Mario Vergara
1910-1950
Mario naquit le 16 novembre 1910 à Frattamaggiore (Naples, Italie), un des derniers des neuf enfants de Gennaro et Antonietta.
Le papa dirigeait une petite entreprise de filature du chanvre et, durant ses absences (souvent en Allemagne) pour traiter son petit commerce, c’était son épouse qui gérait et la maison et la fabrique.
Après l’école communale, Mario entra en 1921 au Petit séminaire d’Aversa où sa façon d’être un peu particulière le fit qualifier de rebelle, alors que son cœur était profondément empli d’un grand amour de Dieu et d’un grand zèle pour les âmes.
En 1929, il entra à Monza dans l’Institut Pontifical pour les Missions Etrangères (PIME).
Avant la fin de la seconde année du lycée, il dut rentrer dans sa famille à cause d’une crise d’appendicite, qui évolua en péritonite. On le croyait en fin de vie, mais lui se divertissait intérieurement, persuadé qu’il allait guérir parce qu’il devait être un jour missionnaire.
Il guérit en effet et reprit les études chez les Jésuites de Posilippo, avant de regagner le PIME en 1933.
Ayant accompli les études de philosophie et de théologie, il fut ordonné prêtre en 1934 et, un mois plus tard, envoyé en Birmanie.
Il y fut extrêmement actif, d’abord en étudiant jusqu’à trois des langues des tribus locales en quelques mois, mais aussi en se déplaçant en tous sens pour gérer sa «paroisse» de Citaciò, où il se fait tout à tous, médecin, professeur, juge aussi, et bien sûr prêtre.
La guerre mondiale rendit l’Italie et l’Angleterre ennemis, et les missionnaires italiens furent considérés automatiquement comme «fascistes», ennemis des Anglais, et le père Vergaro se retira à Momblo. Quand en 1941 le Japon entra à son tour en guerre et qu’il envahit la Birmanie, les missionnaires furent internés en camp de concentration en Inde, sous surveillance anglaise.
En 1943, grâce aux efforts du Vatican et de la Croix-Rouge, les conditions d’internement furent améliorées et les missionnaires purent un peu mieux prier, lire, étudier. La santé du père Vergaro fut durement attaquée, et on lui retira un rein.
En 1945, enfin libéré, il se voit confier par l’évêque la mission d’ouvrir un nouveau centre d’apostolat à l’extrémité orientale de la mission de Toungoo : une centaine de villages, dont les habitants parlent encore une autre langue, et où se sont déjà implantés des missionnaires protestants, outre les habituels bouddhistes. Le père Vergaro y arriva en 1946.
Alors qu’il réussissait déjà à prendre contact, à gagner quelques catéchumènes, à soigner et guérir quelques malades, les missionnaires de l’autre religion devinrent jaloux de son influence et le calomnièrent auprès de la population.
En 1948 arriva un autre prêtre italien, le père Galastri, qui s’y connaissait en matière de menuiserie et de maçonnerie ; ainsi naquirent une école, une église, un orphelinat, un dispensaire… grâce auxquels il étendit les formes de son apostolat, luttant inlassablement contre les préjugés traditionnels, les croyances bouddhistes.
Mais à partir de la proclamation de l’indépendance (1948), se développèrent des foyers de guerre civile, et les catholiques furent grandement dénigrés auprès des nouvelles autorités civiles. Quand les révoltés furent mis en déroute, leur chef devient le grand ennemi des missionnaires. En 1950, la mission est coupée en deux quand la ville de Loikaw est reprise par les troupes gouvernementales d’un côté, tandis que Shadow est aux mains des rebelles. Il fallait sans cesse traverser les lignes de combat.
Fin janvier 1950, les pères Vergaro et Galastri furent perquisitionnés et accusés d’être espions. Arrêtés, ils furent dans l’impossibilité de faire connaître leur situation.
On sut bien plus tard que le 24 mai 1950, les deux pères, avec leur fidèle catéchiste Isidore, furent arrêtés, longuement interrogés, fait marcher le long du fleuve Salween et, au matin du 26 mai 1950, fusillés ; leurs corps furent emballés dans des sacs jetés dans le courant du fleuve.
La première nouvelle de leur assassinat n’apparut à la radio locale que le 31 août suivant.
Le père Vergaro et le catéchiste Isidore furent béatifiés en 2014.