Joan Busquet Llucià
1868-1936
Né le 11 janvier 1868 à Santa Margarida de Montbuy (Vic) et baptisé le 15 suivant, Joan fut confirmé en 1870. Il avait un grand frère, qui fut aussi de la famille clarétaine. Leurs parents s’appelaient José et María ; José était charpentier.
En 1879, Joan entra au Petit séminaire diocésain puis, en 1882 entra chez les Clarétains de Barbastro, où il fit la rhétorique, puis passa à Vic pour la philosophie. Il fit la profession en 1884. En 1886, il partit à Santo Domingo de la Calzada pour la théologie et reçut les Ordres, jusqu’au diaconat. Il fut ordonné prêtre à Lleida en 1891.
En 1890 on l’avait nommé professeur de collège à Cervera, en même temps qu’il donnait des cours de théologie et de liturgie ; puis il fut envoyé successivement à Lleida, Barbastro, Solsona, Cervera, Vic, Barcelone (Gracia).
En 1900, il fut supérieur à Barbastro et fut opéré d’urgence pour l’extraction d’un énorme kyste à la jambe ; le père apporta son «anesthésique», son crucifix ; il disait au chirurgien : Coupez, sans pitié… Je suis un pécheur et j’ai tant de dettes envers le Bon Dieu ; voilà une bonne occasion de les payer. Très admiratif, le chirurgien conserva le kyste dans de l’alcool, en souvenir de ce Père si courageux.
Au Chapitre provincial de 1901, le père Joan fut réélu supérieur ; en 1907, il fut élu supérieur de Calatayud. En 1913, il fut envoyé à Lleida comme consulteur, ministre et prédicateur. Il y resta jusqu’à la mort. Son occupation principale fut le confessionnal, d’autant plus qu’il perdit presque totalement la vue.
Au moment de la dispersion de la communauté, il fut dans une famille et répétait : Si nous devons mourir, Dieu soit béni ! Nous serons martyrs !
Le 21 juillet 1936, il fut arrêté une première fois et interrogé ; tandis qu’on gardait le p.Codina, on relâchait le bon père Joan, à cause de son âge et de sa cécité, car il n’était pas dangereux. Il se rendit dans la même maison qu’avant, puis dans une autre où il conservait le Saint-Sacrement. Le Père attendait patiemment la réponse du Saint-Siège qui lui permettrait de célébrer la Messe sans ornements et avec un simple vase de verre : la permission ne devait arriver que le 22 août, trop tard.
Le père Joan dut quitter cette bonne famille accueillante, pour éviter de lui attirer des ennuis. Il partit donc chez des parents de cette famille, puis chercha à prendre l’autobus le 21 août, mais on le reconnut à la station et on l’arrêta avec un autre membre de la famille, qui l’accompagnait.
En prison, il se mit à confesser les prisonniers qui le désiraient. Des miliciens vinrent fouiller la maison où il se trouvait précédemment et avertirent qu’il était en prison ; la famille lui porta alors des vivres et du linge.
Le 24, arriva à Lleida toute une colonne de miliciens, qui voulaient mettre le feu à la prison, avec tous les prisonniers à l’intérieur. Les autorités locales s’y opposèrent et les miliciens allèrent alors mettre le feu à la cathédrale.
Puis une foule énorme - on parle de trois mille - s’assembla devant la prison, hurlant et demandant la mort de tous les prisonniers. Les Autorités cédèrent en laissant passer vingt prisonniers, parmi lesquels le p.Busquet. En le voyant s’appuyer au mur en raison de sa quasi cécité, quelqu’un s’en émut : Le pauvre ! Qu’est-ce qu’il fait là-dedans… Le Père demanda à prendre son manteau : on lui répondit qu’il n’en avait pas besoin car il n’allait pas prendre froid. Pas de pitié pour lui non plus : on le poussa dans le camion, qui partit pour le Champ de Mars, et on le fusilla.
L’homme qui avait été pris avec le p.Joan, put envoyer un billet à la famille, demandant qu’ils ne lui envoyassent que la moitié de la nourriture : on comprit que le père avait été fusillé.
Martyrisé le 25 août 1936 et béatifié en 2017, Joan Busquet Llucià sera mentionné dans le Martyrologe Romain au 25 août.