneur de la Sainte Trinité, de la Très Sainte Vierge, des prières pour les Défunts, toujours à genoux, tête découverte.
On a attribué à Etienne des miracles de son vivant. Il aurait ainsi guéri de sa paralysie un chevalier limousin.
Ceux qui vinrent le visiter, le trouvèrent toujours joyeux et aimable. Parmi ces visiteurs, furent deux cardinaux, dont l’un devait devenir le pape Innocent II, l’autre l’antipape Anaclet II ; Etienne leur expliqua ainsi son genre de vie : La grâce de Jésus-Christ nous a amenés dans ce désert pour y mener une vie de pauvreté et d’obéissance ; notre faiblesse ne nous permet pas d’atteindre à la perfection des ermites, nous tâchons d’imiter en quelque façon les frères, qui servent Dieu dans la Calabre, et nous attendrons la miséricorde de Jésus-Christ au jour de son jugement. On imagine l’heureux étonnement des deux prélats.
On aura noté le nous utilisé par Etienne ; ce n’était pas un nous de majesté, mais un nous collectif, car Etienne avait alors déjà quelques compagnons. Ceux-ci augmentèrent et formèrent l’Ordre de Grandmont.
Le pieux Fondateur tomba malade. Il rappela à ses compagnons : Si, aimant la pauvreté, vous vous attachez constamment à Dieu, sans jamais vous écarter du chemin de la vérité, sa providence aura soin de vous et vous donnera tout ce qu’elle jugera vous être avantageux.
Après cinq jours de maladie, Etienne entendit la Messe, reçut l’Onction des Malades et l’Eucharistie, et expira, le 8 février 1124, son dies natalis au Martyrologe.
Il est heureux et étonnant de savoir que parmi les autorités qui demandèrent la canonisation d’Eienne, se trouvait le roi d’Angleterre ; cela s’explique par le mariage de Mathilde avec Geoffroy Plantagenêt, parents du futur Henri II, roi d’Angleterre. C’est grâce à ce dernier que la communauté put construire un prieuré et une église au lieu-dit Grandmont. L’Ordre connut jusqu’à cent-soixante maisons à la fin du 13e siècle. Les bâtiments de Grandmont furent démolis à la Révolution.
Etienne fut canonisé en 1189.