Jaume Mases Boncompte
1894-1936
Jaume (Jaime, Jacques) était né à Agramunt (Lleida) le 14 avril 1894, et fut baptisé le 16.
Elève des Frères Lasalliens (des Ecoles Chrétiennes) à Agramunt, il voulut en suivre la vocation.
Novice en 1908 à Calaf, puis en 1910 à Irún, il prit le nom de Lamberto Carlos, et passa au scholasticat de Talence (Gironde, France), où le français devint sa seconde langue. Il resta à Talence comme professeur pendant deux années.
C’est en Belgique (Lembecq-lez-Hal) qu’il fit les vœux perpétuels.
Revenu en Espagne, il enseigna à Manresa, puis à Mollerusa où, en 1924, il fut nommé sous-directeur.
Il fut successivement directeur à Pons, Monistrol, et de nouveau Pons, entre 1927 et 1933, date à laquelle il prit la direction de Mollerusa ; en 1935 il fut professeur à Bonanova.
Le 19 juillet 1936, ce collège fut pris d’assaut par une multitude de miliciens, obligeant les Frères à quitter la maison ou à se faire arrêter.
Un de ceux qui purent s’échapper, fut le Frère Lamberto, qui se réfugia chez un de ses frères en ville. Après la mort du Frère Crisóstomo (v. José Llorach Bretó), il s’exposa à rencontrer les Frères dispersés dans Barcelone pour leur faire parvenir les ressources nécessaires.
Il devait souvent changer de domicile pour sa sécurité. Le 1er octobre, il alla chez une cousine, et pour calmer les soupçons, essaya de se déguiser en docker ; habillé en ouvrier, couvert de poussière, les mains pleines de graisse… il fallit partir en bateau, mais le soir du 19 décembre, il dut faire quelques achats avec sa cousine. En sortant, il rencontra un autre Frère et lui remit discrètement un peu d’argent.
Peu après, ils croisèrent deux miliciens qui les mirent les mains en l’air ; voyant le document de la UGT (le Syndicat des Ouvriers de gauche), ils les laissèrent libres, mais l’un des deux miliciens, méfiant, demanda à l’autre Frère : Dis, ce n’est pas un Frère ? - Je n’en ai aucune idée. Je sais seulement qu’il est professeur et qu’il m’a enseigné en France.
A cet instant arriva une voiture de miliciens, et on les fit monter. Arrivait aussi la cousine du Frère, et comme elle posait des questions sur lui, on l’embarqua avec. Dans la voiture, le Frère Lamberto déchira en petits morceaux un papier contenant quelques indications, et les jeta par la fenêtre ; un milicien lui adressa des reproches et des insultes, et récupéra les morceaux de papier.
Arrivés au commissariat, ils furent incarcérés. Le Frère qui l’accompagnait (et qui fut plus tard libéré) raconta que, de sa cellule, il entendait les miliciens qui hurlaient contre le Frère Lamberto : C’est un curé ! C’est un curé !
Vers onze heures du soir, on les emmena au lieu-dit Rabasada, où avaient déjà eu lieu tant d’exécutions ; les Frères se recommandèrent à Dieu, mais on les remit en prison.
Le lendemain, ils conduisirent Lamberto et sa cousine à la pharmacie dont ils avaient trouvé l’indication sur le fameux papier déchiré par le Frère et qu’ils avaient tenté de reconstituer. A force de menaces et d’insultes contre le pauvre pharmacien, ils réussirent à lui faire dire qu’il connaissait le Frère et qu’il était effectivement Religieux.
Ils reconduisirent la cousine en prison, et l’on ne sut plus rien de Lamberto, jusqu’à la fin de la guerre, lorsqu’une ancienne milicienne reconnut au tribunal l’avoir brûlé vif le 26 décembre 1936.
La date de ce martyre a parfois été portée au 16 décembre, par erreur : le dies natalis du Frère Lamberto est le 26 décembre.
Il a été béatifié en 2007.