Petrus Canisius
1521-1597
Petrus naquit à Nimègue. Son vrai nom est Pieter Kanijs (qu’on écrit aussi Kanîs). Il naquit le 8 mai 1521. Jacob, son père, est (sans jeu de mot) le maire de Nimègue (Pays-Bas), alors dans le diocèse de Cologne. Ægidia van Houweningen, sa mère, mourut peu après la naissance de Petrus.
Mystérieusement, Petrus fut inspiré dès l’enfance à porter un cilice.
En 1536, il part à Cologne pour étudier les arts, le droit, la théologie. Après un court séjour à Louvain (1539), il est reçu Maître ès Arts à Cologne.
Son conseiller spirituel, Nicolaus van Esch, lui fait connaître plusieurs personnalités du monde catholique. En 1540, contre les désirs de son père qui lui proposait un mariage avec une riche jeune fille, Pieter fait le vœu de chasteté.
Il est un des huit premiers membres du tout récent Ordre des Jésuites, et le premier Allemand à en faire partie. Il y entre le jour de ses vingt-deux ans, le 8 mai 1543, en faisant ses vœux à Mayence. Il fonde avec ses compagnons la première maison allemande de Jésuites à Cologne ; il va prêcher, en ville et dans les environs ; il participe à des débats et enseigne à l’université.
Ordonné prêtre en 1546, il publie alors les œuvres de saint Cyrille d’Alexandrie et de saint Léon le Grand ; puis il est appelé à Liège pour contrer les doctrines néfastes de l’archevêque apostat. En 1547, l’évêque de Augsburg l’appelle à participer au Concile de Trente, où il intervient par deux fois. C’est à ce moment-là que Pieter commençe à latiniser son nom en Petrus Canisius.
Au concile, on était partagé sur le fait de donner l’Eucharistie sous les deux formes du Pain et du Vin. Petrus fut d’abord d’avis de le permettre pour les Chrétiens de Bohême et pour certains Catholiques dont il fallait consolider la foi ; mais plus tard il pensa que ce rite aurait plutôt divisé les Catholiques.
En 1548, il enseigne la rhétorique à Messine (Sicile), prêchant en italien et en latin.
A la demande du duc de Bavière, et avec l’approbation du pape, il est recteur et professeur de théologie à Ingolstadt (Munich) ; en chemin, il est reçu Docteur en théologie à l’université de Bologne ; puis il va être un des premiers Jésuites à être dirigés sur Vienne, pour organiser la Contre-réforme. Petrus connaîtra désormais une activité inlassable, sans borne, qui lui vaudra aussi des attaques : son nom lui vaudra le sobriquet de chien (en latin canis). On publiait des faux sous son nom.
A la cour, il contrera les positions d’un célèbre prêtre (Phauser), qui était passé au luthéranisme et s’était marié. Phauser dut démissionner et en gardera toujours de la rancœur contre Petrus. Trois fois le roi proposera Petrus pour la charge épiscopale de Vienne, qu’il refusera toujours.
En 1555 il publie son catéchisme ou Somme de la doctrine chrétienne, en réponse aux positions de Luther, et qui comptera deux-cents rééditions. L’évêque de Augsburg l’introduira dans toutes les écoles de son diocèse à partir de 1591.
Il prêchera en 1556 dans une cathédrale de Prague archi-comble. Petrus prit part à plusieurs discussions publiques à Worms et contre Melanchton : partout les Protestants, qui n’avaient pas de doctrine commune entre eux, devaient céder à la parole convaincante de Petrus.
Puis il fut à Strasbourg, où il prêcha, expliqua le catéchisme aux enfants, entendit leur confession, et confirma les habitants dans leur foi catholique. Appelé en Bavière, Petrus prêcha jusqu’à quatre fois par jour pour ramener les populations à la foi catholique.
Le pape l’envoya alors à Cracovie (Pologne), où il s’adressa au clergé et aux membres de l’université. En 1559 (l’année où il ouvre un collège à Munich), il est envoyé à la diète de Augsbourg, où il prêchera jusqu’en 1566 sur la demande du chapitre.
Petrus traite tous les thèmes de la religion : le Décalogue, la Messe, les prophéties, l’évangile du jour, la Justification, la Liberté chrétienne, l’interprétation des Ecritures, les Saints, les cérémonies de l’Eglise, les vœux religieux, les indulgences, l’obéissance aux autorités de l’Eglise, la confession, la communion, le jeûne, l’aumône. Mais il ne s’adresse pas qu’à la foule : il censure les fautes du clergé, quand celles-ci sont trop évidentes.
Il y a tant de monde qui vient l’écouter et se confesser à lui, qu’une partie du clergé en prend ombrage ; on finit par un accord : Petrus se serait «contenté» de prêcher, laissant aux prêtres de la cathédrale l’administration des sacrements.
Durant cette période, Petrus voyage encore : en 1562 il ouvre le collège d’Innsbruck et devient le confesseur de la fille du roi, Magdalena. En 1563, il prêche en Souabe ; en 1564 il envoie des missionnaires en Bavière, fonde un collège à Dillingen. En 1565 il est à Rome pour le deuxième chapitre général de l’Ordre jésuite. Le pape le charge de répandre en Allemagne les décrets du Concile de Trente et de convaincre les autorités civiles de défendre l’Eglise catholique. Petrus rencontra beaucoup de princes et d’évêques, mais finit par renoncer à cette mission, constatant qu’elle suscitait des jalousies et aussi des suspicions d’espionnage ou d’interférence politique… A Wiesensteig il ramène la cour de Helfenstein au catholicisme.
En 1567 Petrus enseigne à la cathédrale de Würzburg, va à Dillingen, Mayence, Speyer, Ingolstadt, Innsbruck où s’ouvrira un collège en 1569.
C’est à Dillingen qu’il recevra dans l’Ordre des Jésuites le jeune Stanislaus Kostka (v. 15 août).
Le travail et la patience de Petrus ne s’arrêtaient pas. Toujours en voyage, toujours prêchant, toujours priant, toujours écrivant, il ramena et confirma dans le Catholicisme beaucoup d’âmes ébranlées par les doctrines luthériennes.
C’est encore Petrus qui fondera à Fribourg en Suisse le Collège Saint-Michel (1580), qui deviendra la célèbre université que l’on connaît (il sera momentanément fermé quand les Jésuites furent expulsés de Suisse). Fribourg n’avait pas été épargnée par les fausses doctrines, et c’est grâce à la prédication de Petrus que Fribourg resta ensuite un solide bastion de l’Eglise catholique. De là, Petrus alla aussi à Augsbourg, à Lucerne, où il alla vénérer la Vierge de Einsiedeln ; c’est là, d’après Petrus lui-même, que saint Nicolas de Flüe lui aurait demandé de ne jamais quitter Fribourg (sur saint Niklaus de Flüe, v. 21 mars).
Il y resta. Il obtint du pape une permission pour ériger à Fribourg une maison d’impression, en même temps qu’il rencontrait les principaux éditeurs d’Anvers, Cologne, Dillingen, pour diffuser la doctrine catholique.
Petrus Canisius sut par sa charité et sa douceur, regagner au catholicisme beaucoup de régions de l’Europe centrale ; on l’a appelé le marteau des hérétiques, non pas pour la dureté de sa parole, qui était toujours patiente et respectueuse, mais pour le résultat obtenu.
Frappé d’hydropisie compliquée de catarrhe, épuisé de travaux, Petrus mourut le 21 décembre 1597. Son infirmier attesta qu’il passa cette dernière année dans la prière, le recueillement, parlant peu, écoutant. Il dut cesser de célébrer, avec tristesse, quelques jours avant sa mort. Il ne demandait rien, il ne se plaignait pas.
Petrus Canisius fut béatifié en 1864, canonisé en 1925, en même temps qu’il fut proclamé Docteur de l’Eglise. Pour le troisième centenaire de sa mort (1897), il fut appelé deuxième apôtre d’Allemagne, après saint Boniface (voir au 5 juin).
Depuis, il a été pris comme Patron du nouveau diocèse de Innsbruck (1964).
Si le dies natalis de saint Petrus Canisius reste au 21 décembre, il est localement fêté le 27 avril dans la zone germanique.