Theodoros de Stoudios
759-826
Il y avait à Constantinople une famille très unie dans la foi. Photinos et Theoktisti avaient trois garçons (Theodoros, Iosephos, Euthymios) et une fille. Signalons aussi que le frère de Theoktisti (Platon, v. 4 avril) était higoumène du monastère Saccoudion sur le mont Olympe en Bithynie.
En 781, les deux époux décidèrent d’entrer chacun dans un monastère, avec leurs enfants. Theoktisti prit sa fille dans un monastère de Constantinople ; Photinos et ses trois fils entrèrent au mont Olympe, où se trouvait déjà l’oncle Platon.
De Iosephos, il est question le 15 juillet.
Theodoros se fit remarquer par sa ferveur, son ardeur au travail manuel, ses talents d’administrateur aussi.
En 794, Platon s’associa Theodoros comme higoumène et le fit ordonner prêtre par le patriarche Tarasios (v. 18 février).
Theodoros était sans compromis, et exigeant. Il fit par exemple éliminer du monastère toutes les bêtes femelles, ainsi que les serviteurs qui s’en occupaient.
En 795 survint l’épisode du divorce et du remariage de l’empereur Constantin VI. Les moines du Saccoudion s’élevèrent d’une seule voix contre cette attitude, ce qui valut à Platon, Theodoros et Iosephos une première arrestation l’année suivante ; ils furent enfermés au fort des Cathares, puis déportés à Thessalonique (797). En août de la même année, l’impératrice Ireni les fit rappeler.
En 798, menacés par les Arabes, les moines vinrent se réfugier au monastère de Stoudios à Constantinople. Les moines qui s’y trouvaient avaient été exilés puis rappelés au cours de la lutte iconoclaste ; en se joignant à eux, Platon, Theodoros et Iosephos donnèrent une forte impulsion au monastère, qui abrita jusqu’à sept cents moines.
Théodore y établit la Règle de s.Basile, mais avec des adaptations rendues nécessaires. Il fit reposer l’ordre dans la communauté sur l’autorité de l’higoumène, assisté d’un conseil ; le pénitentiel fut très détaillé, les divers officiers du monastère eurent des attributions soigneusement déterminées ; les moines eurent une prédilection pour la copie des livres, réformant l’écriture grecque.
En 802, le monastère protesta contre le choix de Nikephoros comme successeur de Tarasios : il était laïque et proposé par l’empereur. Ce dernier mit en prison Theodoros pendant plus de trois semaines.
Peu après, on voulut ré-examiner la position du prêtre qui avait célébré le re-mariage de l’empereur Constantin VI ; les moines studites prirent le parti de la résistance passive : ils ne communiqueraient pas avec ce prêtre et se réservaient de s’exprimer ouvertement vis-à-vis de l’empereur et du patriarche quand l’occasion s’en présenterait.
En 808, Iosephos, évêque de Thessalonique depuis deux ans, dut rentrer au monastère de Stoudios. L’empereur, agacé par tous ces moines, fit occuper militairement le monastère, et mit en prison Platon, Theodoros et Iosephos. Puis il les relégua dans les îles des Princes, d’où Theodoros continua d’envoyer des lettres pour soutenir la résistance à l’empereur et au patriarche. Là-dessus, l’empereur fut battu et tué par les Bulgares (811) et son beau-frère Michel lui succéda. Michel adopta la position des moines studites, mais abdiqua dès 813. Alors le pouvoir passa à Léon l’Arménien, iconoclaste.
Theodoros ne se privait pas de rappeler hautement que l’empereur n’avait aucune compétence en matière religieuse. Quand le patriarche Nikephoros fut envoyé en exil (815), Theodoros assuma en quelque sorte la direction des iconophiles : il organisa une grande procession à l’intérieur du monastère, où chaque moine portait une icône. Theodoros fut arrêté, enfermé dans le fort de Metopa, transféré à Bonita (816), puis à Smyrne (819), dont l’évêque était malheureusement iconoclaste.
Theodoros entretint une abondante correspondance pour soutenir les moines tant byzantins que palestiniens, mais aussi avec le pape ; il espérait une intervention du l’empereur d’Occident, Louis le Pieux, qui cependant ne bougea pas. Theodoros portait aux décisions pontificales un intérêt exceptionnel, estimant que l’union avec le pape était la condition indispensable pour réaliser la catholicité de l’Eglise.
Durant son exil, il eut la tristesse d’apprendre la défaillance de plusieurs évêques, d’higoumènes, de quelques-uns de ses moines, le martyre et la déportation de plusieurs autres. Lui-même reçut cent coups de nerf de bœuf le 23 février 819, sur un ordre exprès de l’empereur qui avait eu connaissance d’une de ses lettres.
A Noël de 820, Léon l’Arménien fut assassiné, remplacé par Michel le Bègue qui proclama une amnistie. Theodoros put quitter Smyrne, et gagna Crescentios sur le bord du golfe de Nicomédie. Il préparait une apologie du culte des images, mais l’empereur fit volte face. Il prétendit convoquer un nouveau concile à Constantinople, où Theodoros proposa un recours au pape. L’empereur refusa, et rappela l’interdiction des images dans la ville : Theodoros dut quitter la capitale et revenir à Crescentios.
En 821, Michel le Bègue prétendit remplacer le patriarche Nikephoros, toujours exilé, par un évêque iconoclaste. Nouvelle protestation des moines de Stoudios.
Infatigable, Theodoros continuait de soutenir le culte des images ; maintenant, il soutenait aussi Nikephoros. En 823, il rejoignit le monastère Saint-Tryphon (presqu’île d’Akritas), puis celui de l’île de Prinkipo (archipel des îles des Princes).
En 824, Michel envoya une délégation auprès de Louis le Pieux et obtint une sentence un peu mitigée, à la fois contre les excès des iconoclastes et contre ceux des iconophiles. Mais le pape ne voulut y souscrire.
On peut comprendre combien la santé de Theodoros pouvait désormais être passablement ébranlée après tant de remous politiques et de luttes théologiques. Affaibli par tant de captivités, de tortures, de tristesses et d’une maladie d’estomac, il revint au mont Olympe.
Les premiers jours de novembre 826, il dicta encore une catéchèse ; le 6, il participa à l’Office ; le 7, il fit ses adieux aux moines.
Le dimanche 11 novembre 826, il pria les psaumes du jour, communia et reçut l’Onction des Malades ; il invita les moines à chanter les psaumes des défunts, et rendit l’esprit.
La lutte iconoclaste n’était pas terminée. Mais en 843, le nouveau patriarche présida la fête de l’Orthodoxie et, en janvier 844, présida la translation des reliques de Theodoros et de son frère Iosephos.
Theodoros s’était montré intransigeant et fidèle ; on a pu lui reprocher parfois une certaine insolence vis-à-vis du patriarche, mais dans cette période si troublée, Dieu permit qu’une voix s’élevât pour rappeler la règle d’or de la foi. Theodoros fut un réformateur de la vie monastique, un fidèle défenseur du culte des saintes images et de la morale, et aussi un poète chrétien.
Saint Theodoros de Stoudios (ou Studite) est commémoré le 11 novembre dans le Martyrologe Romain.