Pierre de Tarentaise
1102-1174
Pierre naquit vers 1102 près de Vienne en Dauphiné, de parents humbles, pauvres en ressources matérielles, mais riches de vertus chrétiennes : la maison était un véritable hospice pour les étrangers et les pauvres, les religieux de passage, dont les récits et les exhortations étaient une excellente instruction pour les enfants.
Tout en gardant les troupeaux, Pierre cherchait à s’instruire. On remarqua sa mémoire prodigieuse quand il récita le psautier. Il transcrivit et apprit par-cœur le commentaire de saint Augustin sur les psaumes.
A vingt ans, il entra à la nouvelle abbaye cistercienne de Bonnevaux.
Dix ans plus tard, estimé pour ses dons et ses qualités, il fut chargé de fonder l’abbaye de Tamié. Dans ce lieu perdu, les moines vivaient tout juste de pain et eau, avec des herbes mal apprêtées ; mais ils recevaient les voyageurs, les pèlerins, les pauvres, leur procurant toute l’aide possible ; le comte de Savoie (Amédée III) fut un de ces hôtes ; Pierre les servait personnellement.
Les miracles commencèrent : Pierre multipliait le pain pour la communauté.
En 1138 (ou 1142 ?), Pierre dut, par obéissance à saint Bernard de Clairvaux, accepter l’évêché de Tarentaise. Il s’employa à remonter le niveau du clergé, installa des chanoines réguliers de Saint-Augustin à la cathédrale, visita et dota les églises de matériel liturgique, fonda des hospices pour les pauvres et les pèlerins. Dans ses déplacements, il restait humblement vêtu en religieux ; il se mortifiait, jeûnait, priait longuement.
Chaque année, au printemps, il organisait une distribution générale de soupe et de pain. Ce pain de mai dura jusqu’à la Révolution.
Sa bonté était désormais légendaire, on se pressait pour l’accoster ; il reçut ainsi trois étrangers qui venaient le remercier (!) de les avoir délivrés : ils expliquèrent que, prisonniers, ils s’étaient convertis à la lecture des vertus et des miracles de Pierre, et l’avaient invoqué ; Pierre leur était apparu, leur avait rompu les chaînes et les avait fait passer à travers les gardes.
Pierre décida d’échapper à cette notoriété et disparut : on le retrouva quand même au fond d’un couvent d’Allemagne, d’où on le tira pour combattre le schisme de Victor III, nommé par Frédéric Barberousse. Pierre fut presque le seul sujet de l’empire à se déclarer ouvertement pour le pape légitime, suivi par tout l’ordre cistercien. C’est pourquoi le pape Alexandre III l’invita à Rome : tout au long de son voyage, Pierre fut acclamé ; il guérit l’évêque de Bologne.
En 1170, le pape le chargea d’une mission de réconciliation entre les rois de France et d’Angleterre ; là encore, les miracles se multiplièrent sur son passage. Il ne cessait de consacrer des autels, de guérir des malades.
Arrivé à proximité de Bellevaux (Haute-Saône), la fatigue et la fièvre l’obligèrent à s’asseoir sur le bord de la route ; on vint l’aider à gagner l’abbaye, où il mourut le 8 mai 1174.
Les nombreux miracles de Pierre de Tarentaise continuèrent après sa mort, et il fut canonisé en 1191.
Pour une raison à présent inconnue, le Martyrologe mentionne saint Pierre de Tarentaise au 14 septembre.
La magnifique abbaye de Bonnevaux, qui reçut Pierre au début de sa vie religieuse, fut vendue vers 1830 comme carrière de pierres. Celle de Bellevaux, où il mourut, déclina beaucoup, se reprit, fut vendue en 1791, rachetée, restaurée, abandonnée ; c’est maintenant une demeure privée, classée aux monuments historiques. Les reliques de s. Pierre de Tarentaise devraient se trouver actuellement en la proche église de Cirey.