Martyres du Carmel de Compiègne
Le Carmel de Compiègne fut fondé en 1641 et porté sous le patronage de l’Annonciation.
Plusieurs fois déménagé, il s’installa finalement à proximité du château royal, bénéficiant de la protection des reines de France.
En 1789, les Religieuses sont toutes de bonne famille, mais aucune de famille royale ou noble.
A la fin du 17e siècle, une Religieuse vit en songe les Carmélites de Compiègne dans la gloire céleste, tenant en main la palme du martyre. Il était donc resté traditionnel d’envisager le martyre de l’entière communauté.
La Révolution de 1789 aviva encore plus ce sentiment. Quand les biens du clergé furent confisqués, les Religieuses purent rester provisoirement dans leurs bâtiments.
En 1790, on déclara nuls leurs vœux : la jeune Constance, en décembre 1789, eut l’interdiction de prononcer ses vœux.
L’Etat leur proposa une pension, qu’elles touchèrent cette année-là.
En 1792, elles furent expulsées, le couvent devant être vendu. C’est alors qu’elles firent le vœu de martyre, proposé par la Mère prieure.
Si elles acceptèrent de faire le serment Liberté-Egalité, elles refusèrent celui de la Constitution civile du clergé.
Une fois sorties, elles furent hébergées en quatre groupes dans quelques familles. Elles se retrouvèrent pour la Messe quotidienne dans l’église Saint-Antoine, où elles entraient discrètement par une porte de côté.
Le 21 juin 1794, les maisons où étaient hébergées les Religieuses, furent perquisitionnées. Les 22 et 23 juin, elles furent incarcérées dans l’ancien couvent de la Visitation, transformé en prison. Le 12 juillet, elles furent transférées à la Conciergerie de Paris. Au moins là, elles se retrouvèrent réunies, et fêtèrent avec enthousiasme leur fête patronale, Notre-Dame du Mont-Carmel, le 16 juillet.
Le 17 juillet eut lieu leur «procès». Ayant trouvé chez elles des images du Sacré-Cœur, on les accusa de ralliement des rebelles de la Vendée ; ayant refusé de renoncer à leurs vœux religieux, elles furent accusées de fanatisme, la pire des accusations, crime grave par excellence, qui trouble la société ; globalement, elles furent accusées d’avoir formé des conciliabules de contre-révolution et d’avoir continué à vivre soumises à leur règle et à leur supérieure. L’unique témoin cité ne comparut pas ; aucun avocat ; l’acte de condamnation était déjà imprimé avant le procès ; la sentence de mort fut prononcée pour les fanatiques et séditieuses.
Vers 18 heures de ce même 17 juillet 1794, on emmena les Religieuses dans des charrettes, jusqu’à la place du Trône (rebaptisée place du Trône-Renversé, actuelle place de la Nation). Durant le parcours, elles chantèrent le psaume 50, Miserere, le Te Deum, le Veni Creator, et, arrivées sur place, renouvelèrent leurs vœux de religion.
La première a être guillotinée fut la plus jeune, Constance, qui s’agenouilla d’abord devant la Mère prieure en lui demandant la permission de mourir. Puis, chantant le psaume Laudate Dominum, elle monta à l’échafaud.
L’avant-dernière fut l’infirmière, Marie-Henriette de la Providence ; la toute dernière, la Prieure, Thérèse de Saint-Augustin.
La fermeté et la joie des Martyres impressionna beaucoup les assistants ; un des gardiens de prison affirma qu’elles avaient l’air d’aller à leurs noces.
Les corps et les têtes des Religieuses furent jetés dans une fosse commune au cimetière de Picpus. Une plaque de marbre porte les noms des seize Carmélites et cette brève inscription : Beati qui in Domino moriuntur (Heureux ceux qui meurent dans le Seigneur).
Le monastère fut vendu en 1795. A sa place se trouve aujourd’hui l’Ecole d’Etat-Major et le Théâtre impérial.
Les seize Carmélites martyres furent béatifiées en 1906.
Le Carmel de Compiègne fut refondé en 1867, inauguré en 1888, de nouveau abandonné en 1906 lors de la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat (l’année de la béatification). Le Carmel sera réintégré dans les années 1920 … et vendu en 1992 pour être reconstruit à Jonquières, dix kilomètres plus loin.
Ci après, en ordre alphabétique, les noms (civils) des seize Carmélites, dont on trouvera par ailleurs une petite notice séparée.
- Angélique Roussel
- Anne-Marie-Madeleine-Françoise Thouret
- Catherine Soiron
- Elisabeth-Julie Vérolot
- Marie-Anne-Françoise Brideau
- Marie-Anne Hanisset
- Marie-Anne Pelras
- Marie-Anne Piedcourt
- Marie-Claude-Cyprienne Brard
- Marie Dufour
- Marie-Françoise-Gabrielle Colbert de Croissy
- Marie-Gabrielle Trézel
- Marie-Geneviève Meunier
- Marie-Madeleine-Claudine Lidoine
- Marie-Thérèse Soiron
- Rose Chrétien de Neuville