Giulia Valle
1847-1916
Née le 26 juin 1847 à Aoste (Italie NO), Giulia avait un petit frère (Francesco, ou Vincenzo, suivant les récits). Ses prénoms de baptême étaient Maddalena Teresa Giulia. Les deux frères aînés étaient morts en bas âge.
Giulia fut orpheline de sa mère à cinq ans, de sorte que les deux petits enfants furent confiés à leurs grands-parents maternels, qui vivaient à Donnaz.
Ensuite, Giulia fut confiée aux Sœurs de la Charité de Sainte Jeanne Antide Thouret, une fondatrice franc-comtoise dont les Religieuses vivaient à Besançon (Doubs) (v. 24 août). Giulia apprit le français, reçut une bonne formation, et mérita même la récompense d’un voyage à Bordeaux et Paris. Mais elle vivait mal l’éloignement de la famille.
Revenue à la maison avec son frère, elle y trouva son père remarié, avec une femme qui se montra très dure envers les deux adolescents. Ce fut au point que le garçon quitta la maison à seize ans, laissant là Giulia toute seule.
La jeune fille eut un seul recours : la prière confiante devant le tabernacle de l’église paroissiale.
Providentiellement, le ménage s’établit à Pont Saint-Martin, où Giulia retrouva les mêmes Sœurs de la Charité : leur mission était de s’occuper de l’éducation et des soins aux malades. Sa vocation mûrit dans cette ambiance et, quand son père lui proposa un parti, elle répondit fermement qu’elle ne désirait rien d’autre que d’être religieuse et de consacrer sa vie au salut des âmes. Le papa fut contrarié, mais ne mit pas d’opposition.
En 1866, à dix-neuf ans, Giulia entra à la maison provinciale de la congrégation à Vercelli, où son père voulut bien la conduire.
On commença par lui faire passer le diplôme d’enseignante, puis elle devint Sœur Nemesia, en 1867.
On l’envoya à Tortona, où les Sœurs avaient ouvert une école pour orphelines, dont elle s’occupa comme une mère et auxquelles elle enseigna le français.
Une de ses «trouvailles» pour occuper les enfants et faire de l’apostolat, fut de leur faire écrire sur de petits billets des phrases de l’évangile, qu’ils laissaient ensuite dans les endroits plus fréquentés de la ville, où les gens pouvaient les retrouver, et s’en inspirer.
En 1886, elle devint Supérieure : elle le sera pendant trente ans. Elle ne se sentait pas à la hauteur d’une telle mission, mais elle y trouva le moyen d’élargir encore plus l’étendue de ses préoccupations.
Tout Tortona la connaissait ; elle était partout. Nemesia était en effet ouverte à tous : séminaristes et soldats, mendiants, mères, malades… Elle quittait parfois très tôt la maison, pour rester inaperçue dans ses activités débordantes.
Dans le couvent, elle passait à la porterie, au parloir, on la voyait coudre, la nuit elle écrivait ; en ville, elle passait dans toutes les rues et ruelles, semant sourire et réconfort. Durant l’épidémie de choléra de 1890, elle ouvrit même les portes du couvent pour accueillir des malades et elle donna son lit, se contentant d’un divan.
Elle soutint aussi un missionnaire en Erythrée, le nouvel évêque de Ventimiglia (en lui confectionnant ses habits liturgiques), le trépidant don Orione (v. 12 mars).
En 1901, la maladie la frappa et elle fit la convalescence à Crea et Varallo.
En 1903, habitants furent stupéfaits de la voir partir pour Borgaro Torinese (Turin), où elle fut nommée maîtresse des novices. Pour abréger et adoucir les adieux, elle partit à quatre heures du matin, laissant derrière elle une petite lettre pleine de son amour maternel.
A Borgo Torinese, quelque cinq cents novices passeront par là, qui recevront les exemples de Mère Nemesia.
Un jour, en cadeau pour sa fête, elle demanda l’exposition du Saint-Sacrement.
Mais l’épreuve devait marquer les dernières années de cette vie si active : Mère Nemesia sera peu à peu oubliée par la nouvelle Supérieure, mise de côté, recluse dans le silence, n’ayant plus d’autre occupation que d’aller péniblement s’asseoir dans un coin de grenier pour méditer et prier.
Elle s’éteignit, suite à une pneumonie, le 18 décembre 1916 : sa chambre se remplit d’un merveilleux parfum de roses et de violettes.
Giulia-Nemesia fut béatifiée en 2004.
Une petite prière de cette Sœur extraordinaire va montrer quelle confiance elle avait en la Vierge Marie, et quelle humilité l’envahissait :
O Vierge toute pure, Mère du Saint Amour, qui dois ta grandeur à ton humilité, je ne trouve pas de plus juste motif pour te supplier de m’aider à vaincre mon orgueil.
O Mère bienheureuse, je ne te demande rien d’autre que de jeter vers moi ton regard : regarde-moi, et s’il te suffit de me voir aussi pauvre, alors moi aussi je me contenterai de rester comme cela.