John Jones
?-1598
John Jones était né à Clynnog Fawr, dans le Caenarfonshire au Pays de Galles, dans une famille restée fidèle au catholicisme.
Il entra chez les Franciscains de l’Observance, à Greenwich ; quand cet ordre fut dissout par la force, en 1559, John se réfugia en France, à Pontoise, où il émit ses vœux de religion.
Plusieurs années après, il vint à Rome et fit partie de la communauté franciscaine de l’Ara Cæli ; il rejoignit les Reformati, qui voulaient suivre la Règle franciscaine de façon encore plus stricte. En 1591 il était acquis à l’idéal de la “Plus stricte Observance”, et demanda à pouvoir rejoindre la mission en Angleterre.
Ses supérieurs savaient bien ce que signifiait cette demande : c’était destiner ce prêtre à une sentence de mort. Mais ils finirent par y consentir, tant John était désireux d’offrir sa vie pour la Vérité. Il obtint même une spéciale bénédiction du pape Clément VIII.
Il arriva à Londres fin 1592, où il habita chez un jésuite, John Gerard, qui s’occupait des prêtres envoyés en mission. Il exerça le ministère dans toute la région et fut nommé Provincial par ses confrères franciscains. Prudemment, il se faisait passer pour John Buckley, ou John Griffith, ou encore Godfrey Maurice.
En 1596 sévissait à Londres le “chasseur de prêtres”, Richard Topcliffe. Celui-ci fut informé par un espion de la présence de notre John : il avait rendu visite à deux Catholiques et célébré la Messe chez eux. Or ces deux personnages se trouvaient alors en prison. John fut arrêté sans aucun égard, torturé et flagellé. Puis Topcliffe le prit chez lui, car il avait le “privilège, unique dans la loi anglaise, d’avoir chez lui un chevalet privé pour mieux examiner les prisonniers”. On sait que le chevalet est un instrument de torture où la victime est lentement écartelée par un système de poulies.
A la suite de ces mauvais traitements, John Jones resta en prison pendant environ deux années. Durant ce temps, il eut l’occasion de soutenir dans la foi un autre martyr, John Rigby.
Le 3 juillet 1598, John fut accusé officiellement “d’avoir traversé la mer la première année du règne de Sa Majesté (en 1558), d’avoir été ordonné prêtre par les autorités de Rome et d’être revenu en Angleterre, contrairement aux lois”. Il était donc coupable de haute trahison, et par conséquent condamné à être pendu, traîné et écartelé.
Comme la population commençait à réagir avec sympathie pour ces victimes, à cause de cette horrible boucherie, il fut convenu que l’exécution aurait lieu très tôt le matin, pour ne pas être remarquée. C’était la place Saint-Thomas-Watering, l’actuelle Old Kent Road, à la jonction entre la vieille route de Londres et la Watling Street. C’est là que les pèlerins de saint Thomas Becket faisaient leur première halte et menaient boire leurs chevaux à un gué.
Le martyr fut traîné à l’emplacement du supplice sur une claie. Mais le bourreau avait oublié la corde, il fallut une heure pour l’apporter. Le bienheureux John parla au peuple et assura qu’il avait prié tous les jours pour la reine. C’était le 12 juillet 1598.
Le chef du martyr franciscain fut exposé à Southwark, un quartier au sud de Londres, et ses membres aux abords des routes de Newington et Lambeth (actuelles Tabard Street et Lambeth Road). On dit que plus tard deux catholiques anglais les auraient récupérés, dont un endura un long emprisonnement pour ce “forfait”. Des reliques de John Jones auraient été rapportées aussi à Pontoise, là où il avait émis les vœux.
Béatifié en 1929, John Jones fut canonisé en 1970, et se trouve inscrit au Martyrologe le 12 juillet.
Le miracle retenu pour la canonisation, advint par l’intercession de Cuthbert Mayne et de ses Compagnons en 1962 : un malade fut guéri instantanément et de façon stable d’un sarcome à l’épaule.