Francisco Gargallo Gascón
1872-1936
Francisco vit le jour le 24 février 1872 à Castellote (Teruel, Espagne), de Manuel et Juana.
En 1889, il reçut l’habit des Mercédaires et fit la profession en 1890.
Après un court séjour à El Olivar, en raison de ses dispositions, il fut envoyé à Rome : il y fit la philosophie et la théologie à l’Université Grégorienne. On ne constate cependant pas qu’il y ait passé avec succès quelque licence, et l’on suppose que ce fut pour des motifs économiques.
Toujours à Rome, il fit la profession solennelle en 1894, et reçut le sacerdoce en 1896.
Dès 1902, il fut postulateur, procurateur et secrétaire général de son Ordre. C’est ainsi qu’il présenta en 1903 la cause de Natalie de Tolouse (†1355) ; en 1908, il obtint un Bref papal autorisant la dévotion spéciale des Sept samedis en l’honneur de Notre-Dame de la Merci ; en 1910, il géra l’érection d’une nouvelle maison à Fraga ; en 1912, il fit paraître le premier bulletin de l’Ordre.
Entre 1900 et 1927 il travailla à la publication des cérémonies liturgiques traditionnelles de l’Ordre.
Il fallut revenir au pays. En 1913, il fut maître des novices à El Olivar ; en 1915, il fut nommé prieur à Barcelone.
En 1920, le chapitre le nomma recteur du collège de Lleida. Il équipa la maison du téléphone, d’une machine à écrire, fit repeindre les murs, inaugura les leçons de catéchisme du dimanche soir, fonda l’Académie Marie-Corédemptrice, créa une revue, tout cela pour montrer l’importance de ce collège.
En 1923, il fut nommé supérieur de El Olivar, où il se dépensa aussi sans compter : liturgie, culture, plantations, oliviers, troupeaux, modernisation, assistance au clergé local…
En 1926, on lui confia l’ouverture d’une maison à Porto Rico. Malheureusement, cette mission fut un échec ; une tempête abattit les plantations et le père Francisco tomba malade. Il dut supporter une opération.
En 1929, il fut nommé de nouveau à El Olivar, se préoccupant de tout, sans jamais s’arrêter, cherchant toujours à améliorer la culture de la terre, en plus de la prière, de l’enseignement quotidien. Il allait jusqu’à se faire cordonnier pour les élèves.
Arrivèrent les jours sanglants de la révolution.
Le 25 juillet 1936, les Mercédaires fêtèrent saint Jacques à Crivillén ; le 1er août, le père Francisco fit une retraite avec les jeunes qui allaient recevoir l’habit. A El Olivar, on pria encore le chapelet : le 2 arrivèrent les bruits de la révolte rouge.
Le médecin vint suggérer aux Religieux d’évacuer la maison ; fraternellement, un des Religieux lui répondit : Adieu, mon fils, nous nous reverrons au Ciel.
La communauté se dispersa. Deux groupes partirent dès le 2 août au soir et le 3 au matin, pour Saragosse. Ceux qui restaient, le père Francisco et le père Manuel, des convers et des postulants, attendaient le retour de la voiture.
Ils passèrent la journée du 3 à prier, à cacher les objets de culte. La voiture n’arriva que vers une heure du matin, car les Rouges étaient déjà à Oliete, et on ne pouvait presque pas circuler. Les Religieux décidèrent de partir à pied, chargeant les chevaux avec ce qu’ils pouvaient emporter, et guidés par un berger.
Le 4, ils s’arrêtèrent dans les bois. On envoya deux des convers en reconnaissance vers Oliete. Comme ils ne revenaient pas, la nuit suivante on tenta d’aller au-devant d’eux : on découvrit leurs deux cadavres calcinés. La situation était claire.
Les survivants se préparèrent au martyre. Ils s’enfoncèrent dans la pinède, rejoignirent une maison d’amis qui leur donnèrent à manger quelque chose de chaud.
Le 6 août au matin, ils arrivèrent à La Codoñera ; on les guida vers Alcaine où, semblait-il, les Rouges n’étaient pas arrivés. De là, ils songeaient à gagner Muniesa, mais on le leur déconseilla. On leur proposait plutôt de passer la nuit sur place, mais les Religieux ne voulaient ni mettre en danger les familles, ni s’arrêter ; ils passèrent la nuit du 6 au 7 dans le bois.
Le 7, toujours convaincus que Muniesa était encore libre, ils se mirent en marche, dans l’espérance de célébrer la Messe à l’église, de communier pour le Premier vendredi du mois. Mais à huit heures du matin, leur tombèrent dessus les Rouges qui les fouillèrent de fond en comble. Les Religieux se présentèrent comme venant du couvent de El Olivar, s’offrirent d’eux-mêmes, demandant la liberté des jeunes qui étaient avec eux.
D’autres miliciens arrivèrent, dans un fracas d’insultes et de blasphèmes. Un chef désigna qui ferait partie du peloton.
Les Religieux entonnèrent le Te Deum. Un des jeunes postulants, qui restait avec les Pères, fut écarté au dernier moment. C’est lui qui put raconter tous ces détails plus tard.
Les Pères pardonnèrent aux bourreaux. Ils tombèrent sous les balles, criant encore Vive le Christ roi !
Le père Francisco et le père Manuel furent béatifiés en 2013.