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9 mars 2024 6 09 /03 /mars /2024 00:00

Athanase de Sébaste

320

Voir la notice Sébaste 320 (Quarante Soldats Martyrs), au 9 mars.

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9 mars 2024 6 09 /03 /mars /2024 00:00

Alexandre de Sébaste

320

Voir la notice Sébaste 320 (Quarante Soldats Martyrs), au 9 mars.

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9 mars 2024 6 09 /03 /mars /2024 00:00

Aetius de Sébaste

320

Voir la notice Sébaste 320 (Quarante Soldats Martyrs), au 9 mars.

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9 mars 2024 6 09 /03 /mars /2024 00:00

Acace de Sébaste

320

Voir la notice Sébaste 320 (Quarante Soldats Martyrs), au 9 mars.

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9 mars 2024 6 09 /03 /mars /2024 00:00

Les Quarante Soldats martyrs à Sébaste

320

 

On dispose de plusieurs documents historiques attestant le martyre de ces glorieux soldats qui, passant des rangs de l’armée des hommes, entrèrent glorieusement dans les rangs de la milice céleste. Ce sont les Actes mêmes de leur martyre, et leur Testament avec leurs ultimes volontés.

La lecture de ces documents pourra susciter dans les esprits quelques questions, quelques doutes mêmes, car si l’atmosphère était à la persécution des Chrétiens, on pourra logiquement se demander qui aura eu le temps, la possibilité de rédiger ces longues pages dans une belle langue, presque poétique, dans un style très théologique, avec des noms de personnes qui auraient pu ainsi être à leur tour recherchées et condamnées, comme cela s’est vu dans d’autres persécutions.

Cela dit, accédons à ces documents en les résumant quelque peu. Nous sommes en 320, à Sébaste (act. Sivas, Turquie CN), sous l’empereur Licinius. Nos quarante soldats faisaient partie d’une même légion romaine, la Legio XII Fulminata, et refusèrent d’offrir des sacrifices aux idoles païennes.

Après des propositions doucereuses, le gouverneur condamna ces quarante héros à passer la nuit dehors, sur un étang gelé, nus, où ils moururent de froid – sauf un qui, redoutant cette atrocité, alla se réfugier dans un bain chaud, et en mourut sur place ; par contre, leur gardien fut alors touché par la grâce et se joignit spontanément aux héros, de sorte que le nombre des quarante demeura inchangé.

Au petit matin, le gouverneur ordonna qu’on leur brisât les jambes et qu’on les fît brûler pour les faire disparaître complètement. Un seul, le plus jeune, nommé Méliton, respirait encore et les bourreaux n’osaient pas l’emporter sur le chariot avec les autres, mais sa propre mère, qui était présente, se saisit de son cher fils et le déposa sur le chariot, en l’encourageant à accomplir son martyre. Elle ne cachait pas sa joie d’avoir un fils si courageux.

Si le récit précédent a des chances d’être tout-à-fait véridique et rédigé par un ou plusieurs témoins, il nous semble moins probable que le Testament et les dernières volontés des Martyrs soit sevré de toute amplification littéraire, vu les circonstances de ces épisodes. Ou bien, on pourrait aussi supposer que les Martyrs restèrent assez longtemps en prison pour avoir le temps de dicter à des visiteurs amis, leurs sentiments et leurs saintes volontés. C’est dans ce Testament que nous trouvons les noms des quarante Soldats ; les voici en ordre alphabétique (qu’il faudrait revoir avec leurs noms authentiques d’origine) :

Acace

Aetius

Alexandre

Athanase

Augias

Caius

Candide

Claude

Cudion

Cyrille

Domnus

Domitien

Editius

Elie

Elien

Eunoïque

Eutychès

Eutychius

Flavius

Gorgon

Héraclius

Hesyche

Jean

Léonce

Lysimaque

Méliton

Nicolas

Philoctimon

Prisque

Quiron

Sacerdon

Sévérien

Sisinnius

Smaragde

Théodule

Théophile

Valens

Valère

Vibien (Vivien?)

Xanthéas

 

Dans le Testament, au début, est mentionné parmi les signataires, le nom de « Meletius », celui-là même qui mourut après avoir renoncé au supplice du froid. C’est même précisément lui qui rédigea toute la suite du Testament, document fort précieux, qui fut donc vraisemblablement dicté et rédigé quelque temps avant l’heure suprême.

Le Martyrologe mentionne ces Quarante Héros au 9 mars, mais sans donner tous leurs noms.


 

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9 mars 2024 6 09 /03 /mars /2024 00:00

09 MARS

 

IV.

SS Quarante Soldats martyrs à Sébaste ; ils furent abandonnés, nus, toute une nuit, sur un étang gelé.

S Pacianus, veuf espagnol (son fils fut ami de s.Jérôme), évêque à Barcelone.

VIII.

S Bosa, évêque à York à la place de s. Wilfrid lors des deux bannissements de ce dernier.

Ste Melle, mère des ss. Kenneth et Tigernach, abbesse à Lough Melve.

X.

S Vitale de Castronovo, sicilien, ermite, et fondateur de monastères à Torri et Rapolla.

XI.

S Bruno (Boniface) de Querfurt, évêque, missionnaire en Prusse et en Russie, martyr avec dix-huit Compagnons.

B Félix, anglais, moine à Fleury-sur-Loire, abbé à Rhuys, qu’il fut chargé de reconstruire.

XV.

Ste Francesca Romana, pieuse veuve romaine qui vivait chez elle avec d’autres femmes sous la règle de s. Benoît, mystique.

Ste Caterina de' Vigri, clarisse à Ferrare, abbesse à Bologne, mystique ; on la dit patronne des peintres.

XIX.

S Domenico Savio, disciple de s.Giovanni Bosco, mort à quinze ans, patron de la jeunesse, des chœurs de petits chanteurs, des jeunes garçons et des délinquants juvéniles.

Ss Ch’oe Hyŏng Petrus et Chŏn Chang-un Ioannes Baptista, pères de famille coréens, martyrs, des cent-trois canonisés en 1984 et fêtés le 20 septembre.

XX. B Anton Zogaj (1908-1948), prêtre albanais martyr, béatifié en 2016.

Les Quarante Soldats martyrs à Sébaste

320

 

On dispose de plusieurs documents historiques attestant le martyre de ces glorieux soldats qui, passant des rangs de l’armée des hommes, entrèrent glorieusement dans les rangs de la milice céleste. Ce sont les Actes mêmes de leur martyre, et leur Testament avec leurs ultimes volontés.

La lecture de ces documents pourra susciter dans les esprits quelques questions, quelques doutes mêmes, car si l’atmosphère était à la persécution des Chrétiens, on pourra logiquement se demander qui aura eu le temps, la possibilité de rédiger ces longues pages dans une belle langue, presque poétique, dans un style très théologique, avec des noms de personnes qui auraient pu ainsi être à leur tour recherchées et condamnées, comme cela s’est vu dans d’autres persécutions.

Cela dit, accédons à ces documents en les résumant quelque peu. Nous sommes en 320, à Sébaste (act. Sivas, Turquie CN), sous l’empereur Licinius. Nos quarante soldats faisaient partie d’une même légion romaine, la Legio XII Fulminata, et refusèrent d’offrir des sacrifices aux idoles païennes.

Après des propositions doucereuses, le gouverneur condamna ces quarante héros à passer la nuit dehors, sur un étang gelé, nus, où ils moururent de froid – sauf un qui, redoutant cette atrocité, alla se réfugier dans un bain chaud, et en mourut sur place ; par contre, leur gardien fut alors touché par la grâce et se joignit spontanément aux héros, de sorte que le nombre des quarante demeura inchangé.

Au petit matin, le gouverneur ordonna qu’on leur brisât les jambes et qu’on les fît brûler pour les faire disparaître complètement. Un seul, le plus jeune, nommé Méliton, respirait encore et les bourreaux n’osaient pas l’emporter sur le chariot avec les autres, mais sa propre mère, qui était présente, se saisit de son cher fils et le déposa sur le chariot, en l’encourageant à accomplir son martyre. Elle ne cachait pas sa joie d’avoir un fils si courageux.

Si le récit précédent a des chances d’être tout-à-fait véridique et rédigé par un ou plusieurs témoins, il nous semble moins probable que le Testament et les dernières volontés des Martyrs soit sevré de toute amplification littéraire, vu les circonstances de ces épisodes. Ou bien, on pourrait aussi supposer que les Martyrs restèrent assez longtemps en prison pour avoir le temps de dicter à des visiteurs amis, leurs sentiments et leurs saintes volontés. C’est dans ce Testament que nous trouvons les noms des quarante Soldats ; les voici en ordre alphabétique (qu’il faudrait revoir avec leurs noms authentiques d’origine :

Acace

Aetius

Alexandre

Athanase

Augias

Caius

Candide

Claude

Cudion

Cyrille

Domnus

Domitien

Editius

Elie

Elien

Eunoïque

Eutychès

Eutychius

Flavius

Gorgon

Héraclius

Hesyche

Jean

Léonce

Lysimaque

Méliton

Nicolas

Philoctimon

Prisque

Quiron

Sacerdon

Sévérien

Sisinnius

Smaragde

Théodule

Théophile

Valens

Valère

Vibien (Vivien?)

Xanthéas

 

Dans le Testament, au début, est mentionné parmi les signataires, le nom de « Meletius », celui-là même qui mourut après avoir renoncé au supplice du froid. C’est même précisément lui qui rédigea toute la suite du Testament, document fort précieux, qui fut donc vraisemblablement dicté et rédigé quelque temps avant l’heure suprême.

Le Martyrologe mentionne ces Quarante Héros au 9 mars, mais sans donner tous leurs noms.


 

 

 

Pacianus de Barcelone

310-391

 

Pacianus naquit en Espagne au début du quatrième siècle.

De son mariage, il eut un fils, nommé Flavius Lucius Dexter. 

Ce Dexter fut préfet du prétoire, et son honnêteté lui valut l’amitié de s.Jérôme (v. 30 septembre).

Quand Pacianus fut veuf, il entra dans l’état ecclésiastique et, à la mort de Pretextatus vers 347, fut sacré deuxième évêque du siège de Barcelone.

Il nous reste de lui quelques œuvres intéressantes.

Dans le Cervus, il démontre que les festivités du nouvel an comportent des manifestations païennes.

Dans son Exhortation à la Pénitence, il invite les fidèles à confesser leurs péchés graves.

Dans son sermon Sur le Baptême, il expose la doctrine du péché originel. Il y revendique aussi le droit de l’Eglise à pardonner les péchés, contre la doctrine hérétique de Novatien. 

A Pacianus remonte la phrase célèbre : Christianus mihi nomen est, catholicus vero cognomen, mon nom est Chrétien, mon surnom Catholique.

L’épiscopat de Pacianus dura plus de quarante années et se déroula dans une certaine tranquillité, que ne connurent pas bien d’autres diocèses, agités par l’arianisme.

S.Jérôme a vanté les qualités de Pacianus, la pureté de sa vie et son éloquence. Le style de ses écrits montre une justesse de pensée, des raisonnements solides, qu’il sait exposer avec vivacité et charme. 

Pacianus mourut vers 391, octogenaire.

Saint Pacianus de Barcelone est commémoré le 9 mars dans le Martyrologe Romain.

 

 

Vitale de Castronovo

900-994

 

Il naquit vers 900 à Castronovo (Sicile), une bourgade qui, sous la domination islamique, s’appela Kars-nubu. Son père s’appelait Sergio, sa mère Crisonica ; c’étaient des gens aisés de haute lignée, originaires de Byzance.

Vitale reçut sa première formation auprès de Religieux de l’Ordre de Saint-Basile qui, malgré la présence arabe, pouvaient enseigner librement.

Vers 950, nouvel Abraham, il quitta son pays et rejoignit le monastère Saint-Philippe-d’Agira.

Au bout de cinq ans, il partit en pèlerinage à Rome. En chemin, vers Terracina, il fut piqué par un serpent, mais il fit un signe de croix sur la plaie, et n’eut aucun mal.

De retour de Rome, il s’arrêta deux ans à Santa Severina (Calabre), puis douze années dans un monastère basilien de Sicile, et de nouveau en Calabre, où il dut encore changer d’ermitage plusieurs fois. 

Vitale ne péchait pas par quelque instabilité, mais il recherchait plus de solitude, plus d’austérité aussi, peut-être aussi une école spirituelle plus parfaite auprès d’un ermite plus saint que lui. Il rencontra l’abbé de Locri, mais c’est finalement ce dernier qui reçut les leçons de Vitale. Près du cap Spulico, où sévissaient des bandes de voleurs, il rétablit la paix et la confiance. Sa prière arrêta une inondation. 

Il s’arrêta à Rapparo, Sant’Angelo d’Asprono, au Mont Saint-Julien, et finalement dans une grotte près d’Armenta.

Avec l’aide de son neveu Elia, il fonda deux monastères, à Torri et à Rapolla, sous la règle basilienne, comme c’était l’habitude pour les moines vivant en Sicile et dans le sud de l’Italie.

Vitale s’éteignit à ce monde profane en 994.

Les reliques de s.Vitale ont suivi son exemple : elles ont été déplacées plusieurs fois et se trouvent finalement à Armenta.

Saint Vitale de Castronovo est commémoré le 9 mars dans le Martyrologe Romain.

 

 

Bruno de Querfurt

974-1009

 

Il naquit vers 974 à Querfurt (Saxe, Allemagne N), de parents de haute lignée.

C’est à Magdeburg qu’il étudia, à l’école cathédrale, sous la direction de s.Adalbert (Vojtěch de Prague, v. 23 avril). 

Ces deux précédents, familial et ecclésiastique, firent que Bruno fut bientôt chanoine de la cathédrale de Magdeburg.

Il fut donc invité à la cour impériale et devint le chapelain d’Otto III ; entre eux se serra une profonde amitié.

L’année du martyre de s.Adalbert (997), Bruno avait vingt-trois ans et il accompagna à Rome l’empereur qui voulait y faire un pèlerinage et bâtir là une église sur l’île Tiberina, en l’honneur du Martyr.

Bruno resta à Rome jusqu’en 1001 et y prit l’habit bénédictin à l’abbaye Saint-Boniface (où avait été moine s.Adalbert), puis rendit visite à s.Romuald (v. 19 juin) dans son ermitage proche de Ravenne.

Il se porta alors volontaire pour l’évangélisation de la Prusse, alors territoire de Pologne, sur la demande du roi Boleslas et, dans ce but, alla recevoir du pape sa mission : il fut nommé archevêque des Gentils, mais pas encore consacré. C’est peut-être alors qu’il prit le nom de Bonifatius, en souvenir de l’apôtre de la Germanie, s.Boniface (v. 5 juin).

L’Allemagne étant alors entrée en guerre avec la Pologne, il chercha à passer en Hongrie (1003-1004), sans grand succès, puis alla recevoir la consécration épiscopale à Magdeburg en 1004.

En 1007, Bruno repassa en Hongrie, puis en Russie du Sud, où il fit beaucoup de conversions. A partir de 1008, il gagna la Pologne. Il fit tous ses efforts pour apaiser la tension entre le nouvel empereur d’Allemagne, Henri II, et Boleslas, leur montrant combien il était pernicieux de s’affronter au moment où justement un missionnaire allemand cherchait à convertir cette région de Prusse. Les vues d’Henri II n’étaient que politiques, visant à unifier et pacifier toutes ces régions instables, mais sans penser qu’il pouvait atteindre le même but pacifique en s’unissant à Boleslas dans l’effort de celui-ci de convertir sa nation. Malgré cette erreur, Henri II fut canonisé (v. 13 juillet), et Boleslas sortit vainqueur de la situation, affermissant ainsi le royaume chrétien de Pologne.

Si ses interventions n’aboutirent pas, Bruno eut tout de même la joie de commencer l’évangélisation des Prussiens. C’est cette année-là qu’il écrivit une Passio sancti Alberti, ainsi qu’une autre Passio de cinq Martyrs tombés quelques années plus tôt, également en Pologne.

Bruno n’eut que le temps de semer le bon grain : sur l’ordre d’un prince païen de Ruthénie, on le fit mourir avec dix-huit Compagnons, le 9 mars 1009. 

On ne connaît pas le nom de ces Compagnons.

Saint Bruno de Querfurt est commémoré le 9 mars dans le Martyrologe Romain.

Francesca Romana

1384-1440

 

Francesca naquit à Rome, d'une famille très ancienne et non moins illustre. Son père était Paolo de Bussi, et sa mère Giacobella de Roffredeschi. Mais on ne connaît Francesca que par son surnom de Romana, romaine.

Son enfance, passée dans le recueillement et dans l'union avec Dieu, l'avait disposée à se consacrer à Jésus-Christ ; elle aimait déjà se mortifier, affectionnant les légumes cuits à l’eau. Elle aimait parcourir les rues de Rome pour visiter les églises. 

Sa mère la confia à un bon prêtre, qui la dirigea pendant trente-cinq années. Francesca se confessait chaque mercredi, et obéissait pleinement et joyeusement aux conseils qu’elle recevait. A onze ans, sa décision était prise d’entrer au cloître, mais Dieu permit que ses parents l'engageassent, malgré ses goûts et son jeune âge, dans le mariage, pour donner aux personnes mariées un admirable modèle à imiter.

Son père lui avait destiné un certain Lorenzo Ponziani, de noble famille. Francesca fit tout son possible, mais en vain, pour faire revenir de sa décision son père : elle obéit.

Elle accepta le train de vie que lui imposait sa position d’épouse de noble famille, mais portait sous ses riches vêtements un cilice ; elle savait trouver le temps de se confesser chaque mercredi comme avant ; elle écoutait la prédication du samedi. Son mari l’adorait, tandis que les connaissances la critiquaient à l’envi et suggéraient à Lorenzo de lui faire cesser ces «extravagances».

Francesca tomba malade gravement ; on la crut à la mort. Saint Alexius lui apparut et la guérit en lui imposant son manteau (v. 17 juillet ; il est bien probable que Francesca ne mettait pas en doute l’existence et l’histoire de saint Alexius). 

Sa maison fut l'école de toutes les vertus chrétiennes. Aimable pour tous, on ne sait laquelle fut la plus parfaite, de l'épouse, de la mère, de la maîtresse ; époux, enfants, domestiques la vénéraient et l'aimaient. Les obligations de son état n'étaient jamais sacrifiées au bonheur de prier Dieu, et elle en reçut la récompense ; car, un jour qu'elle avait été obligée de s'interrompre quatre fois pendant la récitation du même verset de son office, elle retrouva le verset écrit en lettres d'or.

Avec Vanozza, sa belle-sœur, elle conçut le désir de renoncer aux divertissements trop mondains, et de se consacrer davantage à la prière et à toutes sortes d’occupations au profit des bisogneux. Le confesseur de Francesca leur suggéra de ne rien modifier à leur habillement, mais leur permit de se mortifier par le jeûne, l’abstinence, la discipline (la flagellation). D’autres dames vinrent se joindre à elles.

Le diable l’éprouva visiblement : de passage le long du Tibre, elle fut précipitée par un bras invisible dans l’eau, avec sa belle-sœur, et elles n’en sortirent miraculeusement qu’en invoquant la puissance de Dieu.

Parmi toutes les choses étonnantes de sa vie, on peut signaler surtout la présence ordinaire et visible de son ange gardien, et les luttes terribles qu'elle eut à soutenir contre le démon. Outre son ange gardien, Dieu lui avait donné un ange chargé de la punir ; cet ange était sévère ; car, à la moindre faute, il la frappait, même en public. L'ange restait invisible, mais les coups étaient entendus de tous. Ainsi, quelques personnes tenant un jour devant elle une conversation frivole, Dieu inspira à la Sainte de les interrompre, et comme elle hésitait, elle reçut sur la joue un rude soufflet. Souvent, alors qu'elle était à genoux devant une statue de la Sainte Vierge, son ange s'approchait et continuait avec elle la prière.

On représente généralement sainte Francesca avec un ange à côté d'elle. Plus d'une fois l'ange dévoué eut à chasser les démons, qui ne cessaient de harceler la Servante de Dieu. Une nuit, pendant qu'elle priait, le diable la prit par les cheveux, et, la portant sur la terrasse de la maison, la suspendit au-dessus de la rue ; mais Dieu la remit en sûreté dans sa cellule. En reconnaissance, elle coupa ses beaux cheveux.

D'autres fois, elle était traînée violemment ; l'ennemi du salut prenait toutes les formes pour la tromper ou l'épouvanter ; le calme de Francesca excitait son dépit et le mettait en fuite.

 

Un jour, par fausse humilité, Francesca pensa cacher une partie de ces faveurs extraordinaires à son confesseur ; aussitôt, elle fut renversée à terre, et n’eut plus qu’à reconnaître devant le prêtre son erreur et à promettre, désormais, de lui exposer toutes les grâces mystiques qu’elles recevait de Dieu.

Les nombreux miracles et prodiges que Francesca accomplit sont diversement rapportés, suivant les sources ; il est vrai que sa sainte vie et ses prières obtenaient des prodiges : multiplication du grain dans le grenier, du vin dans le tonneau, guérisons, conversions…

Un jour qu’un prêtre jugeait qu’elle ne pouvait avoir les dispositions nécessaires pour communier aussi souvent (trois fois par semaine, chose rare à l’époque), lui remit une hostie non consacrée ; elle en fut intérieurement informée, le révéla à son confesseur qui, à son tour, alla prévenir le prêtre fautif : celui-ci demanda humblement pardon, et comprit la gravité du jugement téméraire.

Elle eut son premier enfant en 1400 (Giambattista) et son second en 1404 (Evangelista), puis une fille en 1407 (Agnès). Evangelista fut un enfant «spécial» : à trois ans, il prophétisait que son père serait sérieusement blessé (ce qui arriva en 1409) et mourut en 1410 ; un an après il apparaissait à sa mère pour lui montrer la gloire dont il jouissait au ciel, mais aussi pour lui annoncer la prochaine mort d’Agnès.

On vient de parler de la blessure du mari de Francesca. En effet, Lorenzo fut violemment poignardé par un ennemi de l’Eglise, qui s’en prenait à tous ceux qui protégeaient la papauté. Puis l’ennemi prit en otage Giambattista et menaça de l’emmener ou de mettre à mort son oncle. Mais quand il voulut partir, son cheval resta immobile : épouvanté, il dut céder et rendre l’enfant à sa mère.

En 1410, nouvelle invasion de Rome. Lorenzo dut fuir. Francesca dut aller ramasser des fagots pour en distribuer aux pauvres. Ce n’est que vers 1414 que la mort de l’envahisseur mit fin aux épreuves de Lorenzo et Francesca.

C’est aussi vers cette époque qu’elle écrivit ses terribles visions de l’Enfer. On les trouve dans diverses éditions : lecture salutaire !

Francesca obtint que Lorenzo se réconciliât avec son ennemi. Ils retrouvèrent alors leurs biens et vécurent dans une vie de profonde piété. Francesca obtint aussi la conversion de l’épouse de Giambattista.

Elle obtint de son mari, au bout de quelques années de mariage, de vivre en sa maison comme une véritable religieuse. Ce fut le début des Oblates de Saint-Benoît. Dans une vision elle s’entendit dire : Ton sentier est semé d’épines, plusieurs obstacles se rencontrent avant que ton petit troupeau puisse être réuni. Mais souviens-toi que la grêle ne suit pas toujours le tonnerre et que le plus brillant soleil resplendit souvent à travers les plus sombres nuages.

La nouvelle famille s’installa à Tor di Specchi, dans Rome. Francesca en rédigea toutes les constitutions dans les moindres détails, illuminée en cela par des visions de la Sainte Vierge, de saint Jean-Baptiste, de saint Paul apôtre. Les Oblates s’installèrent le 25 mars 1433.

Francesca n’habitait pas avec elles, obligée d’assister son cher mari malade. Quand il mourut, elle se présenta à Tor di Specchi comme une humble novice, mais la supérieure lui remit sa charge, qu’elle dut accepter sur l’ordre de leur directeur spirituel.

Au début de 1440, elle vint assister son fils Giambattista qui était très malade. Très faible elle-même, elle ne put revenir à Tor di Specchi. Elle eut encore une vision qui lui annonça sa prochaine mort. 

Le matin de sa mort, elle fut à son tour visitée par son fils. Elle lui lança un regard scrutateur et lui reprocha ses erreurs : il venait de se quereller avec de pauvres bergers et de surcroît, avait osé consulter une sorcière sur la possible guérison de sa mère. Le garçon avoua ses deux péchés.

Elle remuait encore les lèvres, pour réciter «les vêpres de la Sainte Vierge». Puis elle dit à son confesseur ce qu’elle voyait : Le ciel s’ouvre, les anges descendent, l’archange a fini sa tâche, il est debout devant moi et me fait signe de le suivre.

Francesca Romana mourut le 9 mars 1440. Elle a été canonisée en 1608 ; les miracles ne manquaient pas pour cette célébration. 

 

Caterina de’ Vigri

1413-1463

 

Caterina de’ Vigri vint au monde à Bologne (Italie) en la fête de la Nativité de Marie, le 8 septembre 1413,  de Giovanni de’ Vigri et Benvenuta Mamellini.

Ce Giovanni de’ Vigri, docteur en droit, enseignait à l’université de Bologne et apprit d’une apparition mariale que sa fille serait une grande lumière pour le monde. Devenu agent à Venise du marquis de Ferrare, il y plaça Caterina comme demoiselle de cour auprès de la princesse Margherita d’Este : elle manifesta dès lors une rare prudence, une modestie singulière, un esprit constamment occupé des choses du ciel. Elle continua l’étude du latin, commencée à Bologne, et se rendit capable de l’écrire avec élégance ; elle s’intéressa aussi à la musique (on conserve l’alto qu’elle jouait), au chant, à la peinture, à la littérature.

Dès 1426 cependant, elle s’affilia à une confrérie de Ferrare et ce fut durant ces années que, luttant victorieusement contre les tentations diaboliques, elle écrivit sur l’ordre de Notre Seigneur son Traité des Sept Armes Spirituelles.

La confrérie à laquelle elle appartenait, se décida à adopter la règle franciscaine des Clarisses, et à vivre en communauté : un monastère fut construit, et en 1432, les Religieuses reçurent l’habit et la règle de sainte Claire.

Caterina était favorisée de visions, eut le don des miracles et de prophétie.

Elle eut successivement la charge du four à pain, des novices, de la porterie, où elle montra toujours une humilité remarquable.

Comme portière, elle accepta l’épreuve de devoir sans cesse interrompre sa prière pour aller ouvrir. Elle accueillit ainsi un jour un beau Vieillard, qui lui remit une belle coupe transparente, disant que c’était le vase dont se servait Marie pour donner à boire à Jésus. Caterina apprit par révélation que ce Vieillard était saint Joseph en personne.

Après avoir réussi à détourner le choix des Religieuses pour élire une autre abbesse, elle fut choisie comme abbesse pour le monastère du Corpus Christi de Bologne. En arrivant dans sa ville natale (1456), elle fut accueillie avec une telle allégresse que toutes les factions de la ville se réconcilièrent.

Elle se montra une abbesse très maternelle pour toutes les Religieuses, particulièrement pour les malades. Elle tenait à être sollicitée même en pleine nuit, si c’était nécessaire. Elle leur recommandait de ne jamais murmurer contre qui que ce soit, surtout contre les supérieurs.

Outre le Traité qu’on a signalé plus haut, elle écrivit aussi d’autres ouvrages, dont celui de ses Révélations, celui des Douze Jardins, le Rosarium, des Sermons.

Réélue abbesse trois fois, elle annonça au début de l’année 1463 à ses filles sa mort prochaine. Fin février, elle tomba malade et de violentes souffrances ne la quittèrent plus.

Le 9 mars 1463, elle reçut les derniers sacrements ; son visage s’illumina et elle expira doucement.

Les jours suivants, des miracles s’opérèrent déjà à son tombeau, d’où sortait un céleste parfum. Quand on le rouvrit deux semaines après la sépulture, le corps ne portait aucune trace de corruption. On l’exposa alors dans le chœur de l’église, et on le vit par trois fois saluer la communauté avec un doux sourire. On disait que le corps transpirait un liquide suave, que les ongles et les cheveux continuaient de pousser et qu’il fallait les tailler… Une certaine Eleonora Poggi, qui venait prier avec sa maman, s’entendit dire : Eleonora, tiens-toi prête, je veux que tu deviennes religieuse dans cette communauté, que tu sois ma fille, et qu’on te confie en temps opportun la garde de mon corps. Ceci s’avéra peu après.

En 1475, on décida de relever le corps de l’abbesse et de l’asseoir, revêtu de l’habit des Clarisses ; elle avait les yeux ouverts.

Il va sans dire que le peuple bolognais la proclama sainte sans tarder. Officiellement elle fut canonisée en 1712.

Le saint corps est toujours visible, dans sa position assise, mais le corps ne transpire plus et ne manifeste plus les signes de vivacité comme il y a six siècles.

 

 

Domenico Savio

1842-1857

 

Domenico Savio naquit à Riva di Chieri, près de Turin, le 2 avril 1842, deuxième d'une famille de dix enfants. Doué d'une tendre piété et d'une intelligence précoce, dès l'âge de quatre ans Domenico récitait l'Angelus trois fois par jour ; le récit de la Passion du Christ le bouleversait. A cinq ans, il assistait à la sainte messe qu'il fut admis à servir avant d'avoir atteint ses six ans. Il s'acquittera toujours de cette pieuse fonction avec un grand recueillement.

Sa ferveur exceptionnelle lui valut la grâce de recevoir la Sainte Eucharistie dès l'âge de sept ans, contrairement aux habitudes de l'époque. Le jour de sa première communion, il écrivit une série de résolutions qu'il voulait garder toute sa vie : 

  • Je sanctifierai tous les jours de fête. 
  • Je me confesserai souvent et je communierai aussi souvent que mon confesseur me le permettra ; 
  • Jésus et Marie seront mes amis. 
  • Je préfère mourir plutôt que de pécher.

Dans l'espoir de devenir prêtre plus tard, le petit Domenico franchit, pieds nus, seize kilomètres par jour pour aller s'instruire. La grande pauvreté de sa famille incita le curé de sa paroisse à le conduire chez Don Bosco qui prendra un soin tout paternel de cette âme d'élite. 

C'est en octobre 1854, à l'âge de douze ans et demi que Domenico fut présenté au saint prêtre de Turin. L'adolescent lui ouvrit son âme toute grande, surtout par la confession hebdomadaire. Le 8 décembre 1854, alors que l'univers chrétien tout entier acclamait la Sainte Vierge, proclamée Immaculée, Domenico lui dédiait toute sa vie et lui consacrait particulièrement sa pureté d'adolescent. L'amour de la pureté poussait notre jeune Saint à bannir de l'institut de Don Bosco tout ce qui pouvait nuire à la belle vertu.

Au printemps 1855, l'appel à la sainteté retentit dans l'âme angélique de Domenico : Dieu me veut saint ! répétait-il à Don Bosco. Cherchant à ressembler à Jésus en son mystère de souffrance, envahi de plus en plus par l'amour de Jésus rédempteur, il s'ingéniait au sacrifice et fonçait dans la voie des pénitences extraordinaires. Non, objecta Don Bosco ; ton devoir d'étudiant, la joie permanente au service des autres, voilà ta sainteté. Domenico obéit de bon cœur à cette formule d'ascèse toute salésienne.

Chaque jour, il rencontrait Jésus dans l'Eucharistie. On se rendit vite compte que ses actions de grâces étaient de purs ravissements. 

Lorsqu'il proposa la fondation de la Compagnie de l'Immaculée, ses compagnons lui demandèrent ce qu'ils auraient à faire : D'abord, expliqua-t-il, nous aimerons la Sainte Vierge de tout notre cœur. Nous Lui demanderons aussi de nous protéger pendant la vie et surtout à l'heure de la mort. Enfin, chaque fois qu'il y aura une de ses fêtes, on fera tout son possible pour la rendre belle et on communiera.

Les durs hivers de Turin achevèrent de détériorer sa santé qui n'avait jamais été brillante ; elle chancela grièvement au début de l'année 1857. Malgré le courage et la joie héroïque de Dominique, il dut interrompre sa classe de seconde et rentrer dans sa famille à Mondonio pour tenter d'y refaire ses forces. Hélas ! Huit jours après son arrivée à la maison, il expirait dans les bras de son père. 

C’était le 9 mars 1857 : Domenico n’avait pas accompli quinze ans.

Domenico Savio fut béatifié en 1950, et canonisé en 1954.

Il est le céleste Patron de la jeunesse et des petits chanteurs (Pueri Cantores).

 

Chŏn Chang-un Ioannes Baptista

(Jeon Jang-un Yohan)

1811-1866

 

Ioannes Baptista était né à Seoul en 1811.

C’est sa mère qui lui conféra le baptême. Son père mourut peu après sa naissance. Très jeune, il dut travailler pour soutenir les siens, en fabriquant des paniers en cuir.

En 1839, il fut arrêté une première fois comme chrétien. Mais les racines de sa foi ne s’étaient pas encore suffisamment affermies, de sorte que les tortures et les diverses mesures de persuasion l’amenèrent à renier sa foi et qu’il put ainsi quitter la prison.

Il regretta son apostasie, mais il n’y avait pas encore de prêtre en Corée, car le christianisme s’était implanté en Corée uniquement par des laïcs. Ioannes Baptista gardait espoir de recevoir un jour le pardon.

En 1845, seize années après, il rencontra Kim Tae-gŏn Andreas (v. 16 septembre), le premier prêtre coréen, qui revenait en Corée après avoir été ordonné prêtre à Shanghaï. Le père Kim Andrea lui donna l’absolution et Joannes Baptista vécut désormais en chrétien exemplaire, suscitant partout le respect et l’admiration de ses amis catholiques.

Il se maria et eut trois enfants. Mgr Berneux put se rendre compte par lui-même du sérieux de ce père de famille, et lui conféra le pouvoir de baptiser, comme pour un diacre. Il le mit en rapport avec un autre Chrétien, Ch’oe Hyŏng Petrus, pour éditer des livres en coréen.

Quand la persécution reprit, le propriétaire de l’imprimerie disparut, mais Ioannes Baptista resta. On lui disait de s’enfuir, mais lui voulait protéger les précieux blocs d’imprimerie en bois : Il faut que je fasse la volonté de Dieu. J’ai le devoir de conserver ces blocs d’imprimerie en bois.

Le 1er mars, la police fit irruption dans la petite imprimerie, s’emparèrent de Ioannes Baptista, et confisquèrent les fameux blocs d’imprimerie.

Ioannes Baptista fut douloureusement torturé, mais il supporta toutes ces souffrances, proférant seulement les noms de Jésus et Marie.

Après trois jours de tortures, il fut condamné à mort, le 8 mars.

Le jour suivant, 9 mars 1866, il fut conduit à la Petite Porte Occidentale pour être décapité. Parvenu à l’endroit, il vit que le bourreau qui allait l’exécuter était une vieille connaissance, mais qui avait apostasié. Il hésitait à tuer son ami. Ioannes Baptista alors lui dit : Toi, tu obéis au roi, moi, j’obéis à Dieu. Pourquoi hésites-tu ?

Ioannes Baptista avait cinquante-cinq ans. Il fut enseveli trois jours après. Son dies natalis est le 9 mars.

Il fait partie des cent-trois Martyrs Coréens béatifiés ensemble en 1968, canonisés ensemble en 1984, et fêtés ensemble le 20 septembre.

 

 

Ch’oe Hyŏng Petrus

(Choe Hyeong Peteuro)

1814-1866

 

Petrus était né à Kongju (Chungcheong-do, Corée S) en 1814.

Son père avait été baptisé à l’âge de vingt ans et avait trois fils. Toute la famille s’était consacrée à Dieu.

Petrus, qui avait étudié la littérature chinoise depuis l’enfance, dut soutenir sa pauvre famille par le travail des champs et l’élevage.

Il fut un fidèle assistant du père Maubant (v. 21 septembre), depuis son arrivée dans la région en 1836 jusqu’à son martyre en 1839.

Petrus et son père furent arrêtés, en 1840, mais soudoyèrent leurs gardiens et furent relâchés.

Petrus fut un de ces Catholiques qui traversèrent la Mer Jaune dans une barque en bois pour accompagner Kim Tae-gŏn Andreas, alors diacre, à son ordination sacerdotale à Shanghai. Ils revinrent de la même façon. Cette traversée représente au bas mot six-cents kilomètres. Le retour se fit avec en plus l’évêque Ferréol et le père Daveluy.

En Corée, Petrus aida le père Kim Andreas dans son travail apostolique. Il se maria à trente-six ans et vécut dans un faubourg au sud de Seoul, traduisant des livres religieux et fabriquant des chapelets. Il était si bon que beaucoup, même parmi les non-catholiques, venaient lui demander des conseils.

Il n’était pas catéchiste, mais reçut de Mgr Berneux le pouvoir de conférer le baptême, à l’instar d’un diacre. Le même évêque lui confia la même petite imprimerie où travaillait Chŏn Chang-un Ioannes Baptista. Pendant quatre ans, beaucoup de livres furent ainsi imprimés.

Quand Mgr Berneux fut arrêté, on voulut arrêter aussi Petrus, mais il s’était caché, avec sa fille et son gendre. On l’arrêta plus tard, et on lui infligea de pénibles tortures. Il confessa courageusement sa foi et fut battu tellement violemment, qu’on voyait les os de ses jambes..

Le 9 mars 1866, il fut conduit à la Petite Porte Occidentale pour être décapité, en même temps que son ami Chŏn Chang-un Ioannes Baptista.

Il faut ajouter que Petrus fut encore plus torturé que les autres. Il avait cinquante-trois ans lors de son martyre.

Comme Ioannes Baptista, son dies natalis est le 9 mars.

Il fait partie des cent-trois Martyrs Coréens béatifiés ensemble en 1968, canonisés ensemble en 1984, et fêtés ensemble le 20 septembre.

 

 

 

Frano Gjini

1886-1948

 

Frano Gjini naquit le 20 février 1886 à Shkodër (Albanie).

Après le collège Saint-François-Xavier tenu par les Jésuites, il étudia la philosophie et la théologie à Rome et fut ordonné prêtre en 1908.

Il exerça ses fonctions sacerdotales à Laç i Kurbinit, Vlora et Durrës.

En 1930 il fut nommé évêque de Durrës puis, en 1932, évêque-abbé de Mirdita.

En 1945, quand s’était déchaînée la persécution du régime communiste envers l’Eglise catholique, il fut nommé délégué apostolique pour l’Albanie, une charge qui jusqu’alors était confiée à un Italien.

En 1946, il fut nommé évêque de Lezhë.

Mgr Gjini fut arrêté le 18 novembre 1946, sous l’accusation de collaborer avec le Vatican et les Anglo-Américains ainsi que pour avoir favorisé l’introduction d’armes dans le couvent franciscain pour préparer un soulèvement contre le régime communiste (les armes avaient été placées préalablement par un traître).

Dans la cellule de la prison, se trouvaient plusieurs autres ecclésiastiques, mais Mgr Gjini reçut un traitement tout spécial : on expérimenta sur son corps toutes sortes de tortures, un martyre qui dépassa l’entendement humain.

Après seize mois d’ «enquête», et ayant inflexiblement refusé d’adhérer à une Eglise nationale séparée de Rome, Mgr Frano Gjini fut abattu, le 11 mars 1948.

Frano Gjini fut béatifié en 2016, et inscrit au Martyrologe le 11 mars.

 

 

 

Anton Zogaj

1908-1948

 

Anton Zogaj naquit le 26 juillet 1908 à Kthellë (Mirditë, Albanie).

Après le Séminaire Pontifical Albanais (et peut-être aussi une université en Autriche), il compléta ses études à l’Université Grégorienne de Rome, hébergé au Séminaire Pontifical Français.

Ordonné prêtre en 1932, il fut secrétaire de son évêque, Vinçenc Prennushi (v.19 mars), et curé de la cathédrale.

(Pour les dates suivantes, on se réfère à l’article de Wikipedia en albanais, ajoutant entre parenthèses les dates trouvées sur d’autres sources).

Il fut arrêté à Durrës le 18 mai 1947 (1946 ? 1948 ?).

Anton resta en prison plusieurs mois, subissant les habituels interrogatoires et les vexations imposées aux prêtres persécutés. Des jours durant, il fut enfermé dans un ancien local de toilettes infect. Finalement, ayant refusé de révéler le secret de la confession, il fut fusillé sur une plage de Durrës, le 9 mars 1948 (31 décembre 1946 ? 1947 ? 1948 ?).

Anton Zogaj fut béatifié en 2016, et restera provisoirement inscrit au Martyrologe le 9 mars.

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8 mars 2024 5 08 /03 /mars /2024 00:00

 

08 MARS

 

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S Quintillus (Quirillus), évêque à Nicomédie et martyr.

Ss Cyrille (évêque), deux Rogat, Félix, Béate, Hérénie, Félicité, Urbain, Silvain et Mamille, martyrs en Afrique. 

III.

S Pontius, diacre à Carthage, auteur de la vie de s. Cyprien.

Ste Cléopatronie, vierge en Asie, possédée pendant dix-huit ans, guérie par s. Vivence lors de son exil.

IV.

Ss Apollonius et Philemon, Arianus et Theoticus, martyrs à Antinoé ; Apollonius, solitaire en Thébaïde, convertit Philémon, un joueur de flûte, puis le juge Arianus et les gardes Theoticus et ses compagnons ; ils furent précipités en mer.

V.

S Provinus, évêque à Come, adversaire de l’arianisme.

VI.

S Senan, fondateur, abbé et premier évêque à Iniscathay.

VII.

S Félix, prêtre en Bourgogne, évêque à Dunwich, fondateur présumé de l’université de Cambridge. 

S Sauman (Psalmod), irlandais, ermite près de Eymoutiers ; son surnom lui vient de la pratique de la psalmodie.

IX.

S Theophylactos, évêque à Nicomédie, exilé par les iconoclastes.

S Humfroy, évêque à Thérouanne.

S Litifredo, évêque à Pavie.

X.

S Antoine de Froidemont, ermite près de Luxeuil.

XI.

S Duthac (Dubthac), évêque à Ross, empli de zèle pour le sacrement de Réconciliation.

S Veremundus, abbé à Irache, thaumaturge, grand dévôt de Notre-Dame. 

XII.

S Etienne d’Obazine, fondateur et abbé.

XIII.

B Wincenty Kadłubek, docteur de l’université et évêque à Cracovie, très dévôt de l’Eucharistie ; il renonça à sa charge et partit pieds nus chez les cisterciens à Jędrzejów. 

XVI.

S João Cidade de Dieu, portugais, thaumaturge, fondateur, sans l’avoir voulu, des Frères de Saint-Jean-de-Dieu, pour le soin des malades ; patron des hospitaliers et des malades, protecteur des infirmiers.

XVII.

B Joachim Kuroemon, laïc japonais martyr, béatifié en 2008.

XX.

B Manuel Faustino Miguéz González (1831-1925), prêtre espagnol des “Scolopi”, fondateur de la congrégation de la Divine Bergère, pour aider les jeunes filles voulant accéder aux études, béatifié en 1998, canonisé en 2017.

Pontius de Carthage

† 262

 

Dans sa Vita de s.Cyprien, Pontius donne à l’occasion quelques détails sur sa propre personne, mais très discrètement.

On ne connaît donc pas sa famille, sa naissance, les circonstances de sa conversion et de son baptême.

L’évêque s.Cyprien de Carthage (v. 14 septembre) l’ordonna diacre et se l’attacha. Ce fut là que Pontius devint le bras droit, le soutien, l’ami de l’évêque persécuté, exilé, souffrant.

Pontius avait une vie de prière et de mortification, et suivit désormais Cyprien partout où il devait aller. Il le consola dans ses peines, l’assista dans ses nécessités, se cacha avec lui au début de la persécution de Dèce, puis l’accompagna dans son exil à Curube et à son retour.

Dieu n’en fit pas le compagnon de martyre de l’évêque, lui permettant ainsi de rédiger la Vita dans son intégralité.

On ne sait d’ailleurs pas quelle fut sa fin qui eut lieu vers 262 ; d’aucuns l’ont rendu martyr, mais sans preuve suffisamment étayée.              

Saint Pontius de Carthage est commémoré le 8 mars dans le Martyrologe Romain.

 

 

Apollonius et Philemon de Thébaïde

† 311

 

Nous sommes vers 311, où sévit encore la persécution de Dioclétien.

En Egypte, un solitaire de la Thébaïde nommé Apollonius, eut le zèle de visiter les chrétiens pour les encourager à persévérer dans la foi, même jusqu’au martyre. Il fut à son tour jeté en prison.

Des visiteurs venaient se moquer des prisonniers chrétiens ; en particulier un joueur de flûte et comédien, nommé Philemon, qui se divertissait à insulter Apollonius de tous les noms possibles : criminel, impie, séducteur. Patient, Apollonius se contentait de répondre aimablement : Que Dieu aie pitié de toi !  

Ces paroles douces touchèrent le cœur de notre comédien, qui alla personnellement déclarer sa foi au juge en l’interpellant : Quelle erreur de punir ces gens qui n’enseignent et ne font aucun mal.  

Le juge convoqua devant lui Apollonius et Philemon et ordonna de les faire brûler vif sur la place publique. Au dernier moment, une pluie éteignit le feu, provoquant la conversion et du juge, Arianus, et des badauds.

Le préfet d’Egypte aurait eu vent de l’événement et aurait fait précipiter en mer Apollonius, Philemon et leur juge converti, Arianus.         

Saints Apollonius et Philemon, mais non Arianus, sont commémorés le 8 mars dans le Martyrologe Romain.

 

 

Provinus de Come

† 420

 

Provinus (ou Probinus), disait-on, était originaire de Pruvinum (act. Provins, Seine-et-Marne). Le jeu de mots est peut-être facile.

C’est s.Ambroise qui l’envoya auprès de s.Felix, le premier évêque de Come, pour aider celui-ci dans l’œuvre d’évangélisation.

D’après la liste officielle du diocèse de Come, Provinus en fut donc le deuxième évêque.  

Il fut élu en ou peu après 391.

Un de ses grands soucis fut de débarrasser son diocèse de l’erreur arianiste.    

Il fit en outre édifier une église dédiée aux saints Gervais et Protais (v. 19 juin). 

Il décéda en 420.

Saint Provinus de Come est commémoré le 8 mars dans le Martyrologe Romain.

 

 

Senan d’Iniscathay

488-544

 

Senan naquit vers 488 à Magh Lacha (Kilrush, Clare, Irlande), de Erean et Corngella. Cette naissance leur avait été annoncée par s.Patrice (v. 17 mars).

Après une première période d’études et de vie érémitique auprès d’un saint homme nommé Cassidan, Senan fut envoyé à Naul, l’abbé de Kilmanagh.

Successivement, il fit un long pèlerinage qui le conduisit à Menevia puis à Rome ; au retour, il s’arrêta longtemps à Tours, puis en Grande-Bretagne.

Rentré en Irlande, il fonda plusieurs églises : Inniscarra, Inisluinghe, Deer Island, Inis Mór, Mutton Island.

Cette longue activité l’a fait placer au nombre des «douze apôtres d’Irlande», disciples de s.Finnian, (v.  12 décembre) : les deux Ciarán, les deux Brendan, les deux Colomba, Mobhi, Ruadhan, Ninnidh, Lasserian, Canice, qui ne sont pas tous mentionnés dans le Martyrologe.

Vers 535 - et sur invitation d’un Ange - il fonda le monastère de Iniscathay sur l’embouchure du Shannon sur l’île Scattery, ainsi que deux autres monastères pour les femmes.

Sa sainteté et ses miracles attirèrent des disciples, et des amis qui vinrent le rencontrer, comme Ciarán et Brendan, nommés plus haut.

Après avoir exercé sa charge d’abbé, il fut, croit-on, appelé à la dignité épiscopale, mais on ne sait de quel siège il s’agit, peut-être Tempelshannon (en gaélique : Teampul Senain).

Avant de mourir, il tint à rendre visite à son premier maître, Cassidan, au couvent de Killeochaile. C’est là qu’il mourut, le 1er mars 544 (ou 560 ?).

Ses funérailles eurent lieu le 8 mars suivant, son dies natalis au Martyrologe Romain, qui ne mentionne pas son épiscopat.

 

 

Félix de Dunwich

† 647

 

Ce Félix n’était pas anglais, c’est pourquoi on l’écrit sous la forme française, avec l’accent.

Il aurait été déjà moine et prêtre dans quelque monastère de Bourgogne (peut-être Luxeuil) ; on pourrait aussi supposer qu’il ait été ce Félix évêque de Châlons-en-Champagne à cette époque.

Selon certains, c’est le roi Sigeberht qui l’appela pour amener à la conversion toute la population de l’Est Anglie ; selon d’autres, c’est l’archevêque Honorius de Canterbury qui, après l’avoir sacré évêque, l’envoya à ce même roi.

Et selon d’autres encore, Félix et Sigeberht firent ensemble le voyage de retour de France, où le roi avait été exilé.

Quoi qu’il en soit, Félix arriva dans son «diocèse» en 630 par la rivière Babingley et établit une première église à «Dommoc», qu’on a indentifié avec Dunwich, mais qui a maintenant complètement disparu sous l’effet de l’érosion.

Félix commença par construire un école où les enfants pourraient étudier les lettres, pour fournir ensuite de bons professeurs au roi Sigeberht ; cette école pourrait avoir été à Soham ou à l’origine de l’université de Cambridge ; on attribue à Félix l’érection de l’abbaye de Soham, d’une église à Reedham. S.Bede (v. 25 mai) affirme que Félix débarrassa l’Est Anglie «de toute injustice et de tout malheur» (from long-standing unrighteousness and unhappiness), très favorablement aidé en cela par le roi Sigeberht.

Félix mourut à Dunwich le 8 mars 647 ou 648, après un épiscopat de dix-sept ans. Ses reliques, portées à Soham, furent profanées par les Vikings, qui détruisirent l’église, et ce qui en resta fut porté à l’abbaye de Ramsey.

Saint Félix de Dunwich (ou de Bourgogne) est commémoré le 8 mars dans le Martyrologe Romain.

Theophylaktos de Nicomédie

† 845

 

Théophylacte était né en Asie, bien probablement en Asie Mineure (act. Turquie). Il est parfois nommé aussi Théophile.

Il fut élevé à Constantinople, dont le patriarche était l’illustre Tarasios (v. 18 février) ; il en devint le disciple et, plus tard, l’ami fidèle.

Il prit l’habit des moines basiliens.

En 816, il fut nommé évêque de Nicomédie (act. İzmit, grande banlieue d’Istanbul, Turquie NO).

Appelé alors par le nouveau patriarche de Constantinople pour s’exprimer en face des iconoclastes et de l’empereur Léon l’Arménien, Théophylacte fut alors relégué en exil à quelque six-cents kilomètres de sa ville, en Caria (auj. Turquie SO). Il allait y rester jusqu’à la mort, donc pendant trente ans.

De cet évêque, on a écrit qu’il fit construire des églises, des hospices ; qu’il soignait lui-même les lépreux.

C’est en exil que l’évêque mourut, le 8 mars 845.

Saint Théophylacte est maintenant commémoré le 8 mars dans le Martyrologe Romain.

 

 

Humfroy de Thérouanne

† 871 

 

Humfroy (en latin Humfridus ou Huntfridus) naquit, dit-on, sur les bords de la Meuse.

Tout jeune, il entra au monastère de Prüm (Trèves). Ses grandes vertus et sa sagesse l’indiquèrent, en 856, pour succéder à s.Folcuin, l’évêque défunt de Thérouanne (v. 14 décembre). C’était le quinzième évêque de ce siège.

Il se sentait indigne de cette mission, mais s’en acquitta avec générosité, se méritant les éloges unanimes.

Les invasions normandes apportèrent la désolation dans le pays, et la destruction de Thérouanne en 866. Retiré un moment dans la solitude, Humfroy sollicita du pape d’être relevé de sa charge, mais le pape au contraire l’y confirma.

A cette mission s’ajouta la sollicitude pour l’abbaye de Sithiu, à la mort de l’abbé.

Humfroy, qui était très marial, fit solenniser la fête de l’Assomption.

Il mourut le 8 mars 871, après quinze années d’épiscopat.

Des reliques d’Humfroy, portées à Ypres en 1553, furent brûlées lors de la révolte des Gueux en 1563.

Saint Humfroy est commémoré le 8 mars dans le Martyrologe Romain.

 

 

Litifredo de Pavie

† 874

 

Il fut le trente-et-unième évêque de Pavie (Italie NC), entre Liutardo et Giovanni. On sait seulement que ce dernier commença son épiscopat en 874.

C’est actuellement tout ce que nous savons de lui.

Saint Litiphridus est commémoré le 8 mars dans le Martyrologe Romain.

 

 

Veremundus d’Irache

1020-1092

 

Veremundus vit le jour en 1020 à Arellano (Navarre, Espagne N).

A dix ans, il fut confié à la direction de son oncle, Munius, abbé du monastère bénédictin d’Irache.

Après sa profession, il fut chargé de distribuer l’aumône à la porte du monastère, ce qu’il fit généreusement, et avec la bénédiction divine : les aumônes semblaient se multiplier dans ses mains. En période de famine, on le vit nourrir jusqu’à trois-mille hommes en un jour, … un peu moins que Notre-Seigneur, qui en nourrit cinq-mille (cf. Mc 6:44).

Un jour que Veremundus dissimulait des morceaux de pain sous sa tunique, pour aller les donner discrètement, son abbé soupçonna quelque fraude et lui demanda ce qu’il portait : Des copeaux de bois à brûler, répondit Veremundus qui montra son «larcin» : les morceaux de pain étaient effectivement devenus des copeaux de bois.

Veremundus, déjà paré de sa réputation de saint et de thaumaturge, fut élu abbé vers 1052. 

Il fut chargé par le pape de réformer l’Eglise d’Espagne et s’appuya sur les usages de son abbaye pour restaurer et développer le rite mozarabe. Il développa beaucoup la dévotion mariale.

En 1080, des bergers virent tomber près de l’abbaye une pluie d’étoiles. On fit des fouilles et l’on découvrit une ancienne statue de la Vierge Marie (qu’on prétend être maintenant celle vénérée au Puy). Le roi Sancho Ramírez, ami de Veremundus, y fit alors construire une ville nouvelle, qu’il plaça sous la protection de Notre-Dame, en lui donnant le nom de Estella, étoile (les Basques ont traduit : Lizarra), actuellement jumelée avec St-Jean-Pied-de-Port (Pyrénées Atlantiques).

Veremundus s’éteignit le 8 mars 1092.

Saint Veremundus est commémoré le 8 mars dans le Martyrologe Romain.

 

 

Etienne de Viel-Jo (Obazine)

1085-1159

 

Il faut d’abord expliquer ici que l’actuelle localité d’Aubazines (Corrèze) devrait s’écrire Aubazine, l’s étant une erreur typographique récente. Autrefois, elle s’écrivait Obazine, du latin Opacina.

Etienne naquit vers 1085 à Viel-Jo (act. Vielzot), d’Etienne et Gauberte, de braves gens pas riches.

Ils confièrent leur fils à des clercs de Pleaux, où Etienne fit de rapides progrès dans la science de l’Ecriture. Il fut ordonné prêtre.

Sur l’avis d’un autre Etienne, de Mercœur, il choisit la vie solitaire. Après avoir donné aux pauvres le peu qu’il avait, et salué ses parents et amis, il s’installa vers 1125 dans un endroit très reculé, Obazine. Il n’était pas seul : un certain Pierre l’accompagnait, poussé par le même désir de vie erémitique. Un autre encore, Bernard, se joignit à eux.

Leur vie était très rude, très mortifiée, ils avaient à peine de quoi manger.

Ils demandèrent conseil à l’évêque de Limoges, qui leur donna la permission de construire un véritable monastère, en suivant les traditions des anciens moines. Il reconnut la fondation en 1127.

Des terres furent acquises au vicomte d’Archambault ; un canal fut construit pour amener l’eau ; on l’appelle le canal des moines.

Quelques disciples se joignirent à eux. Le monastère s’éleva. Qui serait le supérieur ? Etienne préférait Pierre, Pierre s’inclinait devant Etienne. L’évêque de Chartres, légat du Saint-Siège passant par là, imposa sa décision impartiale : Etienne serait à la tête du monastère.

Pour assumer sa fonction et obtenir la grâce de Dieu, Etienne jeûna chaque jour. Sa règle était sévère ; elle s’inspirait de celle pratiquée chez les Cisterciens de Dalon ; étant allé consulter Guigues, prieur de la Grande Chartreuse, il décida d’affilier le monastère d’Obazine à Cîteaux.

La communauté s’élargit. Elle se doubla d’une importante communauté de femmes qui voulaient suivre la même règle. Celles-ci s’installèrent à Coyroux.

En 1146 probablement, Etienne rencontra à Reims le pape Eugène III (ancien cistercien), qui y présidait un concile, et demanda au Pontife d’affilier son œuvre à Cîteaux. Le pape accéda à sa demande et lui fit envoyer quelques moines de Cîteaux. L’affiliation fut prononcée en 1147.

La première pierre de l’église abbatiale fut posée en 1156.

Obazine essaima et fonda des abbayes-filles à La Valette, Bonnaigue.

Etienne mourut à Bonnaigue, le 8 mars 1159.

Son culte fut confirmé localement par l’évêque de Tulle en 1885.

Le Martyrologe Romain mentionne le bienheureux Etienne au 8 mars.

 

 

Wincenty Kadłubek

1150-1223

 

Wincenty Kadłubek naquit vers 1150 près de Sandomierz (Pologne), dans une riche famille de Karwów (Opatów).

Entre 1167 et 1185, il étudia à Paris et à Bologne, et reçut le doctorat en théologie. A son retour, il fut ordonné prêtre et nommé prévôt du chapitre de la cathédrale de Sandomierz, ainsi que chroniqueur, chapelain et chancelier du duc Casimir II.

Ainsi naquit la Chronica Polonorum, en latin, écrite entre 1205 et 1207.

A cette date en effet, il fut nommé évêque de Cracovie, élection confirmée par le pape en 1208.

Le nouvel évêque combattit la corruption des mœurs, remit en honneur la piété et travailla à annoncer la Bonne Nouvelle aux peuplades du Nord.

Il utilisait tous ses revenus pour venir en aide aux pauvres, ou embellir les églises. Il établit une fondation pour l’entretien d’une lampe perpétuelle qui brûlerait devant le Saint-Sacrement de la cathédrale.

En 1218, en présence de tout le chapitre, il se dépouilla de ses insignes épiscopaux et, pieds-nus, rejoignit le monastère cistercien de Jędrzejów, comme simple moine au milieu des moines.

Wincenty mourut dans ce monastère le 8 mars 1223.

Il fut béatifié en 1764.

 

 

João Cidade (Jean de Dieu)

1495-1550

 

Il naît en 1495 à Montemor-o-Novo au Portugal, au sein d’une famille pauvre : André et Teresa sont de simples artisans, très chrétiens. Quand il n’a pas encore dix ans, il décide de quitter la maison pour rejoindre un prêtre espagnol qui s’était arrêté chez ses parents. Sa mère en meurt de tristesse, non sans avoir révélé à son mari qu’elle avait été divinement informée que l’Ange Gardien veillait sur leur fils. Le père alors se fait religieux à Lisbonne.

L’enfant rejoint le prêtre. Arrivés à Oropesa (province de Tolède), l’enfant n’en pouvant plus, le prêtre le confie à un berger, où il passera toute sa jeunesse. Désormais, notre João portugais sera pour tous Juan.

Les bergers donnent à Juan une excellente formation chrétienne et intellectuelle, il devient l’intendant de la ferme et fait prospérer l’affaire, au point que le patron lui propose sa fille en mariage. Préférant se consacrer, Juan refuse et pour éviter d’autres instances, part secrètement. Il s’engage dans l’armée.

Là, il perd peu à peu toutes ses bonnes habitudes, mais lors d’un grave accident de cheval, il invoque Marie, qui le ramène sain et sauf au camp ; puis, accusé d’un vol, il est condamné à être pendu, mais grâcié à condition de quitter la garnison. Il retourne chez ses bergers, où de nouveau les affaires sont florissantes ; mais il est frappé de constater comment les bêtes sont si bien soignées, alors que les pauvres sont laissés pour compte.

De nouveau sollicité en mariage, de nouveau engagé dans l’armée, de nouveau licencié, il part retrouver ses parents au Portugal, qu’il ne trouve évidemment pas, car on l’informe qu’ils sont morts. Il part au secours des chrétiens prisonniers des Maures en Afrique.

En chemin, il essaie de reprendre son métier de berger, sans attrait. A Gibraltar, il s’embarque avec le comte Sylva, expulsé d’Espagne, et arrive à Ceuta. Là, il se fait l’infirmier du comte et de toute la famille, tombés malades. Juan, pour survivre, vend ses vêtements, travaille de ses mains comme tailleur de pierre.

Il aurait bien voulu apostoliser les chrétiens apostats, mais un saint religieux de l’endroit a la bonne inspiration de l’en dissuader à cause du trop grand danger, et lui conseille de retourner promptement en Espagne pour trouver à quoi Dieu le destinait.

A Gibraltar, il prie, se confesse et se fait vendeur d’images pieuses, pensant par là opérer des conversions. Un jour il rencontre un petit garçon pieds-nus, qu’il prend sur ses épaules : c’était l’Enfant-Jésus, qui lui annonçe : Jean de Dieu, Grenade sera ta croix !

A Grenade, il rencontre Juan de Ávila, l’apôtre de l’Andalousie (v. 10 mai), dont un sermon provoque en lui un profond revirement de pensée. Il se met à courir en tous sens, criant partout Miséricorde, Seigneur, au point qu’on croit bon de l’enfermer. C’est le même Juan de Ávila qui intervient pour le persuader de changer d’attitude et de se donner à quelque bonne œuvre. Nous sommes en 1537. 

Il va en pèlerinage à Notre-Dame de Guadalupe, où la Vierge lui apparaît, et lui remet l’Enfant-Jésus avec des langes pour le couvrir. Juan comprend qu’il devra vêtir et assister les pauvres de Jésus-Christ.

Il va retrouver Juan de Ávila, qui lui donne une première règle de conduite et l’engage à retourner à Grenade. A force d’aumônes, il réussit à louer une petite maison qu’il transforme en hôpital ; nous sommes en 1538, et Juan a quarante-trois ans.

La maison est vite remplie. Juan assiste les malades, et demande le concours des prêtres pour soigner aussi leurs âmes. 

Quand il part demander l’aumône, car il n’a rien, il crie : Qui veut se faire du bien à soi-même ? Pour l’amour de Dieu, mes frères, faites-vous du bien à vous-mêmes ! Sa persévérance est amplement récompensée. Il revient avec des provisions, mais aussi avec quelque nouvel infirme.

Un jour, cet infirme se révéla être Jésus-Christ en personne : Juan voit ses pieds saigner et émettre des rayons lumineux, puis toute la maison est illuminée. Jésus dit à Juan : Je te visite pour te témoigner ma satisfaction du soin que tu prends de mes pauvres. Tout le bien que tu leur fais en mon nom, c’est à moi que tu le fais.

Il est un jour reçu par l’évêque de Tuy, qui le convainc de porter le nom que lui avait donné l’Enfant-Jésus à Gibraltar : Jean de Dieu, Juan de Dios, en portugais João de Deus, et lui remet un habit religieux, pour qu’on le reconnaisse bien comme consacré à Dieu.

Ses deux premiers compagnons sont deux ennemis acharnés, qu’il réconcilie. Puis se présentent beaucoup de postulants, qu’on appelle d’abord les Frères de la Charité, aujourd’hui Ordre hospitalier de Saint Jean de Dieu. Un nouvel hôpital est ouvert dans un ancien monastère de Grenade, puis un autre à Valladolid. Maintenant Juan est bien connu : on l’aide. Il a bien parfois des dettes, mais des bienfaiteurs interviennent au bon moment. 

Proche de la mort, il a encore la volonté et la force miraculeuse de se lever et d’aller persuader un malheureux tisserand, désespéré et ruiné, de ne pas se pendre.

Il meurt le 8 mars 1550, le jour de ses cinquante-cinq ans. Il est béatifié en 1630, canonisé en 1690.

En 1886, Il a été proclamé par Léon XIII patron des malades, des hôpitaux et des ordres hospitaliers et, en 1930, par Pie XI, patron des infirmiers, infirmières ainsi que des imprimeurs, relieurs et libraires. Les personnes alcooliques sollicitent son aide pour guérir leur dépendance.

Ioachim Kurōemon

1559-1624

 

Ioachim était né vers 1559 à Aki, dans le golfe de Shikoku.

La communauté catholique japonaise était florissante en ce 16e siècle. Elle pouvait compter plus de deux-cent mille fidèles.

C’est un missionnaire Jésuite qui baptisa Ioachim en 1608.

Devenu catéchiste dans le diocèse de Hiroshima, il fut martyrisé pour sa foi le 8 mars 1624, par la crucifixion, à Hiroshima.

Il fait partie des cent-quatre-vingt-huit Martyrs japonais béatifiés en 2008.

 

 

Manuel Faustino Míguez González

1831-1925

 

Né le 24 mars 1831 à Xamirás, un quartier de Acedebo del Rio (Ourense, Celanova, Espagne NO), Manuel était le quatrième enfant d’une famille de travailleurs chrétiens et fut baptisé le lendemain, jour de l’Annonciation, avec le nom de Manuel, car c’est en ce 25 mars qu’on fête l’Incarnation de l’Emmanuel, Dieu parmi nous.

Matins et soirs, la famille se réunissait autour du feu pour prier.

Après ses études latines à Ourense, il entra en 1850 chez les Piaristes de Saint-Fernand à Madrid, avec le nom de Faustino de l’Incarnation.

Dans les années de son sacerdoce, le gouvernement chercha à abattre le christianisme, par la fermeture des séminaires, par mille vexations sur les enseignants, mais Faustino restait toujours fidèle à son engagement, coûte que coûte. 

Il fut ordonné prêtre en 1856 et sa première destination fut Guanabacoa (Cuba). C’est là-bas qu’il remarqua comment les habitants utilisaient les vertus médicinales des plantes et s’y intéressa beaucoup.

Puis, durant sa longue vie presque séculaire, il dédia environ cinquante années à l’éducation des jeunes : à San Fernando, Getafe, Monforte de Lemos, Celanova, El Escorial, Sanlucar de Barameda.

Il n’enseigna rien d’autre que : Latin, Histoire, Algèbre, Géométrie, Rhétorique, Agriculture, Physique, Chimie, Histoire naturelle, Hygiène, Français.

Son cœur était «empli de Dieu». Il travailla au milieu des enfants et des jeunes, des pauvres, des malades, en un mot : de tous ceux qui venaient bénéficier de la douceur de son âme.

Non seulement il enseignait, il confessait et savait donner de bons conseils, mais il fit à son tour des recherches sur les vertus médicinales des plantes et s’occupa beaucoup des malades. Il y a à Getafe un Laboratoire Miguez.

Il se trouvait à Sanlucar de Barrameda, lorsqu’il prit conscience de la marginalisation des femmes. En 1885 il fonda l’Institut calasanctien des Filles de la Divine Pasteure, cette «pasteure» étant la Vierge Marie, tandis que l’adjectif «calasanctien» s’inspire de José de Calasanz (v. août). La nouvelle congrégation devait travailler à l’éducation intégrale de la femme, considérée comme l’âme de la famille et de la société. Il voulait donner Marie comme modèle total à ces jeunes filles, dans l’humilité, la simplicité, et le désir de conduire les âmes à Dieu, comme Marie à Jésus.

Il considérait qu’il avait reçu le don de la vie pour la donner généreusement à son tour.

Il répétait toujours : Laissez faire Dieu, il sait ce dont nous avons besoin.

Il passa les vingt-cinq dernières années de sa longue vie à Getafe, éloigné de sa fondation. Mais celle-ci continua de prospérer et s’étendit d’abord dans les provinces d’Andalousie, de Castille et de Galice, puis au Chili et en Argentine.

Il mourut le 8 mars 1925, chargé d’années et de mérites, et fut béatifié en 1998. Il fut canonisé en 2017.

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7 mars 2024 4 07 /03 /mars /2024 00:00

María Antonia de Paz y Figueroa

1730-1799

 

María Antonia de Paz y Figueroa naquit en 1730, de famille aisée, à Silipica (Santiago del Estero, Argentine).

Ayant reçu une bonne éducation chrétienne, elle conçut dès l’âge de quinze ans, en 1745, le désir de se consacrer entièrement à Dieu. Au contact avec la spiritualité ignatienne, elle vêtit le simple habit de consacrée et, avec d’autres amies, commença à vivre en communauté dans un local appelé «Beaterio».

En 1767, comme on le sait, l’Ordre des Jésuites fut interdit, et les Religieux expulsés. María Antonia cependant se refusa à abandonner la pratique des Exercices Spirituels de s.Ignace (v. 31 juillet), appuyée en cela par son directeur spirituel et par l’évêque. Elle se mit donc à parcourir les villages et les quartiers des villes, appelant, convoquant, et prêchant d’exemple. Elle eut aussi une remarquable aptitude à gérer l’accueil des participants, leur garantissant le vivre et le couvert durant toute la session.

Le résultat ne se fit pas attendre : nombreuses furent les conversions, les retours à la foi, la pratique des vertus, le renouveau spirituel des prêtres et des religieux.

En 1779, María Antonia parcourut des milliers de kilomètres à pied, rejoignant Jujuy, Salta, Tucumán, Catamarca, la Rioja, Córdoba, et finalement Buenos Aires ; là, elle se heurta à l’opposition des représentants impériaux, mais l’évêque la reçut avec grande bienveillance et lui concéda d’amples facultés.

Cette spiritualité rencontra en réalité un immense succès, et gagna même la France. María Antonia profita de cet avantage, nous dit-on, pour introduire et développer la dévotion à s.Gaétan (v. 7 août), patron des sans-emplois, des ouvriers, dont la fête est une sorte de fête nationale religieuse en Argentine.

Cette fondatrice savait être aussi discrète qu’efficace. Elle sut mettre en contact les riches et les pauvres sans créer d’affrontements ; elle savait demander conseil avant de décider ; elle-même marchait pieds-nus et portait le cilice.

En 1790, elle se rendit jusqu’en Uruguay. De retour à Buenos Aires, elle fit construire une maison d’exercices spirituels plus ample, y installant les femmes qui collaboraient avec elles et qui devinrent alors les Filles du Divin Sauveur. María Antonia adopta le nom religieux de María Antonia de Saint-Joseph, mais le peuple la connaissait mieux sous le nom de Mama Antula. La maison de Buenos Aires est toujours active aujourd’hui.

María Antonia s’éteignit après une courte maladie, le 7 (ou le 6 ?) mars 1799.

María Antonia de Paz y Figueroa fut béatifiée en 2016, canonisée en 2024 et inscrite au Martyrologe le 7 mars.

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7 mars 2024 4 07 /03 /mars /2024 00:00

07 MARS

 

III.

Stes Perpétue et Félicité, très illustres martyres livrées aux bêtes à Carthage, dont les noms sont au Canon Romain ; avec elles souffrirent aussi Satyrus, Saturninus, Revocatus et Secundinus.

IV.

S Eubulius, venu de Batanée, martyr à Césarée de Palestine, mis en pièces par un lion.

Ss Basilios, Eugenios, Agathodoros, Elpidios, Ætherios, Kapiton, Ephraim, évêques martyrs en Chersonèse.

S Paul le Simple, devenu disciple de s. Antoine en Egypte après avoir été trompé par son épouse ; son obéissance le rendit capable de chasser les démons.

V.

S Gaudiosus, évêque à Brescia.

VII.

S Easterwin, abbé à Wearmouth.

IX.

S Ardon (Smaragde), disciple de s. Benoît à Aniane, qu’il remplaça en son absence.

S Paulos, évêque à Prusa, mort en exil à cause de l’iconoclasme.

XIII.

S Tommaso d’Aquino, illustre dominicain italien, professeur à la Sorbonne, fêté le 28 janvier, jour de sa translation à Toulouse.

XVI.

Bx John Larke, John Ireland, prêtres, et German Gardiner, martyrs anglais à Tyburn.

XVIII.

Ste Anna Maria Redi (Teresa-Margherita du Sacré Cœur de Jésus), carmélite à Florence.

Bse María Antonia de Paz y Figueroa, religieuse argentine, grande propagatrice des Exercices Ignatiens et fondatrice des Filles du Saint-Sauveur, béatifiée en 2016, canonisée en 2024.

XIX.

S Nam Chong-sam Ioannes Baptista, fonctionnaire coréen, décapité, canonisé en 1984 et fêté avec tous ses compagnons le 20 septembre. 

Ss Siméon Berneux, évêque, Just Ranfer de Bretenières, Louis Beaulieu et Pierre-Henri Dorie, prêtres des Missions Etrangères, martyrs en Corée, canonisés en 1984 et fêtés également le 20 septembre.

B José Olallo Valdés, orphelin cubain, des Hospitaliers ; il renonça au sacerdoce ; béatifié en 2008.

XX.

B Leonid Fëdorov (1879-1935), évêque ukrainien converti au catholicisme, deux fois arrêté, mort après douze années de détention, béatifié en 2001.

B Manuel Vilchez Montalvo (1889-1937), prêtre espagnol martyr, béatifié en 2022.

Bx Maisam Pho Inpèng (1934-1970) et Luc Sy (1938-1970), laïcs martyrs au Laos, béatifiés en 2016.

Perpetua et Felicitas

† 203

 

Le martyre de ces deux femmes à Carthage (Afrique du Nord) est très célèbre dans l’antiquité chrétienne.

Trois hommes furent martyrisés avec elles : Revocatus, Saturninus et Saturus.

Perpétue rédigea elle-même tous les préambules à son exécution. Elle obtint d’avoir avec elle son bébé, tandis que Félicité, enceinte de huit mois, se lamentait qu’à cause de l’attente de la naissance, elle tarderait à recevoir la couronne du martyre (car la loi romaine protégeait la Vie, et ne permettait pas de torturer une femme enceinte).

Félicité invoqua la Providence pour anticiper la naissance de son enfant : elle accoucha en effet d’une petite fille, qu’une chrétienne adopta.

Perpétue demanda au tribun d’avoir plus de considération pour les prisonniers : N’est-il pas de ton honneur que nous paraissions en bon état ? Le tribun rougit, ordonna de traiter plus humainement les prisonniers. Quant au geôlier, il se convertit.

Durant la prison, le père de Perpétue vint la supplier de renoncer à sa ténacité chrétienne, pour s’occuper de ses parents, de son bébé. On frappa même durement ce père, pour le chasser. Perpétue en fut très affligée.

Une fois condamnée avec les autres Martyrs, Perpétue remarqua avec soulagement que son bébé ne demandait plus le sein, de sorte qu’elle se sentit l’esprit entièrement libre.

Elle eut plusieurs visions : son petit frère Dinocrates, mort à sept ans d’un cancer au visage, fut bientôt libéré des souffrances du purgatoire grâce aux prières de Perpétue ; puis elle vit un esprit laid contre lequel elle lutta victorieusement : c’était le signe de son prochain martyre victorieux. Elle vit aussi une étrange échelle très haute, garnie de pointes et d’instruments de supplice, image des souffrances par lesquelles elle allait passer pour atteindre la gloire céleste.

La veille du combat, on offrait un dernier repas aux condamnés ; la salle était remplie de curieux. Un prisonnier leur dit : Vous paraissez touchés de notre destinée, demain vous battrez des mains à notre mort, vous applaudirez nos meurtriers. Plusieurs des païens restèrent interdits et se convertirent.

Saturninus et Revocatus furent attaqués et traînés par un léopard et un ours furieux ; Saturus fut seulement à peine tiré par un sanglier qui, juste avant, avait éventré le bourreau présent ; les femmes elles, furent attaquées par une vache furieuse. On dévêtit les femmes et on les mit dans un filet, mais le peuple lui-même protesta, voyant les mamelles de Félicité qui perdaient leur lait, et on leur remit leurs vêtements.

La vache souleva Perpétue avec ses cornes et la laissa retomber sur les reins ; elle attaqua aussi Félicité. Perpétue était constamment dans une sorte de ravissement et ne se rendait pas compte de la réalité. Elle demanda même quand enfin on l’exposerait à cette bête. Apercevant son frère et un catéchumène nommé Rusticus, elles les exhorta à rester fidèles.

Saturus, avant d’être blessé mortellement par un coup de dent de léopard, exhorta un soldat, nommé Pudens, à se convertir et, en signe d’amitié, lui remit l’anneau qu’il portait au doigt après l’avoir passé dans son sang.

Ensuite, les martyrs furent ramenés au centre du cirque et furent égorgés. Pour Perpétue, le gladiateur maladroit la manqua et elle guida elle-même sa main vers sa gorge.

 

Note. On pourra lire avec intérêt les lignes suivantes, extraites des Visions de la bienheureuse Anna Katharina Emmerick (v. 9 février), qui n’ont de valeur que celle qu’on doit accorder à des révélations particulières, selon les avertissements de l’Eglise. Rappelons-nous qu’Anna Katharina, stigmatisée, était absolument ignorante. Elle parlait durant ses visions, ou les racontait une fois revenue à elle, selon ce dont elle se souvenait. On constatera la profonde concordance entre ces visions et le document résumé ci-dessus, qui fut écrit par Perpétue et un témoin oculaire.

Je vis (Perpétue et Félicité) avec dix autres jeunes filles jouer dans un jardin de forme ronde… Au milieu du jardin était un pavillon rond sur le toit duquel on pouvait se promener. Il y avait au-dessus une statue blanche de la hauteur d’un enfant qui avait une main levée, l’autre baissée, et tenait quelque chose entre les deux.

J’appris que (Perpétue et Félicité) s’étaient promis de ne jamais se séparer et que souvent, dans leurs jeux, elles faisaient comme si elles étaient des chrétiennes qu’on martyrisait et qui ne voulaient pas se quitter même dans la mort. Sainte Monique dont j’ai une relique, m’a dit que la ville s’appelle Carthage.

Je vis que la mère de Perpétue était chrétienne en secret et savait quelle était la croyance de ses enfants. Je vis que les parents de Félicité, qui était plus jeune que Perpétue, étaient de très pauvres gens… Je vis souvent Perpétue aller les voir. Et je vis Perpétue dès sa jeunesse faire le bien et propager la foi chrétienne avec une hardiesse vraiment héroïque. Je la vis aussi, à cause de cela, courir des dangers auxquels elle échappait toujours. Les parents de Félicité étaient chrétiens en secret. Celle-ci était gracieuse et délicate et, à proprement parler, plus belle que Perpétue qui avait des traits un peu plus forts et plus marqués et quelque chose de hardi et de viril dans ses allures.… Perpétue n’était pas belle de visage, elle avait le nez court et un peu écrasé, les pommettes des joues larges et les lèvres retroussées comme beaucoup de personnes dans ce pays. Elle avait de longs cheveux noirs tressés autour de la tête… Toutes deux avaient le teint assez brun, comme tous les gens de ce pays, et leurs cheveux étaient noirs.… Je vis aussi leurs futurs maris : ils étaient très pieux, doux de caractère et chrétiens en secret.

Le mari de Félicité était un bon chrétien très pauvre. Ils allaient la nuit dans un lieu éloigné et caché… Ils étaient là très tranquilles, ils voilaient toutes les ouvertures et allumaient des flambeaux. Il y avait bien là une trentaine de personnes. Je n’y ai pas vu célébrer le service divin, on donnait seulement des instructions.

…Je vis dans la maison de Perpétue les maris des deux saintes faire leurs adieux à leurs femmes et s’enfuir. Ils échappèrent à la persécution… Le matin, au point du jour, je vis une troupe de soldats assaillir la maison où se trouvaient Perpétue, Félicité et la belle-mère de celle-ci. Perpétue et Félicité allèrent à leur rencontre et partirent avec eux pleines de joie. La belle-mère garda l’enfant et personne ne s’enquit d’elle. (Elles) furent alors conduites, accablées de coups et de mauvais traitements, dans une méchante maison, en attendant qu’on les menât dans la prison… J’ai vu venir le père de Perpétue : il finit par la frapper au visage. Elle parla avec beaucoup de gravité et souffrit tout avec patience.

Ceci… est un ossement d’un jeune garçon qui souffrit fort courageusement le martyre avec deux sœurs, son père et sa mère : il était en prison avec sainte Perpétue : il fut brûlé vif…

J’ai vu les saints dans une prison souterraine de forme ronde, dans laquelle ils étaient séparés les uns des autres par des grilles, en sorte qu’ils pouvaient s’entretenir ensemble et même se donner la main. Il faisait très sombre dans cette prison, cependant je vis de la lumière briller autour d’eux. Au-dessus de la prison était une vieille bâtisse. Chacun était assis seul dans sa cage. La porte de cette prison était comme une porte de cave qu’on levait. Il y avait en outre dans le plafond environ quatre ouvertures grillées. Outre Perpétue et Félicité, je vis quatre hommes. 

Perpétue avait avec elle son enfant qu’elle allaitait ; Félicité, qui était enceinte, se trouvait dans le cachot voisin. Perpétue était grande et imposante dans tous ses mouvements, elle était forte et bien faite. Toutes ces personnes avaient des cheveux noirs. Félicité était beaucoup plus petite, plus délicate et plus gracieuse. Perpétue parlait à tous nettement et énergiquement, et elle relevait le courage de tous les captifs.

Le courageux petit martyr était assis près de son père dans un compartiment à part ; sa mère avec les deux jeunes filles était dans un autre, séparé du premier par un mur à travers lequel je voyais.

Je vis avec les soldats un officier compatissant ; il portait souvent à Perpétue du pain ou quelque autre chose qu’elle distribuait à ses compagnons. Perpétue avait près d’elle un écrit qu’elle cachait soigneusement.

…Je vis les martyrs conduits au supplice. On les fit sortir de la prison entre deux rangs de soldats qui les poussaient de côté et d’autre d’une manière qui faisait pitié… Je vis ensuite qu’on les fit marcher lentement entre deux rangs de bourreaux qui leur déchiraient les épaules à coups de fouet. Pendant le martyre, sous les coups de la vache, je vis Perpétue comme absorbée dans une vision et n’ayant pas conscience de son supplice. Elle fut misérablement traînée de côté et d’autre et enfin lancée en l’air d’une manière effrayante. En retombant, elle mit son vêtement en ordre et sembla pendant un instant avoir la connaissance de ce qui se passait. Lorsqu’ensuite elle fut emmenée par des chemins de traverse dans une autre cour, je la vis demander si elle subirait bientôt son supplice. Elle était toujours en contemplation, elle ne savait rien de ce qui se passait. Il y avait de petits sièges au milieu de la place, on y traîna quelques-uns des martyrs et on leur perça la gorge. Il était affreux de voir combien Perpétue avait de difficulté à mourir. Le bourreau la frappa dans les côtes, puis au cou au-dessus de l’épaule droite : il fallut qu’elle conduisît sa main. Couchée par terre, elle étendit encore la main ; elle mourut la dernière et avec une difficulté incroyable. 

Ils furent tous jetés en tas. On avait amené les deux femmes dépouillées de leurs habits et enveloppées dans un filet : mais par suite des coups et de la flagellation qui leur avaient été infligés, elles avaient le corps tout couvert de sang. 

Je vis beaucoup de gens convertis par l’héroïsme de Perpétue.

 

Perpétue et Félicité furent en honneur dès le lendemain de leur martyre. Le Martyrologe les a constamment évoquées au 7 mars, et leurs noms furent inscrits au Canon romain de la Messe, dans la prière du Nobis quoque, peccatoribus.

 

 

Satyrus, Saturninus, Revocatus et Secundinus de Carthage

† 203

 

Au même lieu et à la même date où furent martyrisées Perpétue et Félicité, furent immolés aussi quatre jeunes catéchumènes : Satyrus, Saturninus, Revocatus et Secundinus.

Tout ce qu’on sait et qui va suivre, a été décrit par sainte Perpétue elle-même.

Saturninus, Revocatus et Secundinus furent arrêtés et mis en prison avec Perpétue et Félicité. Satyrus se joignit spontanément à eux tous, pour en partager le sort.

Dans la prison, Perpétue eut la vision d’une grande échelle qui montait au Ciel, où Satyrus monta le premier.

Arriva le jour où tous les prisonniers furent amenés sur la place du forum : ils furent condamnés aux bêtes.

Satyrus eut à son tour une vision, dans laquelle il voyait quatre anges qui conduisaient les Martyrs dans un magnifique jardin, où ils revirent d’autres Martyrs nommés Iocundus, Saturninus, Artaxes, Quintus. Ils se virent revêtus d’une belle robe blanche. Ils virent ensuite les vingt-quatre Vieillards (cf. Ap 4:10).

Secundinus mourut le premier, mais en prison.

La veille du martyre, on servit aux prisonniers un dernier repas, en présence de beaucoup de curieux. Satyrus les interpella : N’aurez-vous pas assez de demain pour nous observer ? Aujourd’hui, vous vous montrez touchés de notre sort, et demain vous applaudirez à notre mort. Remarquez bien nos visages, pour nous reconnaître au jour du jugement. Ces paroles fortes firent partir bien des gens, mais beaucoup restèrent pour recevoir les premiers éléments de la Foi.

Le jour venu, on les conduisit à l’amphithéâtre. On voulait revêtir les hommes du manteau des prêtres de Saturne, les femmes de la bandelette des prêtresses de Cérès, qu’ils refusèrent tous.

Revocatus, Saturninus et Satyrus furent introduits dans l’amphithéâtre ; ils menaçaient le peuple du geste et de la voix ; au procurateur Hilarianus, ils dirent : Tu nous as jugés en ce monde, mais Dieu te jugera à son tour. Pour cette audace, ils furent flagellés.

Saturninus et Revocatus furent alors attaqués par un léopard, puis traînés et déchirés par un ours.

Satyrus, de son côté, craignait beaucoup l’attaque d’un ours et préférait qu’un coup de dent du léopard le fît mourir sans tarder ; on lâcha contre lui d’abord un sanglier, qui se retourna contre le piqueur et lui ouvrit le ventre, sans rien faire à Satyrus ; un ours ne se dérangea même pas.

Satyrus se retira sous un portique, où ses paroles encouragèrent un certain Pudens à se convertir. Puis il retourna dans l’arène, où enfin, selon son désir, un léopard lui donna un violent coup de dent, qui le fit saigner abondamment.

Ensuite, à la demande du peuple surexcité par tout ce sang, on rappela les prisonniers tout ensanglantés. Satyrus était mourant.

Parvenus au centre de l’arène, ils furent égorgés tandis qu’ils s’embrassaient fraternellement, unis dans la foi, dans le combat et la mort, et dans la gloire du Ciel.

Saints Satyrus, Saturninus, Revocatus et Secundinus de Carthage sont commémorés le 7 mars dans le Martyrologe Romain.

 

 

Basilios, Ephraim, Eugenios, Agathodoros, Elpidios, Ætherios et Kapiton

† 300

 

Sous Dioclétien, l’évêque Hermon de Jérusalem envoya en Chersonèse (auj. Crimée) sept missionnaires, tous évêques, chargés d’annoncer là-bas l’Evangile.

Les deux premiers furent Ephraim et Basilios, vers 300. 

Basilios fut d’abord expulsé, puis rappelé ; il ressuscita un mort et convertit toute une famille ; une sédition des Juifs aboutit à son martyre.

Ephraim subit peut-être le martyre en même temps que Basile, à moins qu’il fût allé prêcher en Scythie (auj. Azerbaïdjan).

Vinrent l’année suivante, vers 301, Eugenios, Agathodoros et Elpidios, qui subirent à leur tour le martyre.

Après plusieurs années, Ætherios se heurta encore à l’obstination des habitants ; il obtint de Constantin de réprimer les assauts belliqueux des païens, qui furent donc expulsés de Chersonèse ; étant retourné à Constantinople pour remercier l’empereur, il fut martyrisé à son retour.

Enfin fut envoyé Kapiton, à la demande des Chrétiens de Chersonèse, qui désiraient un évêque. Kapiton put prêcher et obtenir d’autres conversions. Il mourut en paix un 22 décembre.

Saints Basilios, Ephraim, Eugenios, Agathodoros, Elpidios, Ætherios et Kapiton sont commémorés le 7 mars dans le Martyrologe Romain.

 

 

Eubulius de Batanée

† 308

 

Eubulius vivait, comme son ami Adrianus, à Batanée (auj. Al-Bathaniya, Syrie S). 

Ils étaient chrétiens ; entendant parler des martyrs qui étaient morts pour la foi à Césarée de Palestine, ils voulurent venir les vénérer et se présentèrent aux portes de la ville.

On les contrôla, on les questionna : ingénument, ils exposèrent le but de leur voyage et furent immédiatement présentés au gouverneur.

Celui-ci, Firmilien, les fit aussitôt torturer et exposer aux bêtes. 

Les fêtes célébrant la Fortune commençaient le 5 mars.

Adrianus subit son supplice dès le 5 mars ; mis en pièces par un lion, il fut égorgé. Son ami Eubulius eut le même sort, mais deux jours plus tard, le 7 mars, assez probablement en 308.

Saint Eubulius de Batanée est commémoré le 7 mars dans le Martyrologe Romain.

 

 

Paul le Simple

† 340

 

Paul était un simple cultivateur qui vivait en Egypte.

Son épouse, fort belle, le trompait par une double vie, jusqu’à ce que Paul la trouva en compagnie d’un complice. Il quitta la maison et rejoignit l’ermite s.Antoine (v. 17 janvier). Il avait soixante ans.

Antoine fit la sourde oreille, chercha par tous les arguments et par tous les moyens à décourager Paul de vouloir se faire moine, Paul resta là.

Paul supporta un jeûne de quatre jours, sans pain et sans eau. Ce fut son premier «examen», après lequel Antoine l’admit dans sa cellule.

Il ordonna à Paul de tresser une corde avec des feuilles de palmier ; quand la corde mesura quatre-vingt-quinze brasses (environ 150 mètres), Antoine la lui fit défaire et recommencer, ce que Paul fit sans broncher. Antoine lui-même fut ému de tant d’humilité et d’obéissance.

Antoine invita Paul à manger ; il lui proposa des pains desséchés ; Paul mangea la même chose qu’Antoine ; le soir, Paul imita Antoine dans sa prière, sa veille, son lever nocturne pour chanter : à la fin, Antoine reconnut la vraie disponibilité de Paul et lui dit :  Voici que tu es devenu moine.

Antoine fit construire à Paul sa cellule, à quelques kilomètres de la sienne. Il lui donna alors comme mission la lutte contre le Démon ; d’abord pour soi-même, ensuite pour les autres. Au bout d’un an, Paul reçut la grâce de commander aux démons, de les chasser et de guérir les malades.

Un jour on amena à Antoine un horrible démoniaque. Antoine jugea que c’était Paul qui pouvait le délivrer ; Paul jugea que c’était au contraire à Antoine de le faire ; après une longue «lutte», Paul s’adossa au rocher, en plein soleil, pria intensément, affirmant qu’il ne partirait pas de là tant que le démon serait présent ; le démon hurla et déclara que la simplicité de Paul l’avait chassé.

Il y eut encore bien d’autres miracles accomplis par Paul. L’extrême humilité de son comportement l’a fait surnommer le Simple.

L’histoire ne nous dit pas si Paul réussit à convertir sa femme.

Il mourut, pense-t-on, vers 340.

Saint Paul le Simple est commémoré le 7 mars dans le Martyrologe Romain.

Gaudiosus de Brescia

† 340

 

Des vingt-huit premiers évêques de Brescia (Italie N), tous saints, Gaudiosus fut le treizième (qu’il ne faut pas confondre avec Gaudentius, neuvième de la liste, ni avec un autre Gaudiosus, le vingt-neuvième, du septième siècle).

Gaudiosus fut évêque de Brescia durant la première moitié du quatrième siècle.

Jusqu’à plus ample information, on ne pourra en dire davantage.

Saint Gaudiosus de Brescia est commémoré le 7 mars dans le Martyrologe Romain.

 

 

Ardon Smaragde 

† 843

 

Ardon naquit en «Septimanie», l’actuel Languedoc.

Quand il embrassa la vie monastique à Aniane, il prit le nom de Smaragde.

Le fondateur de ce monastère était Benoît d’Aniane (v. 12 février), qui l’eut en grande estime : Smaragde était un moine docile, doux, pieux, très studieux, et Benoît le prit volontiers comme compagnon dans ses déplacements. C’est ainsi que Smaragde fut présent au concile de Francfort (794).

Il fut ordonné prêtre et préposé à la tête des écoles.

Benoît ayant été mandé auprès de Louis le Débonnaire en 814 à Aix-la-Chapelle, il confia l’administration du monastère d’Aniane à Smaragde, ce qui montre la confiance et l’estime qu’il avait pour son disciple.

On ne sait pas ce qui arriva après la mort de Benoît en 821 : Smaragde fut-il alors régulièrement élu abbé ?

Ce qui est certain, c’est que Smaragde écrivit une Vita de son maître, précieuse pour les historiens.

Il mourut en 843 à Aniane (act. Hérault).

L’Ordre bénédictin a canonisé Smaragde, ainsi que le Martyrologe Romain, en date du 7 mars.

 

 

Paulos de Prusa

† 850

 

Paulos était évêque de Prusa en Bithynie (Asie Mineure, act. Turquie d’Asie NW).

C’était la période de déchaînement de l’erreur iconoclaste. Dans toutes les églises, les hérétiques remplaçaient les saintes icônes par des images de végétaux. L’évêque s’en affligea et prit la parole vigoureusement pour protester contre ces exactions.

Son courage déplut aux autorités, qui le firent exiler dans la région de l’Olympe (Grèce, frontière entre Thessalie et Macédoine). Son exil dura plusieurs années, au terme desquelles le courageux évêque rendit son âme à Dieu.

On l’a autrefois associé à un autre évêque victime de l’iconoclasme, Theophilos, qui mourut peu auparavant à Nicomédie, mais qui n’est plus inscrit dans l’actuel Martyrologe.

Saint Paulos de Prusias est commémoré le 7 mars dans le Martyrologe Romain.

 

 

Tommaso d’Aquino

1225-1274

 

Celui que l’on appelle communément en français Thomas d’Aquin naquit - à une année près - en 1225 à Roccasecca (Frosinone, Latium, Italie C), benjamin des cinq enfants du comte Landolfo d’Aquino et de Teodora Rossi, également d’ascendance noble.

Il fut confié tout petit à l’abbaye bénédictine du Mont-Cassin et passa en 1239 à l’université de Naples. On remarqua vite que le garçon parlait peu et réfléchissait beaucoup. C’est à Naples qu’il connut les Dominicains. Il en prit l’habit en 1244.

Ce n’était pas dans les vues des parents ; sa mère tenta de faire intervenir l’empereur et le pape ; Thomas se réfugia à Rome et ses Supérieurs pensèrent l’envoyer secrètement à Paris : ses frères le rattrappèrent et l’enfermèrent ; pendant un an, on tenta de le persuader ; un de ses frères alla jusqu’à introduire dans sa chambre une créature féminine : Thomas se saisit d’un tison, traça une grande croix sur le mur et renouvela son vœu de chasteté ; la nuit suivante, deux anges lui apparurent en songe, le ceignant de la ceinture de la chasteté et lui promettant que Dieu lui accordait la grâce de la chasteté perpétuelle. Il persévérait absolument dans sa voie et fut finalement restitué au couvent de Naples en 1245.

Les bons pères eurent l’idée de le confier plutôt à Giovanni Teutonico, à Rome, qui l’emmena à Paris et, de là, à Cologne, pour recevoir l’enseignement d’Albert le Grand (v. 15 novembre).

Albert estimait beaucoup Tommaso. Un jour que des Confrères traitaient Tommaso de bœuf muet, Albert rétorqua : Un bœuf muet ? Vous verrez qu’on l’écoutera du bout du monde !

Un premier séjour à Paris permit à Tommaso de rencontrer le franciscain italien Bonaventura (v. 15 juillet), avec lequel il partagea une profonde amitié. Tommaso y reçut le sous-diaconat. Il commença à étudier Aristote, jusque là écarté des études officielles. De retour à Cologne, il fut ordonné diacre et prêtre en 1250. Cette année-là lui arriva la nouvelle de la mort de sa mère et de ses deux frères.

Quatre ans après, Albert était suffisamment convaincu du talent de Tommaso pour le proposer au baccalauréat et le charger de l’enseignement à Paris. Tommaso commença sa vie d’enseignant en 1252, à vingt-sept ans. De 1259 à 1268, il fut enseignant à Orvieto (Italie) puis à Rome. De ces années datent la Somme contre les Gentils, un Commentaire sur Job, et le début de la fameuse Somme Théologique. Il refusa obstinément toute distinction ecclésiastique et prêcha là où passait le pape : Rome, Viterbe, Bologne, Pérouse… Parmi ses auditeurs, se convertirent deux rabbins et quelques autres Juifs.

Il faut signaler ici qu’en 1263 eut lieu le très fameux miracle eucharistique de Bolsena (Orvieto), dont fut témoin un prêtre qui doutait de la Présence Réelle ; informé, le pape décida l’institution de la Fête-Dieu et en confia la rédaction de l’Office et de la Messe à Bonaventura et Tommaso : on choisirait le plus beau travail. Tommaso présenta le sien le premier ; l’entendant, Bonaventura déchira le sien, jugeant qu’on ne pouvait faire plus beau. Dans une vision, le Seigneur révéla à Tommaso combien il avait dignement écrit de Lui.

Revenu à Paris, en plus de son enseignement, il écrivit de très nombreux ouvrages sur les sujets les plus variés, théologiques, philosophiques, mais aussi scientifiques. Ses extases se multipliaient. En particulier, saint Paul l’aida à éclaircir divers passages des Epîtres. Il confia lui-même que Dieu lui avait envoyé saint Pierre et saint Paul, dont il recevait des lumières.

Le roi saint Louis eut à cœur de le consulter.

En 1272, il quitta Paris, regagna Rome où le chapitre de l’Ordre lui confia l’érection d’un centre d’études ; ce devait être Naples.

Tommaso fut affecté d’un pénible excès pondéral qui lui rendait difficile tout mouvement. Un jour, des novices dirent à Tommaso qu’ils voyaient un bœuf voler ; Tommaso s’efforça de gagner la fenêtre pour voir cette chose si nouvelle ; ne voyant rien, et voyant les novices rire sous cape, il leur dit simplement : Je pensais plus possible de voir un bœuf voler qu’entendre des novices mentir.

En décembre 1273, il eut comme une vision durant la Messe et décida de ne plus rien écrire parce que Tout ce qu’(il) avait écrit lui semblait de la paille en face de ce qu’(il) avait vu.

Vers Noël, il passa chez sa sœur. Le pape lui enjoignit alors d’aller participer au concile de Lyon. Tommaso quitta Naples, le 28 janvier 1274, toujours à pied ; fiévreux, il s’arrêta à Maenza, gagna l’abbaye cistercienne de Fossa Nova, où il s’arrêta un mois, n’en pouvant plus. 

A la demande des religieux, il dicta de son lit un commentaire sur le Cantique des Cantiques.

Le 4 mars, il reçut les derniers sacrements, le 7 le Viatique, et mourut ce 7 mars 1274.

Au même moment, Albert, à Cologne, éclata en sanglots, comprenant que son cher Tommaso était mort.

Les miracles furent nombreux et retentissants. La canonisation fut prononcée en 1323. Saint Tommaso fut proclamé Docteur en 1567 ; il est le Docteur Angélique (ce qui explique que l’université romaine dominicaine s’appelle l’Angelicum). Successivement, saint Thomas fut proclamé en 1880 patron céleste des universités, académies, collèges et écoles catholiques.

Les reliques de saint Tommaso d’Aquino se trouvent dans le couvent dominicain de Toulouse, où cette translation fut chaque année commémorée le 28 janvier, date à laquelle Tommaso avait quitté Naples pour son ultime voyage.

Bien que Tommaso fût mort le 7 mars, sa fête liturgique est désormais fixée hors Carême, ce même 28 janvier.

 

 

John Ireland

? -1544

 

On ne connaît presque rien de lui.

Il fut chapelain attaché à l’église de S.Dunstan (Canterbury) en 1535-1536, vicaire à Eltham (Kent) puis nommé à la paroisse du gendre de Thomas More, William Roper de Well Hall.

Il fut traduit en justice en février 1543 ou 1544, avec le prêtre John Larke, et le laïc German Gardiner. Tous trois furent condamnés à mort et exécutés le 7 mars suivant. Un autre laïc renia sa foi et ne fut pas exécuté. Un autre prêtre, Robert (ou John) Singleton, fut exécuté le même jour, mais n’apparaît pas dans les causes de béatification.

John Larke et German Gardiner eurent leur culte confirmé en 1886, avec valeur de béatification, tandis que John Ireland fut béatifié en 1929.

 

 

John Larke

? -1544

 

On ne connaît presque rien de sa jeunesse. Il passe pour avoir été docteur de l’université, mais on ne sait pas laquelle.

Il fut curé à St.Ethelburga (Londres) de 1504 à 1542, momentanément curé à Woodford (Essex) en 1526-1527, puis transféré à l’église de Chelsea par le chancelier Thomas More, avec qui il était très ami (v. 6 juillet).

D’ailleurs, le martyre de Thomas More le fit profondément réfléchir : alors qu’il avait d’abord signé l’Acte de Suprématie, il le renia par la suite et suivit les traces de Thomas More.

Il fut traduit en justice en février 1543 ou 1544, avec le prêtre John Ireland, et le laïc German Gardiner. Tous trois furent condamnés à mort et exécutés le 7 mars suivant. Un autre laïc renia sa foi et ne fut pas exécuté. Un autre prêtre, Robert (ou John) Singleton, fut exécuté le même jour, mais n’apparaît pas dans les causes de béatification.

John Larke, John Ireland et German Gardiner eurent leur culte confirmé en 1886, avec valeur de béatification.

 

 

German Gardiner

 ? -1544

 

Laïc anglais, on suppose qu’il fut parent (et secrétaire) de Stephen Gardiner, l’évêque de Winchester.

Formé probablement au Trinity Hall de Cambridge, il ne craignit pas de s’exposer pour défendre la foi catholique.

Il publia ainsi un tract en 1534. Pendant la persécution de cette période, il fut pénétré de courage par l’héroïcité des Martyrs, en particulier de Thomas More (v. 6 juillet). Il eut une occasion de donner un témoignage remarquable.

En 1543, il fut accusé d’avoir dressé une liste d’erreurs contre la foi. Cette année-là, le Despote royal changea de caprice, et préféra sacrifier les Catholiques au lieu des hérétiques, tandis qu’ensuite il se retourna plutôt contre les Protestants. 

L’acte d’accusation de German montre clairement qu’il fut accusé de vouloir priver le roi de sa dignité et de son titre de Chef suprême de l’Eglise d’Angleterre et du Pays de Galles.

Il fut exécuté pour sa foi le 7 mars 1543 ou 1544 à Tyburn, dernier des Martyrs catholiques sous le roi Henry VIII, en même temps que les prêtres John Larke et John Ireland.

Le culte de German et de ses Compagnons a été confirmé en 1886, ce qui équivaut à la béatification.

 

 

Anna Maria Redi

1747-1770

 

Anna Maria vit le jour le 15 juillet 1747 à Arezzo (Toscane, Italie), deuxième des treize enfants d’un père de famille noble, Ignazio.

Elle reçut le Baptême le 16 juillet.

Déjà durant l’enfance, elle posait souvent des questions comme : Qui est Dieu ?

Durant les récréations, chez les Bénédictines de Florence où elle étudiait, elle réfléchissait : Pendant que nous nous amusons, Jésus pense à nous.

Elle reçut la Première communion en 1757.

Son plus grand confident fut son propre père, avec lequel elle eut une correspondance importante, mais qu’ils brûlèrent chacun de leur côté, d’un commun accord.

Elle s’imprégna du message que le Sacré-Cœur révéla à sainte Marguerite-Marie Alacoque (v. 16 octobre).

En 1764, elle entra au Carmel de Florence et prit le nom de Teresa Margherita du Sacré-Cœur de Jésus. Ce jour-là elle s’engagea à suspendre toute correspondance, même avec son cher papa. Tous deux se promirent en revanche de se retrouver chaque soir dans le cœur du Christ.

Elle grandit dans l’amour du Christ de façon extraordinaire, tout en restant dans une humble discrétion. Son amour et le don de soi étaient tels, que Pie XI la nomma la neige ardente. 

Chargée de l’infirmerie, elle s’acquitta de sa mission avec empressement et jusqu’au dernier jour, en particulier avec une Consœur qui était devenue violente.

Le 6 mars 1770, elle ressentit brusquement des douleurs inhabituelles : on ne comprit pas tout de suite que c’était une gangrène. Malgré les souffrances, elle continua d’assister les malades. Le 7 mars 1770, elle mourut d’une gangrène généralisée.

Le corps de la Religieuse était déjà très déformé, mais quand on commença de le déplacer, tout l’aspect du visage et du corps changea : la couleur violacée disparut, le visage devint délicatement pâle, le corps désenfla, s’assouplit et exhalait même un parfum agréable. Ce phénomène fit retarder de quinze jours les obsèques.

Depuis, le corps de Teresa est resté non corrompu.

Teresa Margherita a été béatifiée en 1929 et canonisée en 1934.

 

 

 

María Antonia de Paz y Figueroa

1730-1799

 

María Antonia de Paz y Figueroa naquit en 1730, de famille aisée, à Silipica (Santiago del Estero, Argentine).

Ayant reçu une bonne éducation chrétienne, elle conçut dès l’âge de quinze ans, en 1745, le désir de se consacrer entièrement à Dieu. Au contact avec la spiritualité ignatienne, elle vêtit le simple habit de consacrée et, avec d’autres amies, commença à vivre en communauté dans un local appelé «Beaterio».

En 1767, comme on le sait, l’Ordre des Jésuites fut interdit, et les Religieux expulsés. María Antonia cependant se refusa à abandonner la pratique des Exercices Spirituels de s.Ignace (v. 31 juillet), appuyée en cela par son directeur spirituel et par l’évêque. Elle se mit donc à parcourir les villages et les quartiers des villes, appelant, convoquant, et prêchant d’exemple. Elle eut aussi une remarquable aptitude à gérer l’accueil des participants, leur garantissant le vivre et le couvert durant toute la session.

Le résultat ne se fit pas attendre : nombreuses furent les conversions, les retours à la foi, la pratique des vertus, le renouveau spirituel des prêtres et des religieux.

En 1779, María Antonia parcourut des milliers de kilomètres à pied, rejoignant Jujuy, Salta, Tucumán, Catamarca, la Rioja, Córdoba, et finalement Buenos Aires ; là, elle se heurta à l’opposition des représentants impériaux, mais l’évêque la reçut avec grande bienveillance et lui concéda d’amples facultés.

Cette spiritualité rencontra en réalité un immense succès, et gagna même la France. María Antonia profita de cet avantage, nous dit-on, pour introduire et développer la dévotion à s.Gaétan (v. 7 août), patron des sans-emplois, des ouvriers, dont la fête est une sorte de fête nationale religieuse en Argentine.

Cette fondatrice savait être aussi discrète qu’efficace. Elle sut mettre en contact les riches et les pauvres sans créer d’affrontements ; elle savait demander conseil avant de décider ; elle-même marchait pieds-nus et portait le cilice.

En 1790, elle se rendit jusqu’en Uruguay. De retour à Buenos Aires, elle fit construire une maison d’exercices spirituels plus ample, y installant les femmes qui collaboraient avec elles et qui devinrent alors les Filles du Divin Sauveur. María Antonia adopta le nom religieux de María Antonia de Saint-Joseph, mais le peuple la connaissait mieux sous le nom de Mama Antula. La maison de Buenos Aires est toujours active aujourd’hui.

María Antonia s’éteignit après une courte maladie, le 7 (ou le 6 ?) mars 1799.

María Antonia de Paz y Figueroa fut béatifiée en 2016, canonisée en 2024 et inscrite au Martyrologe le 7 mars.

Siméon-François Berneux

1814-1866

 

Né le 14 mai 1814 à Château-du-Loir (Sarthe), de Siméon Berneux et Hélène Fossé, Siméon-François fait ses études sur place puis au Mans.

A dix ans, il révèle à sa pieuse mère qu’il désire être prêtre, mais le papa n’est pas très chaud : pauvre, il a besoin de son garçon. Grâce au curé de la paroisse, le jeune Siméon pourra faire d’excellentes études. 

Il rejoint le Petit séminaire de Précigné et le Grand séminaire du Mans (1831). 

Tombé malade l’année suivante, il est précepteur chez Ange Carron puis chez les de la Bouillerie. Revenu au séminaire en 1833, il est ordonné diacre en 1836, et prêtre en 1837.

Dans un premier temps, il enseigne la philosophie au séminaire, où il est aussi directeur spirituel.

En 1839, il entre au séminaire des Missions Etrangères de Paris, et s’embarque au Havre début 1840.

A Manille, il rencontre Mgr Retord. Après un séjour à Macao, il arrive au Tonkin occidental en janvier 1841, mais est arrêté en avril, incarcéré à Hué et condamné à mort avec sursis avec d’autres missionnaires. Sur intervention de l’amiral Favin-Lévêque, ils sont libérés en 1843 et ramenés à l’Ile Bourbon.

Il repart pour Singapour et Macao, et rejoint la mission de Mandchourie (1844), où il apprend la langue. Il est plusieurs fois malade. Suite à une persécution, il se réfugie à Shanghaï quelques semaines.

En 1853 il est nommé vicaire apostolique de Corée, pour succéder au défunt Mgr Ferréol. Il est consacré évêque en décembre 1854. Mgr Berneux est heureux d’aller en Corée, un magnifique pays de martyrs. Il part en 1855, passe par Shanghaï, arrive à Seoul en mars 1856. Il prend le nom de Chang Gyeong-il, apprend le coréen, mais reste discret, car la conversion au catholicisme est punie de mort.

Il sera arrêté une première fois et battu, en septembre 1863.

Son activité portera ses premiers fruits, d’autant plus que le nouveau roi se montre plus tolérant : en dix ans, des milliers de personnes passent au catholicisme, un séminaire est ouvert à Paeron (1855), des livres sont publiés en coréen.

En 1866, alors que la chrétienté coréenne atteint les vingt-trois mille, Mgr Berneux propose les bons offices de la France entre la Corée et la Russie qui se fait menaçante. Mais la Russie se retire, et le roi, influencé par son entourage qui n’apprécie pas l’entrée des étrangers français dans le palais du gouvernement, reprend la persécution.

Mgr Berneux est arrêté le 23 février, interrogé, torturé : bastonnade sur les jambes, poncture des bâtons. La sentence tombe : L’accusé Chang, refusant d’obéir au roi, et ne voulant ni apostasier, ni donner les renseignements qu’on lui demande, ni retourner dans son pays, aura la tête tranchée après avoir subi différents supplices.

Il est décapité à Saenamt’ŏ, le 7 mars 1866.

On dit qu’un mystérieux sourire passa sur son visage au moment de sa mort.

Mgr Berneux a été béatifié en 1968, canonisé en 1984.

Si son dies natalis est au 7 mars, il est fêté liturgiquement le 20 septembre en même temps que tous les Martyrs de Corée.

 

 

Nam Chong-sam Ioannes Baptista

(Nam Jong-sam Yohan)

1817-1866

 

Ioannes Baptista était né à Ch’ungju (Chungcheong-do, Corée S) en 1816 ou 1817. C’était le neveu et fils adoptif de Nam Sang-gyo Augustinus.

Ce dernier, une fois chrétien, refusa de travailler dans le gouvernement, où il avait un haut rang. En revanche, son fils adoptif désirait ardemment y parvenir et, à vingt-six ans, passa avec succès l’examen de Hongmungwan Kyori, devenant ensuite, à vingt-neuf ans, gouverneur de la région qui faisait face au Japon.

Sa position était difficile, car s’il était chrétien, il ne pouvait éviter de participer à des cérémonies officielles et païennes ; il s’efforçait de venir en aide aux pauvres, mais était en même temps sollicité par les siens. Quelques années après, il renonça à sa carrière et s’en vint enseigner le coréen aux missionnaires.

En 1863, pour des raisons financières, il vint à Seoul et devint professeur de littérature chinoise pour les enfants des ministres du gouvernement.

Lorsqu’en 1866 la Russie menaçait d’envahir la Corée, lui qui était chrétien, intervint pour proposer au roi les bons offices de la France, par l’intermédiaire de l’évêque Mgr Berneux.

Tout était prêt pour une rencontre, mais le temps que Mgr Berneux revînt de Pyŏngyang, la Russie s’était déjà retirée, le danger avait disparu, et l’entourage du roi l’avait déjà plutôt persuadé de reprendre la persécution contre les Chrétiens, jaloux de voir s’introduire dans le palais des étrangers chrétiens.

C’est ainsi que furent arrêtés et martyrisés presque tous les missionnaires.

Nam Chong-sam Ioannes Baptista fut déposé de sa charge et arrêté le 1er mars. Mis en prison, torturé, il resta fidèle. Il se confessa et reçut l’Eucharistie.

Condamné à mort, il fut décapité à la Petite Porte Occidentale de Seoul, le 7 mars 1866.

En mourant, il prononça les noms de Jésus et Marie.

Béatifié en 1968, canonisé en 1984, il est fêté avec l’ensemble des Martyrs coréens le 20 septembre.

 

 

Just Ranfer de Bretenières

1838-1866

 

Just naquit à Chalon-sur-Saône (71) le 28 février 1838, aîné des deux garçons du juge de Bretenières et de son épouse Anne, croyants et bons chrétiens.

Tout petit, Just - qui reçut au baptême les noms de Simon Marie Antoine Just - exprima son désir d’être missionnaire en Chine. Il l’aurait dit à trois ans déjà ; plus tard il dira à son frère et au curé de la paroisse qu’il désirait être martyr.

Just et son frère Christian reçoivent leur formation d’un précepteur, l’abbé Gautrelet.

Pour s’ «entraîner» au martyre, Just s’efforce de dominer sa nature sensible : il supporte la fatigue, la chaleur, la soif, il s’habitue à porter des fardeaux.

En 1856, après son baccalauréat, il s’inscrit en faculté de lettres à Lyon.

Toujours attiré par les missions, il suit les conseils de son confesseur et de ses parents et entre au Séminaire Saint-Sulpice, où il est organiste et infirmier (1859).

Dans le cas de Just, on remarquera que ses parents l’ont généreusement soutenu dans sa vocation, ce qui n’a pas toujours été facile à faire pour d’autres parents de missionnaires.

Après deux ans, Just est reçu aux Missions Etrangères de Paris (1861). Un Confrère disait que Just n’avait pas besoin d’être martyr pour être un saint.

Just reçoit le sacerdoce en 1864.

Il apprend avec joie sa destination pour la Corée, terre des martyrs.

De Marseille, il s’embarque avec neuf autres pour la Corée, avec des escales à Alexandrie, Suez, Ceylan, Singapour, Hong-Kong. L’attente à Hong-Kong se prolongeant, il y étudie le chinois.

Enfin entré en Corée clandestinement (mai 1865), il habite à Seoul, près de l’évêque, Mgr Berneux. Il se cache chez des chrétiens, il ne sort que la nuit (et encore, avec l’habit de deuil, noir, qui enveloppe de la tête aux pieds).

Avec le nom coréen de Païk Chen Fou (Le père blanc comme neige), il apprend le coréen avec un jeune catéchiste nommé Chŏng Ŭi-bae et, au bout de six mois, peut prêcher et confesser dans la langue.

En février 1866, il confesse plusieurs dizaines de fidèles et baptise une quarantaine d’adultes. Il reçoit une délégation de l’évêque pour administrer aussi la Confirmation. Il assiste des malades et donne l’Onction des Malades.

Une trahison est à l’origine de la découverte de la cachette de Mgr Berneux, et de celle du père Just. Des soldats font irruption au moment où il s’apprête à célébrer la Messe. On l’emmène, lié avec une corde rouge, signe des grands criminels.

En prison, il retrouve Mgr Berneux, ainsi que les pères Beaulieu et Dorie. Ensemble, ils s’encouragent. Ils subissent les tortures, le supplice du shien-noum, où le patient est ligoté sur une chaise et reçoit des coups de bâton de section triangulaire sur les tibias et les pieds. Séances et interrogatoires pendant quatre jours. Après chaque interrogatoire, leur corps est labouré avec un pieu pointu, de la grosseur du bras.

La sentence de mort est prononcée le 6 mars. Les condamnés sont portés chacun sur une chaise jusqu’au lieu de l’exécution, dans le quartier de Saenamt’ŏ (Seoul), où la foule est surveillée par quatre cents soldats armés.

Après l’exécution de Mgr Berneux, le père Just est posé à terre, dépouillé de ses vêtements ; chacune des oreilles est repliée sur elle-même et percée d’une flèche. On lui passe un bâton sous les bras liés derrière le dos et le porte ainsi pour bien le faire voir à la population. Puis il est déposé à genoux, la tête en avant ; six bourreaux exécutent une danse autour de lui en criant A mort ! A mort ! Les coups de sabre tombent, la tête est tranchée au quatrième coup.

Le père Just de Bretenières meurt Martyr, le 7 mars 1866, dies natalis commun à Mgr Berneux, aux pères Beaulieu et Dorie.

Ils seront béatifiés ensemble en 1968, et canonisés en 1984.

Une fête liturgique unique célèbre les cent-trois Martyrs coréens, le 20 septembre.

 

 

Pierre-Henri Dorie

1839-1866

 

Né le 23 septembre 1839 à Port-de-la-Guittière (Saint-Hilaire de Talmont - depuis 1974 Talmont-Saint-Hilaire -, Vendée), de Pierre Dorie et Geneviève Bignonneau, Henri a sept frères et sœurs.

A dix ans, il va au Petit séminaire de la Bauduère (Olonne), puis passe au Grand séminaire de Luçon (1860), d’où il rejoint celui des Missions Etrangères de Paris (1862). 

Au moment de son départ, un confrère compose et lui chante ces mots prophétiques : 

 

Au nom de Jésus-Christ, 

ta tête sera tranchée,        

et deux fois dans l’année 

viendra la saint Henri.

 

Il est ordonné prêtre en 1864. Il part pour la Corée avec son meilleur ami, le père Ranfer de Bretenières.

Ils arrivent en Mandchourie en octobre 1864, rejoignent la province de Leao Tong en janvier 1865, puis débarquent clandestinement en Corée, vêtus de l’habit noir de deuil, qui couvre le visage, de sorte qu’on ne peut reconnaître qu’ils sont Européens. Pierre-Henri prend le nom de Kim (père spirituel).

Arrivé à Seoul, il continue sa vie clandestine, il se met au coréen et exerce son ministère à Sonkokni (Yong-in, Kyŏnggi), à quelques kilomètres de Seoul. S’il vit caché, au moins il est certain de ne pas retourner en Chine.

Dans les mêmes circonstances où fut arrêté Mgr Berneux et le père Ranfer de Bretenières, suite à une dénonciation, Henri est arrêté à son tour le 27 février et emprisonné.

L’évêque et les prêtres sont torturés à coups de rotin sur les jambes et les pieds, on les conduit dans la banlieue de Séoul, où ils sont décapités devant une foule immense, le 7 mars 1866.

Un témoin oculaire dit que le père Dorie avait vraiment une expression angélique. Il avait vingt-six ans, et pas même deux années de sacerdoce.

Lui et les autres Martyrs de ce 7 mars font partie des cent-trois Coréens béatifiés en 1968 et canonisés en 1984. Leur fête commune est au 20 septembre.

 

 

Louis Beaulieu

1840-1866

 

Né le 8 octobre 1840 à Langon (Gironde), Bernard-Louis ne connaîtra pas son père, décédé avant sa naissance. 

Sa toute jeune maman de dix-neuf ans élèvera courageusement son fils de santé délicate, tout en vivant de son petit commerce de fournitures pour routiers. Elle se remarie avec un veuf, père d’une petite fille, pour mieux aider Louis.

Il entre au Petit séminaire de Bordeaux (1849), où il rencontre un missionnaire qui a longtemps séjourné en Chine. Son attrait pour les missions commence là.

Louis entre au Grand séminaire en 1857. Il est très intéressé par les récits qu’il lit des missionnaires. il demandera par quatre fois à son évêque l’autorisation de rejoindre les Missions Etrangères de Paris.

Durant son séjour au séminaire, meurt son meilleur ami, Amélien Virac. Fin 1858, c’est sa mère qui meurt à son tour. Il est accueilli par ses oncle et tante de Langon, Monsieur et Madame Blaize. Ces épreuves le confirment dans sa résolution.

En attendant l’heure de son ordination (car il est encore trop jeune), il enseigne au Petit séminaire. 

En 1863, une pneumonie semble lui faire perdre tout espoir d’être missionnaire, mais l’autorisation épiscopale étant enfin arrivée, il guérit promptement et rejoint Paris au mois d’août ; il est ordonné prêtre en mai 1864.

Dès juillet il s’embarque à Marseille pour l’Extrême-Orient, avec trois autres missionnaires. Mgr Berneux qui les accueille les disperse dans des villages de montagne pour éviter le danger, car la présence d’étrangers en Corée est pour le moment sévèrement interdite et punie de mort.

Louis n’est pas loin du père Dorie ; ils se rencontrent, se confessent, s’encouragent. Ils se déplacent toujours de nuit, et avec leur costume «de deuil». qui couvre leur visage.

Le père Beaulieu apprend vite le coréen, de sorte que l’évêque lui assigne le village de Kwangju, au sud-est de Seoul, mais il n’a pas le temps d’y arriver. Il est arrêté à son tour le 27 février, tandis que l’évêque était déjà arrêté quelques jours avant.

Louis reçoit les mêmes traitements que l’évêque et que les autres Confrères : coups de rotin sur les tibias et les pieds, lacération sur tout le corps avec un pieu pointu.

Ils sont condamnés à mort et exécutés près de Seoul (à Saenamt’ŏ) le 7 mars 1866 : Louis avait à peine plus de vingt-cinq ans, et pas encore deux années de sacerdoce.

Le père Louis Beaulieu fut béatifié parmi les cent-trois Martyrs coréens en 1968 et canonisé en 1984. Leur fête liturgique commune est au 20 septembre.

 

José Olallo Valdés

1820-1889

 

José était, comme on dit aujourd’hui, “né sous X”. On connaît sa date de naissance : 12 février 1820, et il fut confié à la maison Cuna San José (Maison Saint Joseph) à La Havane un mois après, le 15 mars, jour où il reçut le baptême.

Il vécut dans cette maison jusqu’à sept ans, puis dans celle de la Beneficencia (Bienfaisance), où il se révéla un garçon sérieux et responsable.

A treize-quatorze ans, il entra dans l’Ordre Hospitalier de Saint Jean de Dieu, dans la communauté de l’hôpital des Saints Felipe et Santiago (Philippe et Jacques), de La Havane.

Bien des obstacles pouvaient s’opposer à sa vie religieuse. Etant orphelin, on pouvait émettre des réserves sur sa filiation et ses origines, et lui barrer la route, mais il persévéra humblement, se montra constant dans sa volonté de se consacrer à Dieu. Il fit la profession de religieux hospitalier.

En 1835, on l’envoya dans la communauté de Puerto Príncipe (aujourd’hui Camagüey), à l’hôpital de Saint-Jean-de-Dieu. Là, jusqu’à la fin de sa vie, il se consacrera au soin des malades. En cinquante quatre années, il ne s’absenta qu’une nuit de cet hôpital, et encore pour raisons extérieures à sa volonté.

A vingt-cinq ans, il passa d’aide-infirmier à Infirmier-Chef de l’hôpital, et même devint Supérieur de la communauté en 1856. Il avait trente-six ans.

Il dut affronter bien des difficultés et faire bien des sacrifices, mais il resta toujours droit et courageux. Quand les biens ecclésiastiques furent confisqués par les gouverneurs espagnols libéraux, il poursuivit sa mission consacrée au soin des malades. 

En 1876, mourait le dernier de ses frères de communauté et il restait seul avec lui-même. Malgré tout, il continua jusqu’à la mort de se donner aux autres, fidèle à Dieu, à sa conscience, à sa vocation, à son charisme, humble, obéissant, noble de cœur, respectueux, serviteur, plein d’amour pour les déshérités, pour ses ennemis et ceux qui le jalousaient, sans jamais abandonner ses chers vœux de religion.

Pendant la guerre de Dix ans (1868-1878), il dut céder aux instances des autorités militaires et convertir le centre hospitalier en hôpital pour les soldats, mais il continua énergiquement à accueillir les civils, donnant la préséance aux pauvres et aux faibles, sans aucune distinction de classe sociale ou de race ou d’idéologie ou de religion. Il savait opposer une “douce fermeté” pour venir au secours des blessés de la guerre, quels qu’ils fussent, sans se laisser intimider par les menaces ou les interdictions. Il sut même s’imposer aux autorités militaires en intercédant pour la population de Camagüey qui était en grand danger d’être massacrée.

Il accomplit ainsi jusqu’au bout le quatrième vœu de l’hospitalité, propre aux religieux de Saint-Jean-de-Dieu, assistant les malades et les agonisants, jusqu’au dernier souffle. Son zèle le fit appeler “apôtre de la charité” et “père des pauvres”.

Humblement, il renonça au sacerdoce, même quand l’archevêque le lui proposa, et donna toute sa vie à son ministère de miséricorde. Son zèle le poussa même à devenir à l’occasion médecin et chirurgien, parfaitement autodidacte, sans jamais se départir de son modeste effacement. Tous ceux qui l’ont côtoyé ont pu attester de sa vie parfaitement religieuse, pauvre, chaste et obéissante.

Sa mort, le 7 mars 1889, fut un véritable triomphe de la part de tous ceux qui le connaissaient, et qui l’appelaient tout simplement “Père Olallo”. Sa sainteté fut partout attestée et beaucoup de grâces furent obtenues par son intercession.

L’héroïcité des vertus fut reconnue en 2006, et un miracle étonnant fut retenu, concernant la guérison d’une petite fille de trois ans, Daniela Cabrera Ramos, en 2008.

José Olallo Valdés a été béatifié en 2008 à Camagüey même. Depuis, il est commémoré au Martyrologe le jour même de sa mort, le 7 mars.

 

 

Leonid Fedorov

1879-1935

 

Né à Saint-Petersbourg le 4 novembre 1879, Leonid Ivanovitch grandit dans la foi orthodoxe.

Orphelin de son père (Ivan), il reçut de sa mère (Lyuba) une excellente éducation chrétienne. Cette femme tenait courageusement le restaurant de son mari.

Leonid était un garçon studieux et de tempérament idéaliste ; il lisait les auteurs français, italiens, allemands. La philosophie hindoue ne l’impressionna que brièvement. Un prêtre aussi vertueux qu’excellent professeur l’aida à se pacifier et, après ses brillantes études secondaires, à entrer à l’Académie Ecclésiastique.

Dans le restaurant de Madame Fedorov, se rencontraient des intellectuels, parmi lesquels le célèbre philosophe Vladimir Soloviev, qui était partisan d’un réel retour de la Chrétienté à l’unité, de la réconciliation de la Russie avec la papauté. Leonid est conquis : la lecture des Pères de l’Eglise l’amène à la conviction de la vérité de l’Eglise universelle (d’après ses propres mots), mais la loi civile russe ne permettait pas à un orthodoxe de devenir catholique.

L’Eglise russe avait pris une telle importance dans la vie quotidienne, que s’en séparer signifiait en même temps renier la Patrie. Les Catholiques de Russie étaient d’origine étrangère, souvent polonaise, et le rite latin était considéré comme purement «romain», tandis que le rite byzantin faisait partie de l’héritage russe.

Leonid voulait avancer : il partit pour l’Italie, avec le pseudonyme de Leonidas Pierre, pour tromper la police tsariste. Il s’arrêta à Lviv (Ukraine), où il obtint du Métropolite catholique de rite oriental une recommandation pour le pape Léon XIII. A Rome, il fit sa profession de foi catholique dans l’église du Gesù, tenue par les Jésuites, il fut reçu par le Pape qui lui donna sa bénédiction, et rejoignit la maison des Jésuites à Anagni, au sud de Rome.

La vie est nouvelle pour lui ; il apprend un style de vie austère, un horaire régulier, il se heurte aussi un peu à l’exubérance italienne. Mais en retour, il leur révèle la Russie, qu’ils ne connaissent pas. 

Persuadé de l’autorité de l’Eglise romaine, il reste passionné par le rite oriental qu’il ne veut pas abandonner. 

En 1905, le Tsar accorde plus de libertés. Mais à Saint-Petersbourg, on refuse l’ouverture d’une chapelle catholique de rite oriental : on pouvait ouvrir des mosquées musulmanes, des pagodes bouddhistes, des temples protestants, toutes les loges maçonniques qu’on voulait et même des églises catholiques de rite latin, mais surtout pas une église catholique de rite oriental !

En 1907, le pape reconnut le rite catholique byzantin-russe. La même année, Leonid s’entend dire que, s’il ne quitte pas immédiatement la maison des Jésuites, il ne pourra jamais rentrer en Russie. Il quitte Anagni et s’installe au Collège de la Propagande à Rome.

Toujours en 1907, il participe au congrès de Velehrad (Moravie), où les participants, spécialistes en questions orientales, voulaient ouvrir la voie de la paix et de l’harmonie entre Ouest et Est, faire la lumière sur les questions controversées, corriger les idées préconçues, rapprocher les plus hostiles, et rétablir une pleine amitié.

On lui confia une mission spéciale auprès des Catholiques grecs-orientaux émigrés aux Etats-Unis, ces fidèles incompris qui passaient souvent à l’Orthodoxie. Leonid plaida pour eux au Saint-Siège et leur obtint une reconnaissance légale.

Sur une nouvelle instance du gouvernement russe, Leonid dut quitter Rome en 1908. Il alla incognito terminer ses études à Fribourg en Suisse, et retourna en 1909 à Saint-Pétersbourg, où sa chère mère était passée au Catholicisme. C’est à cette époque que le métropolitain obtint du pape la juridiction sur les Catholiques russes de rite grec, qui ne pouvaient plus rester sous l’autorité des évêques latins polonais.

C’est finalement à Constantinople que Leonid fut ordonné prêtre en 1911, par l’évêque gréco-catholique de Bulgarie. 

Il participa au deuxième congrès de Velehrad. L’absence de prélats orthodoxes le peina beaucoup. Il écrivit à leur intention que ce congrès était destiné à des hommes d’études, motivés par des pensées religieuses et convaincus que toute dissension est l’œuvre du démon, qu’il faut absolument éliminer.

En 1912, il entre dans un monastère de Bosnie, puis d’Ukraine, prenant le nom de Leontiy, et participe à la célébration de l’Office divin dans le rite byzantin. Sa bonne santé l’aide à s’accommoder à l’austérité ; il s’isole dans la prière et oublie la situation politique. Il en devient même un peu rude envers ses confrères, mais il apprend à se combattre. Un confrère dit qu’il avait une grande douceur dans son langage.

1914 : la guerre commence. Leonid retourne dès que possible à Saint-Pétersbourg, devenue Petrograd. Le gouvernement lui impose l’exil à Tobolsk (Sibérie), parce qu’il a des liens avec les ennemis de la Russie (à cause de ses voyages à l’étranger). Leonid loue une chambre et trouve un petit emploi dans le gouvernement local. Il est atteint d’une violente fièvre rhumatismale. Le métropolitain est aussi exilé.

1917 : Le Tsar abdique et le gouvernement provisoire annule les dispositions précédentes : le métropolite et Leonid sont à nouveau libres ; il faut réorganiser l’Eglise. Leonid est nommé exarque du métropolite, tout en refusant la consécration épiscopale (mais le bruit courut qu’il fut consacré évêque clandestinement, et qu’on a même retrouvé une photographie de lui en habits épiscopaux).

Mais alors les Bolcheviks décident la révolution. Ce seront cinq années de terribles persécutions. 

En 1918, meurt Madame Fedorov. Leonid rencontre alors un professeur d’université, Mademoiselle Danzas, récemment passée au catholicisme, qui l’aidera de toutes ses forces.

Début 1919, Leonid écrit : C’est un miracle de la bonté divine que je suis encore en vie… La population fuit de toutes parts pour éviter le froid et la faim. Il exerce son ministère à Petrograd, à Moscou, à Saratov. S’il gagne des âmes, il estime que deux mille âmes de son troupeau ont quitté la Russie, ou sont mortes. Ce qui attire à lui, c’est sa manière de célébrer, de confesser.

En 1921, outre les événements politiques, une famine fit quelque cinq millions de morts. Le Saint-Siège organisa des secours qui sauvèrent des milliers de Russes. Leonid se lia d’amitié avec le père jésuite chargé de cette œuvre, le père Walsh.

Des suppliques venant des autorités catholiques et orthodoxes furent présentées au gouvernement, les deux confessions se soutinrent d’une façon jamais vue dans l’histoire de la Russie. Le père Leonid rédigea une prière que pouvaient utiliser aussi bien les Catholiques que les Orthodoxes.

Mais la persécution s’intensifiait. L’athéisme s’enseignait dans les écoles ; les prêtres ne pouvaient plus enseigner. On confisquait tous les biens de l’Eglise, sous prétexte d’acheter des vivres. Toutes les églises catholiques furent fermées.

Début 1923, Leonid fut convoqué avec d’autres membres du clergé à Petrograd, pour comparaître devant la Haute Cour Révolutionnaire. Il fut accusé de s’opposer au décret de main-mise sur les objets précieux des églises, d’avoir des relations criminelles avec les pays étrangers, d’enseigner la religion à des mineurs et d’avoir encouragé la propagande contre-révolutionnaire. Le procès fut violent. Le procureur déclara qu’il fallait punir le père Leonid non seulement pour ce qu’il avait fait, mais pour ce qu’il pourrait faire encore, et demanda la peine de mort.

Finalement il reçut dix années de prison. Il eut cependant le loisir d’y écrire deux catéchismes en russe, de maintenir une correspondance active avec ses fidèles. Dans la prison, il y avait deux évêques et une vingtaine de prêtres orthodoxes, avec lesquels il avait d’excellentes relations.

Mais en 1923, il fut mis dans une prison plus sévère, dans un régime de complet isolement. En 1926, une généreuse dame de la Croix-Rouge obtint sa libération, mais il fut arrêté de nouveau et envoyé pour trois années d’internement sur les iles Solovki, tout au nord de la Russie européenne.

Le monastère qui s’y trouvait depuis le 15e siècle, avait été transformé en une vaste prison, où arriva Leonid en octobre 1926. Le climat y est très humide et froid. Chaque matin, les prisonniers étaient envoyés dans les forêts comme bûcherons. 

Les Catholiques eurent la permission d’utiliser une vieille chapelle, à trente minutes de la prison où, à partir de l’été 1927, ils purent célébrer la messe les dimanches, alternant les rites latin et byzantin.

Dès que Leonid avait un moment, on se réunissait spontanément autour de lui, pour entendre sa parole douce et simple. Si un prisonnier était en détresse, il accourait pour lui remonter le moral ; s’il recevait quelque chose, il le partageait avec les autres.

En novembre 1928, la chapelle fut fermée. Leonid déclara qu’il fallait à tout prix célébrer le Saint Sacrifice quotidiennement, parce que c’était probablement, disait-il, les uniques liturgies qui se célébraient en Russie par les prêtres catholiques. 

A partir du printemps 1929, sa santé déclina beaucoup. Il fut admis à l’hôpital du camp. Sa peine expirait à la fin de l’été, mais il dut rester exilé. Il demeura dans le Grand Nord, à Pinega, au milieu des mineurs, où il enseignait le catéchisme aux jeunes, puis à Poltava (Ukraine). En 1934, il gagna Viatka, chez un employé de chemin de fer.

En février 1935, une violente et constante toux l’épuisa. Il rendit son âme à Dieu à cinquante-six ans, le 7 mars.

Ce martyr de l’unité de l’Eglise et de l’infaillibilité pontificale a été béatifié en 2001.

 

 

Manuel Vilchez Montalvo

1889-1937

 

Manuel Vilchez Montalvo naquit le 5 juin (juillet ?) 1889 à Moreda (Grenade, Espagne).

Il fréquenta le séminaire de Saint-Torquat à Guadix.

En 1914, il fut ordonné prêtre et exerça son apostolat à Baza, Castril, Guadix (comme maître de cérémonies) et enfin comme curé à Iznalloz en 1924, pendant treize années.

Son église fut assiégée et attaquée bien avant l’éclatement de la guerre civile, dès le 29 avril 1936. Aussi vint-il se réfugier chez son frère à Moreda.

A peine eut-il quitté sa famille, le 7 mars 1937, qu’il fut abattu au lieu-dit Sierra Nevada.

Manuel Vilchez Montalvo devrait être béatifié en 2022, et inscrit au Martyrologe le 7 mars.

 

 

Maisam Pho Inpèng

1934-1970

 

Ce martyr fait partie des 17 Martyrs du Laos, pour lesquels des notices sont en préparation.

Maisam Pho Inpèng naquit en 1934 à Sam Neua (Houaphan, Laos).

Marié, il reçut le baptême dans le vicariat apostolique de Vientiane.

Le 7 mars 1970, il reçut la palme du martyre à Den Din (Vientiane, Laos).

Il a été béatifié le 11 décembre 2016.

Son dies natalis sera le 7 mars dans le Martyrologe Romain.

 

 

Luc Sy

1938-1970

 

Luc Sy naquit en 1938 à Ban Pha Hôk (Xieng Khouang, Laos), un village de la minorité kmhmu’.

Lors de son baptême (1951), il reçut les noms de Luc et Marie.

De 1953 à 1957, il fut élève au Petit Séminaire de Paksane, où sa timidité ne put dissimuler qu’il était très travailleur.

En 1958, il fut contraint de rejoindre une école d’Etat, tout en restant en contact avec le père Jean Wauthier (v. 16 décembre).

En 1961, il fut enrôlé dans l’armée et deviendra caporal. Il sera démobilisé en 1967, à la suite de ses blessures.

Catéchiste dans la mission de Paksé, à Nong Sim, il épousa une jeune veuve qui avait déjà deux enfants ; ils eurent ensuite une fille.

En 1969, il rejoignit le Centre pastoral de Hong Kha à Vientiane et fut catéchiste pour ce vicariat apostolique, se donnant entièrement à la minorité kmhmu’, désormais privée de prêtre. Cette même année, il devint un membre très actif du récent Institut séculier Voluntas Dei. Chaque mois, il envoyait un rapport sur son activité : prières, visites et soins aux malades, baptêmes des enfants, parcourant en tous sens les montagnes, risquant sa vie à tout moment, s’occupant indifféremment des Chrétiens et des non-Chrétiens. Tout le monde l’aimait.

En janvier 1970, il fut envoyé par l’évêque dans la région de Vang Vieng, où se trouvaient de nombreux réfugiés. Le 4 mars 1970, il assista le diacre (et futur évêque) Louis-Marie Ling dans une retraite, et ils repartirent le lendemain.

Le samedi 7 mars 1970, dénoncés, ils tombèrent dans une embuscade où Luc reçut la palme du martyre, à Den Din (Vientiane, Laos). C’était la veille du dimanche de Laetare.

Il a été béatifié le 11 décembre 2016.

Son dies natalis sera le 7 mars dans le Martyrologe Romain.

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6 mars 2024 3 06 /03 /mars /2024 00:00

 

06 MARS

 

II.

S Marcianus, premier évêque à Tortone, martyr.

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S Victorinus, martyr à Nicomédie.

IV.

S Basile, évêque à Bologne.

Ss Julien et Eubule, martyrs en Chypre.

S Quiriacus, prêtre à Trèves.

S Evagrius, évêque à Constantinople, aussitôt exilé après son élection.

V.

S Claudien, frère de l’évêque Vigile, à Trente.

VI.

S Sezin (Sezni), irlandais (évêque ?) venu en Armorique où il fut abbé.

VII.

S Baldred (Balther), ermite à Bass Rock.

Stes Kineswide et Kineburge, deux sœurs princières, abbesses après leur veuvage, à Dormancaester.

S Julián, de famille espagnole convertie, évêque à Tolède.

VIII.

S Fridolin, irlandais, fondateur d’abbayes, notamment Säckingen.

S Chrodegang, simultanément premier ministre de Charles Martel et Pépin le Bref, et évêque à Metz ; fondateur d’une abbaye à Gorze ; le premier en Gaule, il fit venir de Rome des chantres pour en établir à Metz le chant et la liturgie.

X.

S Cadroé, irlandais, abbé à Waulsor puis à Metz.

XII.

B Olegario,  simultanément évêque à Barcelone, Tarragone et Tortosa ; patron de Barcelone.

XIII.

S Cyrille, prêtre à Constantinople (où il convertit le sultan), supérieur au Mont-Carmel, mort à quatre-vingt-dix-huit ans.

Ste Rosa de Viterbe, jeune laïque mystique et thaumaturge dans la région de Viterbe  ; son corps est resté sans corruption.

XV.

Ste Colette Boylet, réformatrice des clarisses, à Besançon d’abord ; thaumaturge.

Marcianus de Tortone

† 120

 

Marcianus aurait été amené à la foi chrétienne par s.Barnabé (v. 11 juin) et instruit ultérieurement dans cette foi par s.Syrus, l’évêque de Pavie (v. 9 décembre).

Il devint le premier évêque de Tortone (Piémont, Italie NW, bien distincte de Cortone, Italie C).

Fidèle à la foi et à sa charge pastorale, il conduisit beaucoup d’âmes à Dieu, sans céder aux séductions ou aux menaces.

Sapricius finit par l’arrêter, le faire torturer et décapiter.

Ce pouvait être sous Hadrien, en 120.

La difficulté pour nous est que les historiens situent Syrus au quatrième siècle, ce qui devrait faire transférer Marcianus à cette même époque, et ce d’autant plus facilement qu’on ne connaît aucune date sûre de tous les premiers évêques de Tortone.

Ici, on s’en est tenu à la Tradition.

Saint Marcianus de Tortone est commémoré le 6 mars dans le Martyrologe Romain.

 

 

Quiriacus de Trèves

† 4e siècle

 

Quiriacus serait né en Aquitaine et aurait gagné avec Maximinus la ville de Trèves (Rhénanie, Germanie).

Là il reçut le sacrement de l’Ordre. Mais il ne fut pas évêque.

Il avait une préférence marquée pour visiter les tombes des Saints, de nuit, et de s’y recueillir.

Des envieux se permirent de le calomnier, mais Quiriacus eut la grâce d’être défendu par un Ange, qui proclama son innocence.

Des miracles se produisirent à son tombeau, à Trèves. En particulier, le petit-fils de Pépin le Bref y guérit (768).

Saint Quiriacus de Trèves est commémoré le 6 mars dans le Martyrologe Romain.

 

 

Victorinus de Nicomédie

† 303

 

Victorinus fut un martyr à Nicomédie (Bithynie, auj. Izmit, Turquie NW).

Ce qu’on disait de lui était qu’après bien des tourments, il avait pour compagnons de prison, pendant trois années, Victor, Claudianus et son épouse Bassa. 

Ils seraient tous morts en prison.

D’après ces petits détails, ils n’appartiennent donc pas au groupe des mille-trois martyrs de Nicomédie, qui périrent en 303 dans l’incendie de leur église, et fêtés soit le 25 décembre, soit le 7 mars. Mais on pourrait facilement les situer à cette même époque, où la persécution de Dioclétien fut intense dans cette ville.

Saint Victorinus de Nicomédie, seul, est commémoré le 6 mars dans le Martyrologe Romain.

 

 

Evagrius de Constantinople

† 380

 

En 370, les évêques ariens réussirent à nommer Demophilus pour succéder à Eudoxius sur le siège de Constantinople. Mais les évêques fidèles au concile de Nicée (325), qui avaient condamné Arius, nommèrent à ce siège Evagrius.

Celui-ci cependant, fut très vite exilé par l’empereur Valens.

Certains avancent qu’en 379, l’empereur Théodose renvoya Demophilus et rappela Evagrius.

Ce fut de toutes façons pour peu de mois, car Evagrius mourut en 380.

Son successeur fut s.Grégoire de Nazianze (v. 25 janvier).

Saint Evagrius de Constantinople est commémoré le 6 mars dans le Martyrologe Romain.

Julián de Tolède

642-690

 

Julián naquit vers 642 à Tolède de parents chrétiens, mais issus du judaïsme.

Il reçut le baptême et sa première instruction chrétienne de l’évêque Eugenio, métropolitain de cette importante ville, lui-même très instruit, qui aida Julián et son grand ami Gudila à acquérir une science immense en tous les domaines biblique, théologique, philosophique, poétique, et même en écriture latine et grecque.

Gudila était diacre, et aurait désiré, ainsi que Julián se retirer dans quelque solitude, mais l’évêque les établit plutôt comme catéchistes et prédicateurs. Gudila cependant mourut, et Julián fut promu au diaconat, puis au sacerdoce.

En 680, il fut appelé à succéder à l’évêque Quiricius sur le siège de Tolède.

La même année, le roi wisigoth Wamba fut détrôné et empoisonné ; on dit que Julián aurait «participé» à la conjuration ; peut-être se contenta-t-il de couper les cheveux à son roi, qui se retirait ainsi dans un monastère de Burgos (où il devait mourir en 688).

En 681, 683, 684 et 688, Julián présida quatre des dix-huit conciles nationaux qui se déroulèrent à Tolède. En 681, il y eut des lois restrictives contre les Juifs ; en 683, furent réhabilités les conjurateurs du roi Wamba ; en 684, furent reconnues les décisions du 3e concile de Constantinople, contre le monothélisme ; le concile de 688 eut des préoccupations plutôt politiques.

On a parfois prétendu que les lois contre les Juifs furent édictées par Julián, ce qui n’est pas exact ; celles de 681 ont pu justement être mitigées par l’action et la présence de Julián qui, on s’en souvient, descendait d’une ancienne famille juive : la plus sévère de ces lois fut publiée après la mort de Julián.

Julián fut un écrivain fécond, sur la liturgie, l’Ecriture, l’histoire, la christologie (dont certaines formules semblèrent même suspectes aux théologiens romains et contre lesquels il dut se défendre dans une Apologétique). Il est particulièrement connu pour son Prognosticum futuri sæculi, le premier ouvrage à traiter de façon systématique de la mort et de l’eschatologie chrétienne. Certaines de ses œuvres sont perdues, d’autres restent encore inédites aujourd’hui.

Pour son savoir encyclopédique et son action pastorale, on l’a comparé à s.Isidore de Séville (v. 4 avril), son quasi-contemporain.

Saint Julián de Tolède est commémoré le 6 mars dans le Martyrologe Romain.

 

 

Chrodegang de Metz

712-766

 

Le nom latin de Chrodegang, Chrodegangus a abouti à plusieurs formes : Chrotgandus, Grodegangus, Ratgangus, avec leurs équivalents en français : Godegrand, Gundigran, Ratgang, Rodigang, Sirigang… 

Notre personnage naquit vers 712 à ou près de Liège (Gaule Belgique), de Sigramm et Landrada. Par sa mère, il serait un des ancêtres des Capétiens.

Après sa formation à l’abbaye de Saint-Trond, il fut envoyé à la cour de Charles Martel, où il devint en 737 référendaire (chancelier) et Premier ministre.

Chrodegang n’était pas un homme de cour ; s’il y vivait, c’était en maintenant une grande discipline sur sa personne, vêtu simplement, pratiquant secrètement des veilles de prière et des jeûnes et se montrant généreux dans ses aumônes pour les malheureux.

Pépin, dit le Bref (parce qu’il était petit de taille), fut maire du palais de 741 à 751, et allait être couronné roi en 751. Il accepta bien volontiers l’élection de Chrodegang au siège épiscopal de Metz, mais à la condition qu’il restât en même temps Premier ministre.

Chrodegang fut sacré évêque en 742. Comme convenu, il maintint ses fonctions à la cour, en même temps qu’il administrait très sagement son diocèse. Il releva le niveau de son clergé, donna à ses chanoines une règle, construisit le cloître de la cathédrale ainsi que deux églises dédiées aux apôtres s.Pierre et s.Paul (v. 29 juin), et surtout, vers 747, la célèbre abbaye bénédictine de Gorze, tandis qu’il contribua grandement au développement de celles de Saint-Avold et Lorsch (Lauresheim), dont il va être question un peu plus tard.

Notons au passage que l’abbaye Saint-Avold devait son nom à une déformation de s.Nabor (v. 12 juillet), dédiée primitivement à s.Hilaire (v. 13 janvier). Celle de Lorsch fut fondée par sa mère et son cousin ; il n’en reste que… le portail, tout ayant été la proie des flammes lors de la retraite des Espagnols en 1621. 

En 753, Chrodegang fut officiellement chargé de négocier entre le pape Stéphane II et les Lombards, puis accompagna le pontife jusqu’à Paris pour le mettre en sûreté. Ce geste protecteur lui valut le pallium.

Chrodegang fut un évêque très actif. Il prit part à cinq conciles régionaux (Verberie, Quierzy-sur-Oise, Verneuil, Compiègne, Attigny, entre 753 et 765). Ce dernier concile réunissait plus de quarante évêques, archevêques et abbés, et était présidé par Chrodegang lui-même.

Une de ses principales dispositions fut d’inviter à Metz des chantres de Rome, pour y implanter les rites liturgiques et le chant grégorien «officiels» ; c’était l’objet du concile de Quierzy.

En 763, le nouveau pape, Paul Ier (v. 28 juin), exprima à son tour sa reconnaissance à Chrodegang pour son activité protectrice envers le pontife romain, en lui accordant d’importantes reliques pour ses abbayes : de s.Gorgon (v. 9 septembre) pour Gorze, de s. Nabor (v. 12 juillet) pour Saint-Avold, de s.Nazaire (v. 28 juillet) pour Lorsch.

Chrodegang mourut le 6 mars 766, après vingt-trois ans d’épiscopat. Ses reliques se trouvèrent à Gorze et à Metz, d’où les révolutionnaires les firent disparaître.

Saint Chrodegang est commémoré le 6 mars dans le Martyrologe Romain.

 

 

Olegario de Barcelone

1060-1137

 

Olegario naquit vers 1060 à Barcelone (Espagne) dans une famille illustre. Son père s’appelait aussi Olegario et servait à la cour du comte de Barcelone. Sa mère, Guilia, descendait d’une famille wisigothe.

A dix ans, l’enfant commença des études parmi les chanoines de la cathédrale. A trente ans, il fut ordonné prêtre et devint bientôt doyen du chapitre.

En 1094, il entra chez les Augustins de Besós, dont il devint le prieur deux ans plus tard, déjà remarqué pour sa prudence et son observance de la règle.

Recherchant plus de solitude, il entendit parler du couvent provençal de Saint-Ruf et le rejoignit. On l’y nomma abbé en 1110.

Mais Barcelone ne l’avait pas oublié et on l’appela à succéder à l’évêque défunt, en 1115. Olegario, informé à temps, se dépêcha de disparaître, mais on le retrouva ; persévérant dans son refus et répétant son indignité pour une telle charge, il reçut du pape l’ordre formel d’accepter ce choix. Olegario fut sacré évêque ; mais ce n’était pas fini.

Au siège de Barcelone s’ajouta aussi celui de Tarragona (1118), qui venait d’être reprise aux Sarrasins ; le pape, non seulement confirma ce choix, mais y ajouta encore l’évêché de Tortosa, dont une partie était encore aux mains des Sarrasins.

En 1119, Olegario participa au concile de Toulouse, puis prêcha au synode de Reims.

Olegario fit le voyage de Rome pour rencontrer le pape Gélase II. A peine revenu dans son «triple diocèse», il dut repartir pour participer à Rome au concile de Latran (1123) : on devait y traiter de questions de la Terre sainte, mais Olegario plaida en faveur de l’Espagne, qu’il fallait libérer aussi de la présence des Sarrasins. Il obtint en effet des subsides, et fut nommé légat papal en Espagne pour veiller au bon emploi de ces subsides. Il soutint ainsi les offensives de Tortosa et Lleida.

La paix étant pratiquement revenue, Olegario fit le pèlerinage en Terre sainte, passant par la Syrie et l’Egypte, puis débarquant enfin en Provence où il visita son ancien couvent. 

Il participa au concile de Clermont, où il démontra l’illégitimité de l’antipape Anaclet : saint Bernard (v. 20 août), qui y était présent, et saint Bonaventure (v. 15 juillet) apprécièrent ses interventions. Olegario fut le seul évêque espagnol à se prononcer en faveur du pape légitime.

Rentré en Espagne, il joua le rôle de médiateur et rétablit la paix entre les rois Alfonso VII de Castille et Ramiro II d’Aragón.

Il fit reconstruire la ville de Tarragona, qui avait bien souffert des guerres ; il y fonda un hôpital. Il tint encore un synode peu avant de mourir.

Ayant prédit le jour de son décès, il mourut effectivement le 6 mars 1137 et son corps, incorrompu, se trouve dans la cathédrale de Barcelone ; Olegario est le patron de cette ville.

Les nombreux miracles qui se produisirent à son tombeau n’ont toujours pas abouti à une canonisation. Le culte en fut cependant approuvé en 1675. Le bienheureux Olegario est mentionné au 6 mars dans le Martyrologe.

 

 

Rosa de Viterbe

1240-1253

 

À l'époque où Frédéric II d'Allemagne persécutait l'Église et s'emparait des États pontificaux, Dieu suscitait sainte Rose pour la défense de Viterbe, capitale du patrimoine de saint Pierre et du territoire qui appartenait au souverain pontife.

Les noms de Jésus et Marie furent les premiers mots qui sortirent de la bouche de cette candide créature. Elle avait trois ans lorsque Dieu manifesta sa toute-puissance en ressuscitant par son intermédiaire une de ses tantes qu'on portait au cimetière. Lorsqu'elle fut capable de marcher, elle ne sortait que pour aller à l'église ou pour distribuer aux pauvres le pain qu'on lui donnait. Un jour son père la rencontra en chemin et lui demanda d'ouvrir son tablier pour voir ce qu'elle portait. Ô prodige ! Des roses vermeilles apparurent à la place du pain.

Au lieu de s'amuser comme toutes les fillettes de son âge, Rose de Viterbe passait la plus grande partie de son temps en prière devant de saintes images, les mains jointes, immobile et recueillie. À l'âge de sept ans, elle sollicita instamment la permission de vivre seule avec Dieu dans une petite chambre de la maison. La petite recluse s'y livra à une oraison ininterrompue et à des austérités effrayantes qu'elle s'imposait, disait-elle, pour apaiser la colère de Dieu. Entre autres mortifications, sainte Rose marchait toujours les pieds nus et dormait sur la terre.

Dieu lui révéla les châtiments éternels réservés aux pécheurs impénitents. Rose en fut toute bouleversée. La Très Sainte Vierge Marie lui apparut, la consola, la bénit et lui annonça que le Seigneur l'avait choisie pour convertir les pauvres pécheurs. « Il faudra t'armer de courage, continua la Mère de Dieu, tu parcourras des villes pour exhorter les égarés et les ramener dans le chemin du salut. » Une autre vision la fit participer au drame du Calvaire ; dès lors, la soif de sauver les âmes ne la quitta plus. Sa pénitence aussi austère que précoce, réduisit le frêle corps de Rose à un tel état de faiblesse qu'on désespérait de sauver sa vie. La Très Sainte Vierge la visita de nouveau, la guérit miraculeusement et lui dit d'aller visiter l'église de Saint-Jean-Baptiste le lendemain, puis celle de Saint-François où elle prendrait l'habit du Tiers Ordre.

Obéissante à la voix du ciel, elle commença à parcourir les places publiques de la ville de Viterbe vêtue de l'habit de pénitence, pieds nus, un crucifix à la main, exhortant la foule à la pénitence et à la soumission au Saint-Siège. Des miracles éclatants vinrent confirmer l'autorité de sa parole. Instruit de ce qui se passait, le gouverneur impérial de la ville de Viterbe craignit que cette enfant extraordinaire ne détruisît complètement le prestige de l'empereur Frédéric et que l'autorité du pape s'affirmât à nouveau. Il fit comparaître sainte Rose à son tribunal et menaça de la jeter en prison si elle continuait à prêcher. La servante de Dieu lui répondit : « Je parle sur l'ordre d'un Maître plus puissant que vous, je mourrai plutôt que de Lui désobéir. » Sur les instances d'hérétiques obstinés, sainte Rose est finalement chassée de Viterbe avec toute sa famille, en plein cœur de l'hiver.

Peu après, sainte Rose de Viterbe annonça le trépas de l'ennemi de Dieu, Frédéric II d'Allemagne. En effet, il ne tarda pas à expirer étouffé dans son lit. À cette nouvelle, les habitants de Viterbe s'empressèrent de rappeler leur petite Sainte, absente depuis dix-huit mois. Celle que tous regardaient comme la libératrice de la patrie, la consolatrice des affligés et le secours des pauvres fut reçue en triomphe dans sa ville natale, tandis que le pape Innocent IV, ramené à Rome, rentrait en possession de Viterbe.

Sa mission apostolique terminée, sainte Rose songea à réaliser son vœu le plus cher. Elle se présenta au couvent de Sainte-Marie-des-Roses, mais n'y fut pas acceptée, probablement à cause du genre de vie extraordinaire qu'elle avait menée auparavant. Rose vécut donc en recluse dans la maison paternelle, se vouant à la contemplation et aux plus rigoureuses pénitences. Plusieurs jeunes filles dont elle s'était déjà occupée la supplièrent de les prendre sous sa conduite. La demeure de la Sainte devint un véritable couvent où des âmes généreuses se livrèrent à l'exercice des plus sublimes vertus.

L'élue de Dieu avait dix-sept ans et six mois lorsque le divin Jardinier vint cueillir sa Rose tout épanouie pour le ciel, le 6 mars 1252. 

À l'heure de son glorieux trépas, les cloches sonnèrent d'elles-mêmes. Sainte Rose de Viterbe apparut au souverain pontife pour lui demander de transporter son corps au monastère de Sainte-Marie-des-Roses, translation qui eut lieu six mois après sa mort. À cette occasion, son corps fut trouvé intact. Il se conserve encore, au même endroit, dans toute sa fraîcheur et sa flexibilité. D'innombrables miracles ont illustré son tombeau.

Sainte Rose a été canonisée en 1457.

À Viterbe, elle est fêtée le 4 septembre, jour de la translation de son corps. 

 

 

Colette Boylet

1381-1447

 

Cette grande thaumaturge naquit à Corbie (Somme), de Robert, charpentier. Lui et son épouse avaient longtemps prié saint Nicolas de guérir la stérilité de la maman, c’est pourquoi leur fille reçut le prénom de Colette, abréviation de Nicolette. On dit que la vie de Colette ne fut qu’une suite de miracles, mais il n’y eut pas que ces signes extraordinaires : Colette était une âme de vie intérieure intense, et souffrit beaucoup pour réformer la vie monacale.

Encore jeune, Colette se délectait à entendre l’office des bénédictins, la grand-messe, et aurait bien voulu aller aussi aux heures nocturnes. Elle en eut la permission aux grandes fêtes, puis un vieil ami l’accompagna pendant un temps.

Elle perdit ses parents à dix-huit ans, et fut aidée par l’abbé de Corbie, Raoul de Roye, ainsi que par son directeur spirituel, le père Bassand. Colette voulait une vie religieuse entière, vraiment donnée à Dieu, mais l’abbé Raoul n’y consentit pas tout de suite ; après quelques essais parmi les béguines puis parmi les bénédictines, Colette obtint le statut de recluse : avec l’assentiment de son nouveau directeur, le père Pinet, elle s’isola dans la solitude complète, entre deux contreforts de l’église paroissiale, dans une vie d’austère pénitence. Elle avait vingt-et-un ans passés. Mais sa solitude ne dura guère : on venait la consulter, solliciter ses prières ; le démon aussi vint la tenter. Mais une vision la marqua : celle de François et de Claire d’Assise, qui la pressaient d’intervenir pour réformer leur ordre : François et Claire d’Assise étaient morts respectivement en 1226 et 1253, et la règle rigoureuse initiale avait déjà été mitigée (v. 4 octobre et 11 août). Colette restait perplexe…

Dans le même temps, en Avignon, un bon père franciscain était divinement averti de se rendre “dans le nord de la France, à Corbie, pour être le guide et le soutien d’une jeune fille à qui Dieu donnait une grande mission”. C’était Henry de La Baume. Ils obtinrent du pape d’Avignon la dispense du vœu de reclusage, et Colette sortit de sa cellule.

Rappelons ici que ce pape d’Avignon, Benoît XIII (Pedro di Luna), n’avait pas encore été déposé. Une fois déposé, il ne voulut rien entendre et s’isola complètement, jusqu’à sa mort, six ans après l’élection du pape unique, Martin V, qui ainsi mit fin au schisme d’Occident.

Il ne faut pas s’étonner de cette intervention d’un antipape dans la vie de l’Eglise et dans la mission de Colette. On était en plein schisme d’occident ; deux papes s’affrontaient ; c’était le désarroi partout en France et en Italie ; même saint Vincent Ferrer (v. 5 avril) pensait sincèrement que Benoît XIII était le pape légitime. En l’occurence, ce dernier agit malgré tout sagement : il reconnut l’authenticité de la mission de Colette, l’autorisa à embrasser la règle des Clarisses, et l’établissait réformatrice de l’ordre de sainte Claire, et abbesse générale de tous les monastères qu’elle fonderait. En même temps il autorisait Colette à se choisir un confesseur, qui aurait du même coup le pouvoir d’admettre à la profession de la règle primitive les frères mineurs qui le désireraient.

La première fondation de Colette, fut le couvent des Clarisses à Besançon, où elle séjourna longtemps, avant d’aller fonder à Poligny, plus tard à Gand puis enfin à Corbie, sa ville natale. La réforme gagna maintes parties de France et d’Espagne.

Colette rencontra saint Vincent Ferrer, rallié maintenant au pape de Rome, et tous deux allèrent à Rome solliciter du pape légitime la confirmation des décisions de Benoît XIII. De retour à Besançon, elle y rencontra aussi saint Jean de Capistran (v. 23 octobre). 

On a dit que la vie de Colette était une suite de miracles. Déjà dans son enfance, elle obtint un accroissement subit de sa taille, pour consoler son papa qui s’affligeait de ne pas la voir grandir assez ; à Besançon, elle obtint la guérison d’une malade atteinte de douleurs intolérables ; elle obtint à plus de cent enfants mort-nés la grâce de revivre assez pour recevoir le baptême. Les miracles furent encore plus nombreux après sa mort. Colette eut des visions, des dons d’introspection, de prophétie.

Colette mourut en 1447, comme elle l’avait annoncé peu de temps avant. C'était à Gand, le lundi 6 mars, jour où elle est commémorée au Martyrologe. Elle a été canonisée en 1807.

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