13 JANVIER
IV.
Ss Hermylius, diacre, et Stratonicus, son geôlier, martyrs à Singidunum.
Ste Glaphyre, vierge italienne, convoitée par l’empereur auquel elle échappa en se déguisant en homme pour fuir.
S Agrice (Agrœtius), évêque à Trèves.
S Léonce, évêque à Césarée de Cappadoce, surnommé “ange de la paix”.
S Hilaire, évêque à Poitiers, Docteur de l’Eglise ; il avait une fille lors de son baptême ; son épouse lui fut une sœur à partir de son sacre et ne le voyait qu’à l’autel ; adversaire des ariens (et exilé), auteur d’ouvrages importants, et maître de s. Martin.
S Vivence, ermite en Poitou ou sur l’île d’Olonne ; peut-être venu de Samarie.
VI.
S Remi, évêque à Reims ; il baptisa Clovis et son armée ; il aurait été évêque pendant soixante-dix ans environ ; depuis le VIe s. il est fêté en France le 1er octobre, jour de la translation de son corps.
S Verus, évêque à Vienne.
VII.
S Kentigern, abbé puis évêque à Glasgow, ami de s.Columba.
S Enogat, évêque à Aleth.
VIII.
S Pierre de Capitolias, syrien, père de trois enfants, et prêtre ; il provoqua tellement les arabes, qu’il mourut martyr, horriblement mutilé.
IX.
Ss Gumersindo, prêtre, et Servideo, moine, martyrs à Cordoue.
X.
B Bernon, fondateur d’abbayes : Baume-les-Messieurs, Gigny, Cluny…
XI.
B Hildemar, ermite dans la forêt d’Arrouaise, abattu par un faux clerc.
XII.
B Gottfried de Cappenberg, descendant de Charlemagne : il donna son château à s. Norbert, sa femme s’établit à Nider Clooster, son beau-frère fonda une abbaye à Ilbenstadt ; tous trois furent donc de l’ordre de Prémontré.
XIII.
Bse Yvette, flamande, veuve à dix-huit ans, mère de trois enfants dont un futur abbé à Orval ; elle s’occupa des lépreux et finit en recluse à Huy.
XV.
Bse Giovanna Negri (Veronica de Binasco), augustine à Milan, mystique.
XIX.
Ss Đaminh Phạm Trọng Khẚm, son fils Luc Phạm Trọng Thìn, et Giuse Phạm Trọng Tẚ, trois laïcs viet-namiens martyrs, canonisés en 1988 et fêtés le 24 novembre.
XX.
B Francesco Maria Greco (1857-1931), prêtre italien rempli de zèle, à Acri, fondateur des Petites Sœurs Ouvrières des Sacrés-Cœurs, béatifié en 2016.
Bses martyres près de Jaén :
Maria Francisca Espejo Martos (F. de l’Incarnation, 1873-1937), des Sœurs Trinitaires, béatifiée en 2007 ;
Francisca Inés de la Antigua Valverde González (Victoria, 1888-1937), des Filles de la Divine Bergère, béatifée en 2013.
B Emil Szramek (1887-1942), prêtre polonais, martyr à Dachau, béatifié en 1999.
Hermylius et Stratonicus de Singidunum
† 310
Ce qu’on peut retenir de sûr à propos de ces deux martyrs, est qu’Hermylius, diacre, et Stratonicus, son geôlier, furent martyrisés à Singidunum (Mésie, proche de l’actuelle Belgrade).
La légende la plus répandue de ces Saints place leur martyre sous Licinius, vers 310 (avec des variantes allant de 305 à 315).
Hermylius, diacre, fut arrêté pour sa foi ; il eut les joues déchirées et fut jeté en prison, où un ange vint le consoler.
Battu par six bourreaux, il pria Dieu et l’on entendit une voix du ciel qui lui annonçait la couronne du martyre dans trois jours.
Ce jour-là, il se mit à chanter le psaume Dominus illuminatio mea (Ps 26), qu’on chante souvent : Ma lumière et mon salut, c’est le Seigneur, repris par des voix célestes. Il ne cessait de chanter son bonheur.
Celui qui fut le plus frappé de la constance d’Hermylius, fut le geôlier lui-même, Stratonicus. Il confessa la foi chrétienne et subit le même sort qu’Hermylius. En prison, il entendit cette même voix qui leur annonçait leur prochaine victoire et leur couronne.
Après de nouveaux tourments, Hermylius et Stratonicus furent cousus dans un grand filet qu’on jeta dans le Danube.
Trois jours après, on retrouva les corps sur le bord du fleuve.
Saints Hermylius et Stratonicus sont commémorés le 13 janvier dans le Martyrologe Romain.
Hilaire de Poitiers
310-368
D’une famille noble et d’un père patricien, Hilarius naquit à Poitiers (ou à Cléré) vers 310. Il ne fut baptisé qu’adulte, déjà marié et père d’une fille nommée Abra.
Il était déjà apôtre par son exemple et ses enseignements, en famille ou parmi ses connaissances : il fut élu évêque de Poitiers vers 350.
Dès lors, lui et sa sainte épouse n’eurent de rapports que comme frère et sœur, ne se rencontrant qu’à l’autel.
C’est à cette époque que saint Martin vint s’installer près de Poitiers. Hilaire l’ordonna exorciste, car Martin refusait humblement d’être ordonné diacre (on sait qu’il fut plus tard consacré évêque de Tours).
Hilaire défendit âprement la doctrine trinitaire de l’Eglise ; il prit ouvertement la défense du grand saint Athanase d’Alexandrie (voir au 2 mai) et, pour ce motif, fut relégué en exil, pendant quatre années.
En Phrygie (actuelle Turquie) où il était exilé, Hilaire n’était pas inactif. Il put conserver des relations avec les prêtres de son diocèse poitevin, avec sa fille qui se consacra à Dieu.
Enfin délivré, il revint à Poitiers, triomphalement accueilli, et bientôt rejoint par Martin qui s’établit alors à Ligugé. Sa fille Abra mourut bientôt après (360).
Il reprit la lutte pour extirper les restes de l’arianisme, dont il délivra la Gaule entière. Ses miracles achevèrent de convaincre le peuple de sa sainteté. Il débarrassa l’île Gallinaire des serpents, prodige qui est à l’origine de l’attribut iconographique de saint Hilaire.
Hilaire écrivit beaucoup, en particulier durant son exil. On a de lui douze livres sur la Sainte Trinité, un commentaire sur s.Mathieu et les Psaumes, un livre sur la Foi des Orientaux, des lettres. Son style et sa doctrine firent l’admiration de saint Jérôme et même de l’historien oriental Sozomène.
Hilaire mourut le 13 janvier 368, jour où il est mentionné au Martyrologe et fêté liturgiquement.
Une partie de ses reliques furent profanées et incendiées par les Huguenots en 1562, une autre partie se trouverait sous le maître-autel de la cathédrale de Poitiers.
Remi de Reims
437-533
Pour une fois la vie d’un Saint ne commence pas à sa date de naissance. Un certain Montain, saint ermite aveugle (autrefois mentionné au 20 septembre dans le Martyrologe), avait annoncé aux pieux parents la naissance d’un garçon.
Remigius (Remi, sans accent sur le e, ainsi que le prononcent les Rémois), était fils d’Æmilius de Laon et de Cilinia (Céline). Cette Céline, de Reims, est différente de l’autre sainte du même nom, qui vivait à Meaux ; elles sont toutes deux fêtées le 21 octobre.
Remi, donc, serait né à Cerny-en-Laonnois (Laon, Aisne) vers 437. Peu après sa naissance, Montain put frotter ses yeux malades avec du lait de Céline, et recouvra la vue. Remi eut aussi un frère, Principius.
Remi fit d’excellentes études, si l’on en croit le bon style de ses écrits et surtout les compliments que lui en fait saint Sidoine Apollinaire (v. 21 août).
Il fut élu, à vingt-deux ans, évêque pour le siège de Reims, avant-même d’avoir reçu les ordres. Son frère Principius fut évêque de Soissons.
L’histoire du «vase de Soissons» soustrait par un soldat au mobilier sacré, date de l’époque de Remi, qui le fit réclamer.
Ce n’était pas le premier contact de Remi avec Clovis, mais les deux princes sont traditionnellement connus des Français pour le baptême que reçut Clovis des mains de saint Remi en la fête de Noël 496 (date qui pourrait être déplacée jusqu’à 506). C’est ce jour-là que Remi, au moment de baptiser Clovis, lui dit : Courbe doucement la tête, Sicambre, adore ce que tu as brûlé, et brûle ce que tu as adoré. Le terme de Sicambre, se voulait archaïque et littéraire.
En même temps que Clovis, furent baptisés trois mille soldats, mais aussi une sœur de Clovis, qui mourut peu après.
Il y eut un incident au moment de la cérémonie : on n’avait pas l’ampoule du Saint-Chrême, pour oindre le front de Clovis. Or, à ce moment-là, raconte Hincmar (qui fut évêque à Reims au 9e siècle), une colombe apparut tenant dans son bec une ampoule contenant l’Huile sainte. Cette ampoule servit par la suite au sacre de tous les rois de France, jusqu’à Louis XVI.
Saint Remi eut, d’après saint Grégoire de Tours, un épiscopat de soixante-dix ans (ou même plus) et serait donc mort à (au moins) quatre-vingt douze ans, peut-être quatre-vingt seize.
Il y a à Reims une basilique de Saint-Remi, anciennement église Saint-Christophe, où les reliques de Remi furent vénérées jusqu’à la Révolution.
Remi mourut le 13 janvier 533 ; c’est son dies natalis, tel que mentionné dans le Martyrologe. A Reims, saint Remi est fêté le 1er octobre, jour anniversaire d’une translation.
Il est un des Patrons célestes de la France catholique, avec saint Denis, saint Martin, sainte Jeanne d’Arc et sainte Thérèse de Lisieux.
Kentigern de Glasgow
518-603
Kentigern s’appelait en gallois Cyndeyrn Garthwys. Sa naissance vers 518 fut des plus mouvementée.
Sa mère, Teneu, fille du roi Lleuddun (Leudonus), qui voulait garder sa virginité, avait refusé d’épouser un certain Owain mab Urien, breton qui l’avait demandée en mariage ; mécontent, Lleuddun l’enferma sous surveillance de son fermier, un chrétien. Mais le Breton retrouva la cachette et sut abuser de la pauvre femme. Apprenant qu’elle était enceinte, le roi Lleuddun voulut la faire mourir et l’abandonna sur un bateau sans voile, qui cependant fut poussé par les vents sur la rive opposée de la rivière Firth, à Culross, où naquit l’enfant.
L’évêque de l’endroit, s. Serf (v. 1er juillet) les prit sous sa protection. Il baptisa Kentigern et s’occupa de son éducation ; il fut pris pour lui d’une telle affection paternelle, qu’il l’appela Mungo, «bien-aimé», surnom par lequel on désigne souvent Kentigern.
A vingt-cinq ans, Kentigern commença son activité proprement apostolique. Il se fixa dans la région de l’actuelle Glasgow, où il vécut d’abord en ermite, puis avec ceux qui se joignirent à lui dans la vie cénobitique. Bientôt il fut appelé à être sacré évêque pour le nouveau diocèse de Glasgow.
Le territoire à évangéliser était très vaste. Kentigern le parcourut en tous sens, à pied, provoquant beaucoup de conversions parmi les païens, encore nombreux, qui y vivaient. Il s’efforçait de combattre l’erreur du pélagianisme menaçant. Lui-même vivait dans une profonde piété et austérité : il priait chaque jour le psautier, ne mangeait jamais de viande, et jeûnait très souvent. Il forma ainsi des disciples qui partirent évangéliser le nord de l’Ecosse, l’Islande et la Norvège.
Des luttes entre petits seigneurs obligèrent Kentigern à se réfugier au Pays de Galles. Il y fonda un monastère, Llan-Elwy, dont l’école devint célèbre et qui plus tard prit le nom de Saint-Asaph, du nom du disciple (v. 1er mai) que laissa Kentigern quand il put regagner son diocèse.
Il commença par regagner à la foi les Pictes qui étaient retombés dans le paganisme.
Désormais Glasgow devait devenir le grand centre du christianisme en Ecosse. De cette époque datent des consécrations d’églises, comme à Aberdeen.
Kentigern y reçut la visite de saint Columba (v. 9 juin), lors d’une rencontre historique où tous les moines qui accompagnaient Columba échangèrent de solennels alléluia avec ceux de Kentigern et où l’évêque et l’abbé se lièrent d’une profonde amitié.
Un récit prodigieux illustre la vie de Kentigern, que certains historiens essaient d’expurger de ses détails apparemment légendaires. Le voici.
L’épouse du roi Rydderch avait cédé à l’adultère et était allée jusqu’à donner son anneau à l’amant. Or le roi reconnut cet anneau au doigt de l’homme ; il jeta l’anneau dans la rivière et décida de mettre à mort l’épouse infidèle. Celle-ci alla implorer la protection de Kentigern, lequel, précisément, avait retrouvé la bague dans le ventre d’un saumon, et le remit à la reine. Celle-ci put le montrer à son mari, et échapper à la mort. Reconnaissante, elle avoua son péché à l’évêque, qui lui imposa une pénitence sévère. Les images de Kentigern le représentent avec cet anneau et le saumon.
Kentigern mourut le 13 janvier 603, à quatre-vint cinq ans.
Il est maintenant mentionné au Martyrologe Romain, le 13 janvier.
Pierre de Capitolias
† 713
La ville de Capitolias se trouvait au sud-est du lac de Tibériade ; elle fut le siège d’un évêché qui disparut lors de l’invasion arabe en 636.
Pierre s’y était marié et avait un fils et deux filles. Dans le droit oriental, il lui était permis d’être prêtre.
Vers l’âge de trente ans, en accord avec son épouse qui se retira elle aussi, il voulut vivre dans le détachement le plus complet possible. Il plaça ses deux filles (la plus jeune n’avait que deux ans) dans un couvent proche de Capitolias. Quant à son fils, dès qu’il eut douze ans, il l’enferma dans une jolie cellule près de la sienne et s’occupa de sa formation à la vie spirituelle. Il continuait cependant à sortir pour pratiquer de bonnes œuvres et s’enquérir des progrès spirituels de ses filles.
Après dix années de cette vie familiale un peu étrange, avouons-le, l’épouse mourut, ainsi que l’aînée des filles, victime de ses trop grandes austérités.
Parvenu à l’âge de soixante ans, Pierre désirait profondément la grâce du martyre et imagina un stratagème. Il était bien malade et alité ; il fit convoquer des magistrats musulmans près de son lit, comme témoins du testament qu’il aurait dicté en faveur de son domestique.
En réalité, devant les notables rassemblés, Pierre déclama haut et fort sa profession de foi catholique. On le dénonça sans attendre. Or la fausse nouvelle de sa mort fit suspendre cette dénonciation, qu’on jugeait désormais inutile.
Mais Pierre se remit de sa maladie et alla prêcher par les rues et les places. Il fut arrêté. Informé, le calife convoqua Pierre à sa résidence de Daïr Murran. Il y fut le 1er janvier 713.
Le calife lui demanda pourquoi il traitait le prophète pacifique Mahomet, maître d’erreur et père du mensonge. Pierre répondit par une sortie sans aucune équivoque.
Il fut condamné à être torturé et exécuté. La torture se prolongerait sur cinq jours : le premier jour, on lui couperait la langue jusqu’à la racine ; le deuxième, la main et le pied droits ; le troisième, il souffrirait en prison ; le quatrième, on lui couperait la main et le pied gauches, on lui brûlerait les yeux au fer rouge et on le promènerait sur un brancard pour aller le crucifier ; le cinquième jour, le corps, les vêtements, la croix, tout serait brûlé pour éviter toute relique, et jeté dans le Yarmouk ; le four serait lavé et l’eau versée dans une fosse desséchée.
Les choses se passèrent à peu près selon les dispositions du calife, à cette différence près que le bourreau trancha la main droite et le pied gauche au deuxième jour. La foule fut rassemblée et les enfants de Pierre sortirent de leur cellule pour assister à la mort de leur père. Le dimanche 13 janvier 713, Pierre eut les yeux brûlés, on le transporta - car il ne pouvait plus marcher - au lieu prévu pour la crucifixion où il fut transpercé de trois coups de lances.
Les soldats gardèrent le corps pendant cinq jours, par un froid si intense qu’ils durent allumer un grand feu et que les chrétiens furent obligés de se réfugier dans des maisons voisines. Le commandant arabe refusa l’aide des fidèles qui voulaient porter le cadavre et réquisitionna des Juifs pour brûler et disperser les restes du martyr comme on le lui avait prescrit.
Saint Pierre de Capitolias, martyr, est mentionné au 13 janvier dans le Martyrologe Romain.
Gumersindo de Cordoue
† 852
Originaire de Tolède, Gumersindo (ou Gómez) accompagna encore jeune ses parents à Tolède.
Entré dans la cléricature, il fut ordonné diacre, puis prêtre, et eut la charge d’une église dans le voisinage de Cordoue.
Dans cette ville régnait le calife Abderramán II, qui avait statué que tout Musulman pouvait tuer, sans autre forme, n’importe quel Chrétien qui aurait mal parlé de Mahomet.
Un jour que Gumersindo était venu à Cordoue, en compagnie du moine Serdeo (ou Servideo, Servus Dei), ils furent dénoncés et immédiatement décapités. Il ne semble pas qu’ils eussent seulement eu le temps de prononcer une parole blessante contre le Fondateur de l’Islam.
Ce Servideo n’est pas celui qu’on a nommé Servodeo au 16 septembre, martyr avec s. Rogelio.
Saint Gumersindo et saint Serdeo furent martyrisés le 13 janvier 852, ainsi que l’a rapporté saint Euloge de Cordoue (v. 11 mars). Ils sont commémorés ensemble en ce jour au Martyrologe Romain.
Servideo de Cordoue
† 852
Voir la notice Gumersindo de Cordoue, au même jour.
Gottfried de Cappenberg
1097-1127
Gottfried naquit en 1097 à Cappenberg (Westphalie, Allemagne W), descendant de Charlemagne par son père, Gottfried 1er, et des ducs de Souabe, par sa mère Beatrix. Il avait un jeune frère, Otto, qu’on va retrouver bientôt, et deux sœurs : Gerberga et Beatrix. La fortune des héritiers était immense.
Le château de Gottfried fut une école de modestie, de justice et de vertu. D’un caractère doux, d’une bonté sans bornes, le jeune prince montrait la prudence d’un vieillard. Un de ses désirs était de transformer son château en un véritable monastère.
En 1120, notre héros épousa Jutta de Werl, fille de Friedrich d’Arnsberg ; si l’union était heureuse, il y eut cependant un dissentiment par le fait que ni Jutta ni Otto, plus mondains que Gottfried, n’étaient favorables à cette transformation et s’efforçaient de détourner Gottfried de la vie religieuse. Mais on va voir que la patience de Gottfried fut gagnante.
Dans le cadre de la fameuse Querelle des investitures, Gottfried appuya d’emblée l’évêque de Münster, fidèle au pape, contre le duc Lothar. Quand Münster fut attaquée, la cathédrale brûla : l’incendie fut attribué à Gottfried, qui fut accusé de trahison par l’empereur. La situation pouvait s’envenimer gravement, mais c’est alors que Gottfried et son frère Otto rencontrèrent saint Norbert (v. 6 juin) et lui remirent leurs possessions : désormais, ces terres et leurs propriétaires étaient sous la protection de l’Eglise, Cappenberg allait devenir un grand monastère prémontré.
Ainsi, en 1022, Gottfried remit à saint Norbert les clefs de son domaine, qui fut béni par l’évêque de Münster. Gottfried voulait porter l’habit prémontré, mais saint Norbert lui conseilla prudemment de patienter un peu. En 1024, Gottfried reçut la tonsure monacale et l’habit de l’Ordre.
Il y eut bientôt une belle église, un hôpital, puis un couvent pour moniales à Nider Clooster (plus tard Wesel), où Jutta fut une des premières à prendre le voile, puis un autre encore à Varlar, où entra Otto, et un quatrième enfin à Ilbenstadt.
Le père de Jutta se dressa en travers des saints projets de Gottfried, et même avec les armes, mais Dieu permit qu’il mourût bientôt (1024). Quant à Jutta, elle comprit qu’elle n’était peut-être pas faite pour la vie monacale et quitta le cloître.
Gottfried, grand prince, se montra le plus humble des religieux, visitant les malades, balayant, lavant les assiettes. On dit que ses mortifications étaient effrayantes.
Saint Norbert voulait l’ordonner prêtre, en tout cas l’avoir près de lui. Mais Gottfried obtint de se retirer humblement dans le monastère d’Ilbenstadt, et c’est là qu’il mourut, très jeune encore, le 13 janvier 1127.
Gottfried n’a été «canonisé» que dans son Ordre Prémontré ; il est mentionné dans le Martyrologe Romain au 13 janvier.
Ajoutons un mot sur son frère Otto : entré dans l’Ordre, il fut prieur à Cappenberg pendant seize ans. Ardent propagateur du culte marial et très dévôt de l’apôtre saint Jean, il mourut saintement le 27 janvier 1172 et fut «béatifié» seulement dans son Ordre.
Yvette
1158-1228
On écrit Yvette, mais aussi Ivette, Juette, Jutte, selon qu’on a interverti les I et les J, les U et les V.
Yvette naquit à Huy (Liège, actuelle Belgique) en 1158, dans une famille bourgeoise ; son père administrait les domaines de l’évêque.
Selon une coutume d’alors, on la donna en mariage à treize ans à Henri de Stenay, d’une autre grande famille bourgeoise de l’endroit. Ce n’était pas du tout le désir profond d’Yvette, qui préférait se consacrer totalement à Dieu.
Elle entoura quand même son mari de toutes ses attentions et elle en eut trois enfants : le premier mourut en bas âge ; le deuxième entrera chez les Cisterciens d’Orval (un monastère toujours florissant) et deviendra abbé ; le troisième, après une vie passablement désordonnée, se convertira et entrera à son tour chez les Cisterciens des Trois-Fontaines (dans la Marne, un monastère actuellement en ruines et classé monument historique).
Yvette eut ces enfants durant les cinq années que dura son mariage. Elle devint en effet veuve à dix-huit ans et imposa à son père de renoncer à la remarier. Elle entra dans une pieuse union, l’Ordre des Veuves, et ouvrit sa maison aux pauvres et aux pèlerins, tout en s’occupant de ses garçons.
A vingt-quatre ans, elle commença une activité au service des lépreux, à Statte, non loin de Huy. Pendant dix ans elle ira entourer ces pauvres exclus, les soignant, les soulageant moralement, les chargeant d’affection maternelle. En plus, elle distribua ses biens, contrariant là encore son père qui, décidément, n’acceptait pas le choix de sa fille.
A trente-quatre ans enfin, Yvette passa de l’état de Marthe à l’état de Marie : elle se fit recluse dans une cellule attenante à la chapelle de la léproserie, d’où elle ne sortira plus. Elle priait, elle recevait et conseillait, elle devint l’ange gardien de Huy.
Elle eut la consolation d’obtenir par ses prières la conversion de son père et de son deuxième fils. Son père, désormais veuf à son tour, entra chez les Cisterciens à Villiers-en-Brabant (Belgique wallonne, autre monastère en ruines actuellement).
Yvette reçut des dons mystiques particuliers : elle lisait dans les consciences. Si elle put ainsi guider beaucoup d’âmes vers la Vérité, elle suscita aussi, comme au temps de Notre-Seigneur, des jalousies, en disant tout haut ce que certains voulaient garder secret.
Elle reçut beaucoup d’aumônes, avec lesquelles elle fit construire un hôpital pour ses lépreux, avec une église.
Finalement ce fut une petite communauté qui vécut autour d’elles, sa sainteté ayant attiré d’autres jeunes filles.
Yvette mourut le 13 janvier 1228 : elle avait soixante-dix ans, dont trente-sept passés en réclusion.
Les Cisterciens lui ont donné depuis longtemps le titre de Bienheureuse, mais actuellement il semble qu’on parle toujours de Sainte Yvette.
C’est à un contemporain, le chanoine Hugues de Floreffe (Namur), que nous devons ces détails sur sainte Yvette.
Giovanna Negri de Binasco
1445-1497
Giovanna Negri naquit vers 1445 à Binasco (Milan, Italie N), de parents si pauvres qu’elle ne put fréquenter l’école, devant travailler avec ses parents pour gagner leur vie du travail de leurs mains. Le père s’appelait Zanino, la mère Giacomina. On surnommait leur petite fille Nina.
Mais elle apprit d’eux la piété et l’honnêteté. Son père avait ce scrupule, quand il vendait quelque bête, d’en révéler honnêtement les défauts.
On voyait souvent Veronica en larmes : le don des larmes peut être une grâce céleste, et Veronica la reçut déjà dans sa jeunesse.
En 1463, elle voulut entrer chez les Religieuses franciscaines, puis chez les augustines à Milan, mais son ignorance la fit refuser. Elle tenta de s’y mettre seule, la nuit. Mais Notre-Dame intervint.
La Sainte Vierge lui apparut et lui tint à peu près ce langage : Ma fille, sois sans inquiétude. Mon désir est que tu connaisses seulement trois lettres : la première, de couleur blanche, symbolise la pureté du cœur qui fait aimer Dieu par-dessus toutes choses, et les créatures en Dieu et pour Dieu ; la seconde, de couleur noire, empêche de se scandaliser des fautes de ses frères, aide à supporter de tels égarements avec paix intérieure et patience, puis à prier pour ceux qui les commettent ; la troisième, de couleur rouge, apprend à méditer chaque jour sur la passion de Jésus-Christ.
Réconfortée, Veronica oublia ses soucis et, trois ans plus tard en 1466, reçut l’habit des Augustines. C’est alors qu’elle prit le nom de Veronica. En réalité, sœur Veronica apprendra des Anges à lire le psautier, et pourra chanter les psaumes avec ses consœurs. Elle finira même par savoir par cœur le bréviaire et n’aura plus besoin de livre pour participer à la prière de l’Office.
On l’envoya quêter aux portes de Milan, car le monastère était très pauvre.
Au couvent, elle passait de longs moments dans la méditation de la Passion du Christ et ses compagnes la virent souvent le visage baigné de larmes, mais sans s’en inquiéter, car elle travaillait avec ardeur et efficacité, sans jamais se plaindre des douleurs de tête et d’estomac dont elle souffrait.
Les apparitions ne cessèrent pas : Notre-Seigneur, la Sainte Vierge, les Saints, venaient la voir tour à tour, lui dévoilant des mystères et des circonstances de leurs vies ; ces révélations peuvent se comparer à celles que reçurent la servante de Dieu Maria d’Agreda († 1665) ou la bienheureuse Anna Katharina Emmerick († 1824, v. 9 février).
Il n’y avait pas que les «bonnes» apparitions ; le Démon se déchaîna contre la pieuse Religieuse, lui insinuant des frayeurs, allant jusqu’à la battre durement. Un jour qu’il la fit tomber alors qu’elle rapportait des œufs au monastère, elle put cependant se relever sans blessure et les œufs ne s’étaient pas cassés.
En 1487 Veronica vit Notre-Seigneur, devant toute la Cour céleste, l’absoudre de tous ses «péchés». Durant la Messe de la Fête-Dieu, elle vit l’Enfant-Jésus entouré d’Anges sur l’autel ; elle en parla simplement à la Supérieure, pensant que toutes les Sœurs avaient vu la même chose qu’elle. Par la suite, elle fut plus réservée. Elle eut aussi trois apparitions de saint Augustin.
Les extases de Veronica continuèrent. Elles duraient parfois plusieurs heures durant la nuit. Par discrétion, elle demanda à Dieu - mais inutilement - de les faire cesser. Bien au contraire, les Religieuses la virent très souvent en extase ; elle fut en état de lévitation au moment d’une extase le jour de Pâques. Durant une de ces extases, on observa que son visage était brûlant, tant Veronica était enflammée d’amour. Très souvent, une hostie du Tabernacle volera jusqu’à elle pour la faire communier, et elle ne prendra pas d’autre nourriture ces jours-là.
Veronica vit des âmes dans le Purgatoire, parfois, celles des Religieuses, qui souffraient pour avoir murmuré contre les Supérieures. Elle fut aussi invitée à prier pour les prêtres, dont elle connut les graves péchés. Elle vit les punitions que méritaient les grands du monde, et connut par quelle maternelle intercession la Très Sainte Vierge obtenait leur suspension chaque fois que les hommes se repentaient.
Elle vit comment nous serons punis pour les moindres distractions commises durant la Messe.
Notre-Seigneur lui confia des missions, notamment d’aller parler personnellement et dans la confidence la plus absolue, au pape Alexandre VI (1495).
Six mois avant de mourir, Veronica fut pendant six mois alitée, brisée par la fièvre et la tuberculose. Cinq jours avant sa mort, elle annonça à son confesseur qu’elle mourrait à l’heure de complies le jour de la passion du Seigneur. A ce moment-là, comme le prêtre s’apprêtait à se retirer, elle le retint ; la cloche de complies sonna : Veronica rendit son âme à Dieu, le vendredi 13 janvier 1497.
En 1517, un culte privé fut autorisé et confirmé en 1624 et 1672 ; en 1749, le nom de Veronica fut introduit dans le Martyrologe, ce qui était exceptionnel puisqu’à l’époque le Martyrologe ne mentionnait que les Saints. L’actuel Martyrologe mentionne aussi les Bienheureux, et donc la bienheureuse Veronica, au 13 janvier.
Les lingères invoquent Veronica comme leur céleste patronne.
Ɖaminh Phạm Trọng Khẚm
1780-1859
Ce laïc vietnamien était né vers 1780 à Quần Cống (Nam Ɖịnh).
Marié, membre du Tiers-Ordre dominicain, il fut martyrisé à Nam Ɖịnh, le 13 janvier 1859, en même temps que son fils Luca (voir la notice).
Il a été béatifié en 1951 et canonisé en 1988.
On se rappellera que les Martyrs du Vietnam sont fêtés ensemble le 24 novembre.
Giuse Phạm Trọng Tẚ
1800-1859
Giuse (Joseph) était né vers 1800 à Quần Cống (Nam Ɖịnh, Vietnam).
Marié, membre du Tiers-Ordre dominicain, il fut martyrisé à Nam Ɖịnh, le 13 janvier 1859.
Il a été béatifié en 1951 et canonisé en 1988.
On se rappellera que les Martyrs du Vietnam sont fêtés ensemble le 24 novembre.
Luca Phạm Trọng Thìn
1819-1859
Luca était né vers 1819 à Quần Cống (Nam Ɖịnh, Vietnam).
Marié, membre du Tiers-Ordre dominicain, il fut martyrisé à Nam Ɖịnh, le 13 janvier 1859, en même temps que son père, Đaminh (voir la notice).
Il a été béatifié en 1951 et canonisé en 1988.
On se rappellera que les Martyrs du Vietnam sont fêtés ensemble le 24 novembre.
Francesco Maria Greco
1857-1931
Francesco naquit le 25 juillet 1857 à Acri (Calabre, Italie S), deuxième des cinq enfants de Raffaele et Concetta Pancaro, qui le firent baptiser deux jours après sa naissance. Raffaele était pharmacien ; Concetta avait un frère, Luigi, qui était prêtre.
Le projet de Raffaele était de céder son négoce à Francesco, mais celui-ci entendit l’appel de Dieu.
En 1881, l’année où il reçut les Ordres sacrés du diaconat et du presbytérat, il écrivit : Je me suis donné en tout et pour tout aux Cœurs de Jésus et de Marie. Donc, à partir de maintenant je serai «Francesco Maria Greco, diacre de Jésus et Marie.»
En même temps qu’il aura la charge de la paroisse d’Acri, il obtiendra le doctorat en théologie à Naples, et il enseignera au Grand séminaire de Cosenza. En outre, sa nomination comme archiprêtre lui conféra le titre de Monseigneur.
Dans la ville d’Acri, où il fut curé pendant quarante-quatre ans de 1887 à 1931, il chercha à remédier à l’ignorance religieuse de beaucoup de ses paroissiens, hommes et femmes, adultes et enfants ; il organisa tout un programme de catéchèse, adapté aux âges des enfants, des adolescents, des adultes.
Pour se faire seconder dans cet immense labeur, il fonda les Petites Sœurs Ouvrières des Sacrés Cœurs. La première supérieure de cette congrégation sera la propre sœur de Don Francesco, Maria Teresa, à laquelle succéda Raffaella De Vincenti ; cette dernière, avec le nom religieux de Maria Teresa des Sacrés-Cœurs, mourut en odeur de sainteté (1936).
L’apostolat de Mgr Greco fut reconnu de tous. L’évêque de Bisignano l’invita à l’accompagner dans sa visite pastorale du diocèse.
Don Francesco passait de longs moments, de nuit aussi, en adoration devant le Saint-Sacrement. On trouva cette phrase écrite de sa main : Quelle paix on ressent dans le silence de la nuit aux pieds du Maître !
Mgr Greco mourut des suites d’une bronchite, le 13 janvier 1931.
Il fut béatifié en 2016.
Le miracle qui fut examiné pour cette béatification concernait une femme qui, à la suite d’une grave opération, était entrée dans le coma. Quelques jours après, elle se réveilla, guérie, affirmant avoir vu en songe un prêtre qui lui promettait une prochaine guérison ; elle le reconnut sur une image de Mgr Greco qu’on lui fit voir. On ne sait pas si cette dame, Nina Pancaro, descendait de la même famille que Concetta Pancaro, la mère de don Francesco.
Les Religieuses sont actuellement présentes dans la région de Cosenza, en Albanie, en Inde, en Argentine et au Brésil.
Francesco Maria Greco sera commémoré le 13 janvier dans le Martyrologe Romain.
María Francisca Espejo Martos
1873-1937
María Francisca naquit le 2 février 1873, fête de la Purification de Marie, à Martos (Jaén, Espagne), dans une famille humble.
Elle avait un petit frère, Ramón ; leur mère mourut bientôt et le père se remaria (et eut trois autres enfants) ; María Francisca, qu’on appelait Paquita, fut recueillie au couvent des Sœurs Trinitaires de Martos, dont la prieure était sa tante et où elle grandit.
Elle demanda à y être admise, reçut l’habit en 1893, fit la profession l’année suivante, prenant le nom de Francisca de l’Incarnation. Elle aidait à la sacristie, à l’infirmerie, à l’accueil et assistait les nécessiteux.
Autant qu’elle le pouvait, entre ses occupations, elle passait beaucoup de temps en prière devant le Saint Sacrement ; elle priait beaucoup la Sainte Vierge et Saint Joseph ; quand les rhumatismes la firent souffrir, elle ne se plaignit jamais. Une consœur dit d’elle : Elle était très bonne, et ce que je dis là est bien peu.
Dans la nuit du 18 au 19 juillet 1936, les révolutionnaires mirent le feu à deux églises. La pauvre Sœur Francisca en était tellement agitée, que la bonne prieure la fit remplacer à l’accueil.
Le 21 juillet 1936, les Religieuses furent, comme presque partout en Espagne, expulsées de leur couvent.
La tante et la nièce trouvèrent refuge chez Ramón, où elles vécurent leur règle de prière et de travail pendant quelques mois. Ramón aussi avait été incarcéré un moment, ainsi que son épouse.
Le 12 janvier 1937, alors que la persécution s’essoufflait déjà, quelques miliciens se présentèrent à la maison et y découvrirent les deux Religieuses. La tante, Maria du Rosaire, avait plus de quatre-vingts ans ; Francisca, presque soixante-quatre.
En route vers la prison, une jeune fille de dix-sept ans héla les miliciens : C’est comme ça que vous pensez gagner la guerre ? En maltraitant une vieille de quatre-vingts ans ? Alors, ils laissèrent revenir à la maison la plus ancienne, ne gardant que Francisca. En réalité, ils cherchaient d’autres Religieuses : ils voulaient éliminer les supérieures des trois couvents de Martos, et se trompèrent en arrêtant Francisca.
Cette dernière, très sensible, tremblait de peur et se réconfortait, avec les autres Religieuses arrêtées, dans la prière du chapelet et en évoquant les Martyres des catacombes romaines.
Au matin du 13, on libéra la plus jeune des Religieuses, sur intervention du maire de Martos.
Dans un groupe de cinquante personnes, Francisca se trouva emmenée au lieu-dit Las Casillas, près de Martos. Là on fusilla d’abord les hommes (quarante-sept). Ensuite, on tenta de violer les trois religieuses dans une petite barraque près du cimetière, mais elles se défendirent si vaillamment, qu’ils les tuèrent sur place. Sœur Francisca fut d’abord frappée par deux fois à la tête avec une crosse de fusil, de sorte qu’elle eut deux fractures du crâne. Mais elle ne reçut pas de balles.
En 1939, on obligea les miliciens à venir eux-mêmes ouvrir la tombe de ces Religieuses : on constata que Francisca avait une jambe complètement déboîtée, tordue en arrière, dans une position horrible à voir. Une Religieuse présente reconnut ses mains et ses pieds déformés par le rhumatisme, et les initiales de son nom au col de son habit.
Francisca a été martyrisée pour le seul fait d’être religieuse.
Son corps a été retrouvé sans corruption en 1986, et elle a été béatifiée en 2007.
Son dies natalis est le 13 janvier.
Francisca Inés de la Antigua Valverde González
1888-1937
Elle naquit le 20 avril 1888 à Vicálvaro (Madrid), dans une famille toute simple d’ouvriers sans grandes ressources.
Francisca devra même être confiée à l’orphelinat d’Alcalá de Henares (Madrid), tenu par les Filles de la Charité.
Après ses années d’études, elle entendit à son tour la vocation religieuse.
En 1910 elle entra chez les Filles de la Divine Bergère de Sanlúcar de Barrameda et émit les vœux en 1911, avec le nom de Victoria.
Elle passera à la communauté de Monóvar (Alicante) et fera la profession perpétuelle en 1917 à Monforte de Lemos (Lugo).
En 1917, elle fit partie de la nouvelle communauté qui s’installa à Martos (Jaén), le lieu de sa rencontre finale avec l’Eternité. Elle y sera nommée supérieure en 1922.
Elle sera quelques années supérieure à Sanlúcar de Barrameda et reviendra à Martos en 1931.
Elle enseigna la broderie, l’artisanat, le dessin. Ses élèves s’en souvinrent toujours comme d’une mère simple, douce, attentive. Elle était d’une timidité naturelle, étant de faible constitution et petite de taille. Mais le moment venu, elle montra un courage viril extraordinaire.
Lors de la révolution de 1936, elle demeura à Martos avec les deux seules Religieuses qui restaient encore là, les autres ayant déjà prudemment rejoint leurs familles. Elle ne voulait pas quitter Martos tant qu’il y aurait encore des Religieuses avec elle.
Le 18 juillet, les miliciens firent irruption dans l’institut, cherchant à interrompre le Sacrifice de la Messe avec leurs hurlements. Mère Victoria s’interposa crânement.
Ayant consommé les saintes Hosties du Tabernacle, les jours suivants les trois Religieuses assistèrent impuissantes à la profanation des objets religieux de leur maison, déchirés, brisés, piétinés jusque sur la place publique.
Elles se cachèrent chez l’habitant.
Mère Victoria disait aux autres que, le cas échéant, elles ne devaient absolument rien dire, sinon que tout était de la responsabilité de la Supérieure. Elle-même fut plusieurs fois convoquée devant les autorités.
Le 12 janvier 1937 au soir, on vint l’arrêter pour la mettre en prison avec d’autres Religieuses (la Supérieure des Trinitaires et celle des Clarisses) ; elles passèrent la nuit dans la prière, bien conscientes de leur sort. Interrogée, Mère Victoria déclara : C’est moi la responsable de toutes les Religieuses ; elles, elles n’ont rien fait ; c’est moi qui dois souffrir ce que vous voulez leur faire.
Au matin du 13 janvier, les Religieuses furent conduites devant le cimetière de Las Casillas, aux environs de Martos, où l’on fusilla d’abord une cinquantaine d’autres victimes ; on leur donna alors l’ordre d’entrer dans le cimetière, où probablement on aurait essayé de les violer ; Mère Victoria s’accrocha à la grille, et les trois Religieuses furent fusillées sur place.
Un des bourreaux voulut s’emparer de l’anneau qu’elle portait au doigt en signe de son union avec le Christ ; comme les mains de la Religieuse avaient enflé, il lui coupa le doigt. L’anneau fut cependant retrouvé plus tard et conservé comme relique.
Mère Victoria Valverde González a été béatifiée en 2013.
Emil Szramek
1887-1942
Né le 29 septembre 1887, Emil porta aussi le nom de l’archange saint Michel, qui est fêté ce jour-là.
Ses parents étaient August, un ouvrier, et Josefa ; ils vivaient à Tworków (Śląskie, Pologne). En 1895, le papa émigra en Amérique à la recherche d’un travail meilleur.
Emil fit ses études à Tworków, puis Raciborzu, enfin la théologie à Wrocław de 1907 à 1910.
Il fut ordonné prêtre en 1911 et nommé successivement à Miechowice puis à Tychy (1912-1916), où il rédigea sa thèse de doctorat.
Puis il fut nommé aumônier à Zaborzu et Mikołowie (1916-1923). Il soutenait fortement l’utilisation de la langue polonaise dans la région de Haute Silésie.
Lors de la création du nouveau diocèse de cette région, il fut nommé chanoine du chapitre (1927), en même temps qu’on lui confiait plusieurs missions importantes dans le diocèse, entre autres la construction de la nouvelle cathédrale de Katowice.
En 1926, il fut chargé de la paroisse de l’Immaculée Conception à Katowice, où il promut activement les activités du laïcat.
Ouvert et tolérant, sans chauvinisme ni nationalisme, le Chanoine Szramek préconisait les échanges entre savants polonais et allemands.
En 1927, on le nomma président de la Société des Amis de la Science en Silésie, dont il publia les annales. Il publia également un ouvrage sur la culture et le folklore en Silésie. Il devint comme le chef de l’intelligentsia et écrivit de nombreux articles.
Son testament, qui date des années 30, demande de donner tout ce qu’il pouvait posséder, mais on lui confisqua presque tous ses documents lors de son arrestation.
Dès le début de la guerre, quand la Pologne fut envahie, il fut l’objet de la répression anti-polonaise de la Gestapo, mais il ne voulut pas quitter sa paroisse.
Le 8 avril 1940, il fut arrêté et conduit en différents camps de concentration : Dachau, Gusen, Mauthausen, de nouveau Dachau le 8 décembre 1940, avec le numéro 21987.
Il y eut des interventions pour le faire libérer : à la curie diocésaine, les autorités répondirent qu’ils pourraient envisager une amnistie pour n’importe qui, mais pas pour le prêtre Szramek ; à l’intervention du nonce apostolique, elles ne répondirent même pas.
Le Chanoine Szramek était devenu la tête de file de tous les prêtres du camp. Il releva le courage de ses Confrères, disant ouvertement qu’il espérait beaucoup la renaissance du pays et de la culture polonaises. Il prêchait un comportement digne et pacifique en face de l’envahisseur.
Emil Michał Szramek mourut à l’infirmerie du camp ; on le tortura, alors qu’il avait une très forte fièvre, en le maintenant debout sous un courant d’eau glacée.
C’était le 13 janvier 1942.
Le Chanoine Szramek fut béatifié en 1999.