Amancio Marín Mínguez
1908-1936
Il y a des Saints dont on dit parfois qu’ils n’ont rien fait de spécial, précisément parce qu’ils n’ont fait que de grandes choses pour Dieu, qui voit en profondeur ce que les hommes ne font qu’apercevoir de l’extérieur.
Amancio est de ceux-là.
Il naquit le 26 mars 1908 à Celada del Camino (Burgos, Espagne), de Miguel et María Candelas, qui le firent baptiser trois jours après. Il fut confirmé en 1910.
Ayant perçu l’appel de Dieu, il entra chez les Mercédaires à Lleida en 1921. Il fit le noviciat à San Ramón, où il reçut l’habit en 1923 et fit la profession en 1925.
Il montrait un grand intérêt à bien apprendre comment célébrer l’Office divin.
Il étudia la philosophie et la théologie à Poyo (Pontevedra), où il fit la profession solennelle en 1930. Il fut ordonné prêtre en 1931 à Tuy.
Comme beaucoup de Religieux, il fut envoyé en divers endroits : au couvent de Maiorque en 1932, à Lleida en 1933, à El Olivar en 1934 pour assister le curé de la paroisse d’Estercuel, à San Ramón en 1935, pour enseigner au collège.
Quand la révolution éclata en 1936, les Religieux durent laisser leur couvent au soir du 23 juillet. Amancio se réfugia chez un grand ami, le pharmacien de l’endroit, mais préféra repartir sans tarder, pour ne pas compromettre son ami et sa famille, et jugea opportun de rejoindre Burgos.
Un membre du comité de San Guim lui procura un passeport comme assistant de pharmacie, et le mit au train de Lleida, l’avertissant qu’il courait des risques à porter sous sa chemise un chapelet et des médailles. Mais il n’en fit rien. Quant à ce brave membre du comité, il fut dénoncé et mis en prison.
Amancio arriva à Lleida, y passa la nuit et continua son voyage. Le 25 juillet, il descendit à Binéfar et reçut l’hospitalité d’amis qu’il y connaissait. Voyant que sa présence provoquait des inquiétudes, il s’en alla ailleurs. A peine retiré dans sa chambre, il fut arrêté par des envoyés du Comité, qui l’avaient suivi dès son arrivée en gare. Ils l’emmenèrent au Comité, où il passa la nuit.
Le lendemain, ils revinrent fouiller chez les gens qui l’avaient reçu, puis conduisirent le Père à la mairie. Le chef lui proposa ciniquement : Si tu veux bien venir combattre avec nous, on te laisse en vie - Jamais je n’irai me battre pour les ennemis de mon Dieu, répondit-il.
L’après-midi, ils organisèrent dans les rues de Binéfar une procession burlesque, où la foule fut invitée à insulter le Religieux, lui sortir une quantité de calomnies et de sarcasmes vulgaires. On lui lia les mains derrière le dos et on lui accrocha dans les doigts des préservatifs. Amancio, quant à lui, gardait la tête basse, tranquille, silencieux.
A sept heures du soir, ils le conduisirent au cimetière. Amancio demanda cinq minutes : il fit le signe de la croix, se recueillit, bénit ses bourreaux et cria : Vive le Christ Roi ! Il tomba sous les balles.
Le chef en question, plus tard, révéla qu’il n’avait jamais vu quelqu’un de si détendu. Quelques secondes avant de l’abattre, il lui prit le pouls, qui était aussi régulier et normal que si rien ne se passait.
Un journal rouge de l’endroit écrivit le lendemain : A Binéfar, on a arrêté le fasciste Amancio Marín, qui avait trompé les Comités de San Guim et de Lleida. Ledit Amancio a été justicié.
On avait qualifié le père Amancio d’ordinaire : il n’avait apparemment rien fait de bien spécial, ce n’était pas un «grand» prédicateur, il n’a pas eu de charge particulière ; il fut vicaire de paroisse pendant un an et fit la classe aux gamins.
Amancio fut un vrai Religieux : obéissant, humble, pieux. Après cinq années de sacerdoce, il reçut la couronne du martyre à vingt-huit ans, le 26 juillet 1936, et fut béatifié en 2013.