15 DÉCEMBRE
V.
S Valerianus, évêque à Avensa ; au moment de la persécution des Vandales, octogénaire, il fut contraint d’errer sur la voie publique et mourut d’épuisement.
VI.
S Mesmin, premier abbé à Micy ; c'est de Clovis qu'il obtint ce domaine.
X.
S Paul le Jeune, moine au Mont Latros ; il préféra la solitude ; à ses disciples, il demandait seulement obéissance et ponctualité.
XII.
B Marino, abbé à La Cava.
XVII.
Bse Maria Vittoria dei Fornari-Strata, gênoise, mariée à dix-sept ans, veuve à vingt-cinq ans étant enceinte de son sixième enfant ; consacrée, elle fonda l'ordre de l'Annonciade, pour remercier Dieu du mystère de l'Incarnation (mais différent de celui fondé en France en 1502 par ste Jeanne de France).
Ste Virginia Centurione Bracelli, gênoise, mariée contre son désir et, une fois veuve, vouée aux enfants abandonnés, aux malades et aux vieillards ; ses filles mariées, elle abandonna ses biens et fonda la congrégation des Auxiliaires de la Miséricorde ; béatifiée en 1985, canonisée en 2003.
XIX.
Ste Paola Francesca Maria (Maria Crucifiée) Di Rosa, de Brescia, fondatrice des Ancelles de la Charité, pour les divers besoins des malades ; celles-ci seront souvent en butte à l'hostilité des dirigeants et des médecins, qui leur préféraient des infirmières laïques.
B Karl Steeb, protestant allemand, converti à Vérone, fondateur de l'Institut des Sœurs de la Miséricorde, assidu au confessionnal.
XX.
Bx Pau García Sánchez et Ramón Eirín Mayo (*1892, 1911), profès salésiens, martyrs à Madrid en 1936, béatifiés en 2007.
Bses Jožefa Bojanc (Marija Krizina), Kata Ivaniševič (Marija Jula, la supérieure), Jožefa Fabjan (Marija Antonija), Terezija Banja (Marija Bernadeta) (*1885, 1893, 1907, 1912), des Filles de la Divine Charité, martyres en Bosnie-Herzégovine, en 1941, béatifiées en 2011 ; une cinquième Compagne a été martyrisée le 23 décembre suivant.
B János Brenner (1931-1957), jeune prêtre hongrois, assassiné dans un guet-apens, béatifié en 2018.
Virginia Centurione Bracelli
1587-1651
Virginia naquit le 2 avril 1587 à Gênes (Ligurie, Italie nord-ouest), de Giorgio Centurione, doge de la république de Gênes, et Lelia Spinola, une très pieuse femme. Elle eut un frère, Francesco.
Elle reçut une éducation soignée, et apprit même le latin. Madame Centurione mourut prématurément et, bien qu’ayant senti très tôt l’appel à la consécration, Virginia fut contrainte par son père d’épouser à quinze ans Gaspare Grimaldi Bracelli, un garçon de dix-neuf ans, de bonne famille mais à la vie dissolue.
Virginia eut deux filles, Lelia et Isabella.
En 1606, son mari dut aller à Alessandria pour être soigné d’une pneumonie et elle l’y accompagna ; mais Gaspare mourut l’année suivante ; veuve à vingt ans, Virginia se retira chez sa belle-mère, refusant toute autre proposition de mariage que lui proposait son père.
A partir de 1610, elle se consacra à soulager les enfants abandonnés, les vieillards, les malades : la misère était grande à Gênes, où affluaient des gens victimes de la guerre entre Gênes et la Savoie.
Après le mariage de ses deux filles, et la mort de sa belle-mère, elle accueillit chez elle une quinzaine d’orphelines, puis des femmes pauvres.
En 1629-1630, ce fut le tour des victimes de la peste et de la famine.
En 1631, grâce à la duchesse Spinola, elle installa son œuvre naissante dans un couvent vide à Monte Calvario et, trois ans après, elle avait déjà ouvert trois maisons qui abritaient trois-cents personnes.
Elle reprit alors une ancienne association génoise qu’elle réorganisa et, avec l’appui de la noblesse, fonda les Cent Dames de la Miséricorde Protectrices des Pauvres de Jésus-Christ (en italien : Cento Signore della Misericordia Protettrici dei Poveri di Gesù Cristo), dans le but de constater, lors de visites à domicile, les besoins des plus démunis et de leur venir en aide.
Ensuite, elle participa à la réorganisation de l’hôpital, se préoccupant aussi de faire donner une compensation à ceux qui y travaillaient.
Elle disait souvent : Lorsqu’on a Dieu pour objectif, toutes les oppositions s’aplanissent, toutes les difficultés se surmontent.
En 1635, le Sénat génois reconnut l’œuvre. Virginia acheta deux autres maisons et fit construire une église : Notre-Dame du Refuge. Ses collaboratrices s’appelleraient Sœurs de Notre-Dame du Refuge sur le Mont Calvaire.
Ce fut Emmanuele Brignole, un patricien et sénateur de Gênes, qui aida Virginia à organiser cette œuvre, tellement que les Sœurs prirent parfois aussi le nom de Sœurs Brignolines. Encore aujourd’hui, une des gares ferroviaires de Gênes porte le nom de ce Bienfaiteur.
En 1641, sur mission du Sénat, des bienfaiteurs, Brignole en tête, achetèrent la maison de Carignagno, pour concentrer toutes les activités de Virginia. Sur les conseils de l’aumônier, Virginia proposa à ses plus fidèles collaboratrices de former une famille à part, où elles se seraient consacrées comme tertiaires franciscaines, avec le vœu d’obéissance.
Mais Virginia ne s’en tint pas là : ç’aurait été activisme. Virginia combattit les orgies du carnaval en restaurant les «Compagnies de pénitence», destinées à une prière de réparation pour les innombrables péchés qui se commettaient lors des ridicules fêtes du carnaval. Il y eut des processions ; la ville de Gênes fut officiellement consacrée à la Sainte Vierge le 25 mars 1637.
Mais surtout, Virginia institua la dévotion des Quarante heures : pendant un jour et demi environ, le Saint Sacrement serait exposé à l’adoration des fidèles. L’archevêque de Gênes donna son approbation, à condition que Virginia pût assumer la décoration de l’église où aurait lieu cette exposition. La première eut lieu fin 1642.
Les Sœurs de Notre Dame du Refuge au Monte Calvario prirent en charge l’hôpital de Pammatone (1645), l’Office des Pauvres (1650) et essaimèrent dans le monde. Elles ont une cinquantaine de communautés.
Quelques-unes d’entre elles furent appelées à Rome par le pape dès 1827, et furent érigées en institut séparé : les Filles de Notre-Dame au Mont du Calvaire. Elles ont une petite centaine de communautés au Brésil, en Argentine, au Salvador et au Nicaragua, en Pologne, au Cameroun, en Israël, aux Philippines.
Les dernières années de Virginia furent affligées par la discorde entre son frère et le beau-frère de ce dernier. En outre le gendre de Virginia fit faillite. Dans ces circonstances, un important patrimoine familial fondit et priva Virginia d’importants subsides.
Virginia intervint enfin dans les querelles de prestige entre la curie de Gênes et le gouvernement, qui se réconcilièrent.
Virginia s’éteignit à Gênes, dans la maison de Carignano, le 15 décembre 1651. Elle fut béatifiée en 1985 et canonisée en 2003.
Pau García Sánchez
1892-1936
Pau (Paul) naquit le 23 mars 1892 à Lleida (ou Lérida, Espagne).
Il entra dans la maison des Salésiens de Huesca en 1917, et commença le noviciat en 1919 à Carbanchel Alto.
En 1920, il fit la profession comme Frère coopérateur.
Il fut successivement cinq années à Orense, une année à Sarriá, quatre à Gerona, deux encore à Orense, avant d’arriver à Carabanchel Alto.
La maison ayant été prise d’assaut et évacuée par les miliciens le 19 juillet 1936, Pau se réfugia dans une pension qu’il quitta le 25 septembre pour d’autres «cachettes». Il fut un temps avec son Confrère, Ramón Eirín Mayo (voir la notice), et se trouva finalement chez un ancien élève, Martín Moreno.
Dénoncé, il fut arrêté en même temps que la sœur de Martín, religieuse elle aussi, et tous deux furent conduits à la tchéka, confortablement installée dans le palais épiscopal et où commencèrent de pénibles interrogatoires.
Ensuite, Pau fut conduit au peloton pour être fusillé, mais on ne connaît ni le jour précis ni l’endroit de son martyre. On sait juste que ce fut vers le milieu de décembre.
Comme pour Ramón Eirín Mayo, le dies natalis de Pau est officiellement le 15 décembre 1936. Il fut béatifié en 2007.
Ramón Eirín Mayo
1911-1936
Ramón était né le 26 août 1911 à La Coruña (Espagne).
Il fut élève dans l’atelier de menuiserie-charpenterie des Salésiens à La Coruña et ressentit la vocation à la consécration.
Il pensa au sacerdoce, mais comprit qu’il était plutôt fait pour travailler au milieu des ouvriers et se prépara à être coadjuteur salésien.
Au terme du noviciat à Mohernando, il y fit la profession (1930) et fut envoyé trois ans encore à Canavese (Turin, Italie) pour se perfectionner (1932-1935). Il revint à Madrid.
Son activité apostolique avait bien commencé, mais fut tronquée dès l’été 1936.
Le dimanche 19 juillet à dix heures du matin, des miliciens vinrent fouiller la maison : Ramón sauta par une fenêtre et se réfugia sous le portail d’un immeuble voisin, dont cependant les habitants le chassèrent immédiatement.
Il trouva une pension accueillante, et réussit à se faire employer comme infirmier auprès des Vieillards Incurables, toujours à Madrid.
On arriva ainsi au 15 décembre, jour où deux inconnus pénétrèrent avec des miliciens dans l’hôpital et enlevèrent Ramón, dont on ne sut plus rien.
On a de fortes présomptions qu’il fut fusillé ce même 15 décembre 1936 à Paracuellos del Jarama (Madrid) et qu’il y fut enterré dans quelque fosse commune.
Il fut béatifié en 2007.
Jožefa Bojanc
1885-1941
Jožefa était la deuxième des six enfants de Mihael Bojanc et de Marija Bizjak.
Elle naquit le 14 mai 1885 à Zbure (Šmarjetske Toplice, Slovénie) et reçut le baptême le jour-même à Šmarjeta.
En 1891 le papa s’embarqua pour l’Amérique, en quête de travail, et l’on ne sut plus rien de lui après quelques années. De sorte que son épouse était comme veuve avec ses six enfants ; c’était une femme courageuse et très chrétienne : elle allait chaque matin à la Messe et y communiait. Elle nourrissait son petit monde des travaux des champs que lui avait laissés son mari.
Bientôt mourut l’unique garçon, à six ans, et cette femme profondément chrétienne et courageuse vint devant l’autel de la Sainte Vierge pour lui consacrer toutes ses filles.
Jožefa resta auprès de sa mère jusqu’à l’âge de trente-six ans. Sa vocation religieuse s’éveilla lorsque des Sœurs de la Congrégation des Filles de la Divine Charité vinrent demander l’aumône pour leurs œuvres en Slovénie et en Bosnie-Erzégovine.
Elle vint faire son noviciat à Sarajevo en 1922, où la rejoignit sa jeune sœur Angela (qui deviendra Sœur Alfonza). Elle-même prit le nom de Krizina. Elle fit les premiers vœux en 1923 et les solennels en 1926.
Sœur Krizina vint plusieurs fois à Pale et en diverses autres maisons de Bosnie, surtout là où l’appelaient ses compétences dans les travaux des champs et le soin des bêtes (malgré la peur qu’elle avait de celles-ci), l’administration des écoles et des internats, pour le linge et tous les travaux domestiques. C’était une petite abeille toujours au travail, silencieuse et recueillie. Timide de nature, humble parmi les autres Sœurs, elle ne se déchargeait pas de ses problèmes sur les autres, elle était toute en Dieu.
Un jour, on la vit pleurer durant son travail dans le bois. On crut qu’elle était fatiguée, mais elle expliqua que sa tristesse était qu’elles ne pouvaient avoir la Messe et l’Eucharistie chaque jour.
Comme le fit sa maman autrefois, Krizina conserva toute sa vie une grande dévotion à la Vierge Marie.
On la vit toujours se choisir le travail plus fatiguant, pour alléger la fatigue des autres. Quand elle demanda elle-même à revenir à Pale, en 1939, on ne sut jamais le motif de son choix ; était-ce pour reprendre un travail plus difficile en dominant son aversion pour les bêtes ? était-ce par intuition du martyre qui l’attendait ? On sait qu’elle avait confié plusieurs fois son désir de mourir martyre.
Dans les circonstances déjà décrites (voir la notice de Kata Ivanišević), elle reçut cette couronne glorieuse le 15 décembre 1941, et fut béatifiée en 2011.
Kata Ivanišević
1893-1941
Née le 25 novembre 1893, Kata reçut le nom de la Sainte du jour, Catherine d’Alexandrie.
Elle naquit à Staro Petrovo Selo (Nova Gradiška, Croatie) de Nikola et Tera, née Šimunović, et fut baptisée dès le lendemain.
Cette famille chrétienne comportait onze enfants, dont cinq moururent en bas âge. On priait en famille, on ne manquait jamais la messe du dimanche, et l’on s’y rendait aussi parfois en semaine.
Après quatre années d’école primaire, elle suspendit ses études à cause de la pauvreté de la famille. Elle resta ainsi à la maison, où sa maman observait qu’elle avait «quelque chose» de plus que les autres. Sa sœur aînée dit qu’elle rayonnait de bonté pour tous et qu’elle était un modèle d’obéissance.
Quand elle avait du temps, ou en gardant les moutons, elle lisait des vies de Saints, qu’ensuite elle racontait à d’autres, qui se réunissaient autour d’elle.
C’est certainement par influence de ces belles lectures qu’à dix ans elle fit le vœu d’abstinence, ainsi qu’on l’apprend dans la vie de beaucoup d’ermites, de moines, dès l’antiquité chrétienne. Volontiers elle distribuait le lard de son goûter, ne mangeant que le pain sec. Ce n’est… qu’en entrant au couvent, qu’elle mangea de la viande, pour se plier à la loi commune de la communauté.
Dans sa jeunesse, elle se montra modeste, discrète, préférant le silence et la prière à la danse et aux sorties. Sa vocation mûrissait : elle animait la prière à l’église et affirmait ne pas vouloir se marier pour «servir Jésus».
Quand elle eut dix-huit ans, elle exprima clairement son désir d’entrer en religion, mais sa mère s’y opposa, car elle était sa main droite à la maison. Kata attendit deux ans, et put, après la mort de sa mère, entrer dans la Congrégation des Filles de la Divine Charité, à Sarajevo (1914).
On lui fait étudier la langue allemande et elle part pour recevoir sa formation dans la maison-mère de Vienne. Elle est postulante à Breitenfurt (près de Vienne) ; novice, elle prend le nom de Marija Jula. Elle fait les premiers vœux en 1916, les vœux perpétuels à Sarajevo en 1923.
Plus tard entreront aussi dans la même Congrégation sa petite sœur Mara, trois nièces et une petite-nièce.
Jula revient en Bosnie : on lui confie la direction d’un orphelinat à Zagreb ; elle passe sept ans à Breške, dans les travaux agricoles. Là encore elle se distingue par son obéissance.
Elle revient un an à Sarajevo pour se remettre un peu de sa fatigue (elle a aussi des problèmes cardiaques) : Elle remplaçait par son zèle, sa patience et son calme ce qui manquait à ses forces.
En 1932, elle devient supérieure de la communauté de Pale, jusqu’à sa mort. Sa présence nourrit la cohésion, l’esprit de sacrifice et de charité. Les divers témoignages la disent angélique, dynamique, prête à aider ; une supérieure équilibrée et juste ; humble ; dévote envers la Vierge Marie comme un enfant. Elle écrivait à une nièce : Imite la Sainte Vierge dans sa modestie et son humilité. L’humilité est le fondement de toute vertu, et l’orgueil le commencement de tout mal.
Valerianus d’Avensa
377-457
On a parlé au 28 novembre de plusieurs évêques d’Afrique, qui souffrirent la persécution des Vandales en 430 et de nouveau en 484.
Entre ces deux dates, en 457, Genséric ordonna de faire disparaître tous les livres et objets sacré du culte chrétien.
L’évêque d’Avensa (auj. Sidi Zéhili, Tunisie), Valerianus, qui était déjà fort âgé, s’opposa énergiquement à cette mesure et, pour cela fut arrêté et expulsé de sa ville ; on interdit aux habitants de le recevoir où que ce fût, ni dans une maison ni même dans un champ. Le vieil évêque en fut réduit à vivre de rien et à coucher nulle part ; il en arriva à devoir dormir presque nu sur la voie publique : c’est en cet état que le rencontra Victor de Vite, auquel nous devons ces détails.
Lors de cette rencontre, Valerianus avait plus de quatre-vingts ans. Il mourut bientôt d’épuisement.
Le Martyrologe Romain mentionne saint Valerianus d’Avensa au 15 décembre.
Marino de La Cava
† 1170
On ne connaît pas l’ascendence de Marino, ni sa première jeunesse.
Il entra à l’abbaye de La Cava, où il devint vestararius, c’est-à-dire chargé du vestiaire. Mais il était aussi responsable de la préservation des documents attestant les propriétés de l’abbaye.
C’est ainsi qu’en 1143, il exhiba les documents nécessaires pour faire reconnaître les droits de l’abbaye sur trois églises.
En 1146, il fut élu septième abbé de La Cava et se rendit à Rome pour recevoir du pape Eugène III la bénédiction abbatiale ; le pape le nomma titulaire également de l’église romaine Saint-Laurent-in-Panisperna.
En 1149, le même pape déclara l’abbaye de La Cava exempte de toute autre autorité que le Saint-Siège, confirmant que cette abbaye étendait son autorité sur cent-trois églises et monastères.
C’est encore sous Marino, en 1150, que les moines s’installèrent à Naples, recevant en 1154 de grands privilèges du roi Guillaume le Mauvais (qui ne méritait certainement pas son surnom).
Cette même année 1150, l’abbaye accueillait la dépouille mortelle de Sibille de Bourgogne, deuxième épouse de Ruggero II de Sicile, morte à Salerno.
En 1167, Marino et toute sa famille monacale apporta un valeureux soutien au pape Alexandre III ; ce pape avait été contesté par l’empereur Barberousse, qui avait fait élire un anti-pape. Alexendre III, reconnu par tout l’Occident catholique, s’était d’abord réfugié en France puis, à partir de 1167, en Italie, où Barbarossa, enfin battu par la Ligue Lombarde, reconnut le pape légitime. Alexandre tint à remercier Marino en confirmant et amplifiant les exemptions déjà accordées antérieurement par le Vatican.
Marino mourut le 15 décembre 1170.
Son culte se développa, et fut confirmé en 1928.
Bienheureux Marino de La Cava est commémoré le 15 décembre dans le Martyrologe Romain.
Vittoria Fornari Strata
1562-1617
Vittoria naquit en 1562 à Gênes (Ligurie, Italie NO), septième des neuf enfants de Girolamo et Barbara Veneroso, des gens aisés et très chrétiens.
La foi vivante qu’elle reçut dans ce foyer, se manifesta précocement, lorsqu’elle obtint par sa prière la guérison d’un de ses frères.
Elle eut peut-être le désir d’entrer en religion, mais à dix-sept ans elle épousa avec joie le parti que ses parents lui présentèrent, Angelo Strata. Après la naissance d’Angela, Barbara, Giuseppe, Leonardo et Alessandro, Vittoria attendait son sixième enfant, lorsque mourut brusquement son cher mari en novembre 1588. L’enfant fut baptisé Angelo.
Vittoria sombra dans une courte dépression, mais elle pria la Sainte Vierge et fit trois vœux : chasteté perpétuelle, abandon des tenues élégantes, et renonciation aux salons mondains, pour s’occuper uniquement de ses enfants et du prochain.
Soutenue et dirigée par un bon prêtre, elle participait à la Messe quotidienne, priait l’Office marial et le chapelet ; les enfants et les domestiques s’unirent à elle dans la prière, quoique parfois un peu à contre-cœur.
En peu de temps, la Providence libéra Vittoria de tous liens humains. En 1597, mourut l’avant-dernier, Alessandro, que Vittoria «remplaça» par une nièce orpheline, ainsi qu’une autre petite orpheline. Puis Angela et Barbara entrèrent chez les Chanoinesses de Latran ; les trois garçons entrèrent chez les Minimes (Angelo n’avait que quinze ans). Vittoria pouvait désormais suivre son idéal et commença une vie marquée par la générosité envers le prochain. Elle se priva de nourriture pour nourrir des pauvres, elle quêta même à la porte des églises, elle, la noble bourgeoise, que des parents ne se gênèrent pas de critiquer ouvertement.
Vittoria alla au chevet des malades, leur achetant des remèdes, prévenant un prêtre pour les assister ; elle fit le catéchisme dans les paroisses, tant aux enfants qu’à des adultes, se préoccupant de leur fournir un peu d’instruction élémentaire. Elle «récupéra» des filles de la rue.
En 1600, Vittoria voulut fonder une famille religieuse vouée à l’adoration du Verbe Incarné. Le projet se concrétisa en 1602 avec l’adjonction de quelques autres dames et un homme. Vittoria acheta les immeubles nécessaires aux hommes et aux femmes, les constitutions en furent approuvées par le pape en 1604, et l’archevêque de Gênes fit les premières prises d’habit en août 1604.
Dans ce nouvel Ordre de la Très Sainte Annonciation, Vittoria s’appellerait désormais Maria Vittoria et fut nommée prieure ; les Religieuses porteraient un habit blanc avec un manteau et des sandales bleu turquoise, d’où le surnom de Turquine (Turquoises) qu’on leur donna ; la règle serait celle de Saint-Augustin ; on renouvellerait chaque année les vœux le 25 mars, fête de l’Annonciation.
En 1605 cependant, une crise ébranla l’institut. Vittoria tomba malade, une des Consœurs mourut, et le premier homme consacré, Stefano Centurione, prétendit orienter la maison dans l’esprit carmélitain. Mais la Vérité triompha, les fautifs se repentirent, et la vie reprit son essor. Il y eut bientôt les premières professions solennelles et même Stefano fut ordonné prêtre, et nommé aumônier de l’Institut.
On fit bientôt appel à la nouvelle fondation depuis la France et la Belgique. Il ne faut pas pour autant confondre la fondation gênoise avec l’Ordre des Annonciades, fondé en France un siècle plus tôt par sainte Jeanne de Valois (v. 4 février).
Réélue en 1608, Maria Vittoria ne fut pas réélue en 1611, à cause de sa santé. Elle continua de marquer la fondation de son esprit charismatique, lisant dans les cœurs, prophétisant aussi, par exemple, qu’elle mourrait quand serait arrivée la quarantième Sœur. Or, en 1613 - l’année de l’approbation romaine définitive et aussi de la mort du fils aîné de Maria-Vittoria (Giuseppe, en religion Giovanni Angelo) - se présenta la quarantième vocation : Maria Vittoria, frappée d’une grave pneumonie, annonça alors qu’elle mourrait le 15 décembre suivant, ce qui arriva effectivement.
Maria Vittoria Fornari Strata, morte le 15 décembre 1617, fut béatifiée en 1828.
Son corps, resté incorrompu, est conservé dans la monastère gênois de Serra Ricò.
Virginia Centurione Bracelli
1587-1651
Virginia naquit le 2 avril 1587 à Gênes (Ligurie, Italie NO), de Giorgio Centurione, doge de la république de Gênes, et Lelia Spinola, une très pieuse femme. Elle eut un frère, Francesco.
Elle reçut une éducation soignée, et apprit même le latin. Madame Centurione mourut prématurément et, bien qu’ayant senti très tôt l’appel à la consécration, Virginia fut contrainte par son père d’épouser à quinze ans Gaspare Grimaldi Bracelli, un garçon de dix-neuf ans, de bonne famille mais à la vie dissolue.
Virginia eut deux filles, Lelia et Isabella.
En 1606, son mari dut aller à Alessandria pour être soigné d’une pneumonie et elle l’y accompagna ; mais Gaspare mourut l’année suivante ; veuve à vingt ans, Virginia se retira chez sa belle-mère, refusant toute autre proposition de mariage que lui proposait son père.
A partir de 1610, elle se consacra à soulager les enfants abandonnés, les vieillards, les malades : la misère était grande à Gênes, où affluaient des gens victimes de la guerre entre Gênes et la Savoie.
Après le mariage de ses deux filles, et la mort de sa belle-mère, elle accueillit chez elle une quinzaine d’orphelines, puis des femmes pauvres.
En 1629-1630, ce fut le tour des victimes de la peste et de la famine.
En 1631, grâce à la duchesse Spinola, elle installa son œuvre naissante dans un couvent vide à Monte Calvario et, trois ans après, elle avait déjà ouvert trois maisons qui abritaient trois-cents personnes.
Elle reprit alors une ancienne association génoise qu’elle réorganisa et, avec l’appui de la noblesse, fonda les Cent Dames de la Miséricorde Protectrices des Pauvres de Jésus-Christ (en italien : Cento Signore della Misericordia Protettrici dei Poveri di Gesù Cristo), dans le but de constater, lors de visites à domicile, les besoins des plus démunis et de leur venir en aide.
Ensuite, elle participa à la réorganisation de l’hôpital, se préoccupant aussi de faire donner une compensation à ceux qui y travaillaient.
Elle disait souvent : Lorsqu’on a Dieu pour objectif, toutes les oppositions s’aplanissent, toutes les difficultés se surmontent.
En 1635, le Sénat génois reconnut l’œuvre. Virginia acheta deux autres maisons et fit construire une église : Notre-Dame du Refuge. Ses collaboratrices s’appelleraient Sœurs de Notre-Dame du Refuge sur le Mont Calvaire.
Ce fut Emmanuele Brignole, un patricien et sénateur de Gênes, qui aida Virginia à organiser cette œuvre, tellement que les Sœurs prirent parfois aussi le nom de Sœurs Brignolines. Encore aujourd’hui, une des gares ferroviaires de Gênes porte le nom de ce Bienfaiteur.
En 1641, sur mission du Sénat, des bienfaiteurs, Brignole en tête, achetèrent la maison de Carignagno, pour concentrer toutes les activités de Virginia. Sur les conseils de l’aumônier, Virginia proposa à ses plus fidèles collaboratrices de former une famille à part, où elles se seraient consacrées comme tertiaires franciscaines, avec le vœu d’obéissance.
Mais Virginia ne s’en tint pas là : ç’aurait été activisme. Virginia combattit les orgies du carnaval en restaurant les «Compagnies de pénitence», destinées à une prière de réparation pour les innombrables péchés qui se commettaient lors des ridicules fêtes du carnaval. Il y eut des processions ; la ville de Gênes fut officiellement consacrée à la Sainte Vierge le 25 mars 1637.
Mais surtout, Virginia institua la dévotion des Quarante heures : pendant un jour et demi environ, le Saint Sacrement serait exposé à l’adoration des fidèles. L’archevêque de Gênes donna son approbation, à condition que Virginia pût assumer la décoration de l’église où aurait lieu cette exposition. La première eut lieu fin 1642.
Les Sœurs de Notre Dame du Refuge au Monte Calvario prirent en charge l’hôpital de Pammatone (1645), l’Office des Pauvres (1650) et essaimèrent dans le monde. Elles ont une cinquantaine de communautés.
Quelques-unes d’entre elles furent appelées à Rome par le pape dès 1827, et furent érigées en institut séparé : les Filles de Notre-Dame au Mont du Calvaire. Elles ont une petite centaine de communautés au Brésil, en Argentine, au Salvador et au Nicaragua, en Pologne, au Cameroun, en Israël, aux Philippines.
Les dernières années de Virginia furent affligées par la discorde entre son frère et le beau-frère de ce dernier. En outre le gendre de Virginia fit faillite. Dans ces circonstances, un important patrimoine familial fondit et priva Virginia d’importants subsides.
Virginia intervint enfin dans les querelles de prestige entre la curie de Gênes et le gouvernement, qui se réconcilièrent.
Virginia s’éteignit à Gênes, dans la maison de Carignano, le 15 décembre 1651. Elle fut béatifiée en 1985 et canonisée en 2003.
Paola Francesca Maria Di Rosa
1813-1855
Paola ou Paolina vit le jour le 6 novembre 1813 à Brescia (Italie N), sixième des neuf enfants de Clemente et Camilla Albani, qui perdirent trois de leurs fils en bas âge.
A cette époque, la ville était sous la domination autrichienne et Clemente était une des personnalités de premier plan dans l’administration ; très chrétien, il soutint les fondations religieuses et sociales.
Selon l’habitude d’alors, les parents firent donner la première instruction à leurs enfants à domicile ; ils confièrent ensuite Paola aux Religieuses de la Visitation.
Elle fut orpheline de sa mère à onze ans ; à dix-sept ans, elle vint s’occuper de la maison paternelle, toujours réservée et très intérieure. Refusant le parti que lui proposa son père, elle fit le vœu de virginité perpétuelle, puis se mit à s’occuper de toutes sortes d’œuvres charitables, comme les ouvrières de l’usine de filature de son père à Acquafredda (à trente kilomètres de Brescia), ou bien la formation des jeunes filles de Capriano del Colle (Brescia).
Elle ouvrit à Brescia deux écoles pour sourds-muets, pour les garçons et pour les filles. En 1836 sévit une épidémie de choléra, et elle offrit ses services à l’hôpital, où les conditions précaires de la structure sanitaire firent naître en elle l’idée d’une association religieuse au profit des malades.
Après la mort de ses autres frères et sœurs, unique héritière de son père qui la soutenait pleinement, elle mit sur pied cette association en 1840. Une trentaine de pieuses femmes se mirent à assister les malades dans l’hôpital. Il y eut des tensions entre elles et l’administration, mais le gouvernement reconnut la nouvelle famille, qui prit le nom de Servantes de la Charité.
Paola se retrouva ainsi Supérieure de la congrégation naissante ; elle prit le nom de Maria Crocifissa et s’occupa avec les autres de tous les malheureux : pauvres, malades, soldats blessés dans les conflits du nord de l’Italie.
Elle avait prit son nom de Crucifiée en référence aux souffrances du Christ en croix et fonda toute sa spiritualité sur l’offrande de soi pour tous les membres souffrants du Corps Mystique du Christ.
D’autres maisons s’ouvrirent bientôt dans les environs : Cremone, Manerbio, Montichiari, Chiari, Mantoue, Udine, Crema, Ragusa, Trieste…
La Congrégation fut approuvée par le Pape en 1851.
Maria Crocifissa tomba malade à Mantoue en novembre 1855, et mourut à Brescia le 15 décembre 1855.
Elle fut béatifiée en 1940 et canonisée en 1954.
Johannes Heinrich Karl Steeb
1773-1856
Karl vit le jour le 18 décembre 1773 à Tübingen (Württemberg, Allemagne SO), dans une famille bourgeoise et de foi luthérienne. Le père, Johann Heinrich, tenait une auberge «A l’Agneau». Karl avait une sœur, Wilhelmine.
Karl fréquenta d’abord l’école de Tübingen (où il apprit le latin), et partit étudier les langues à Paris (1788), puis, à cause de la Révolution française, à Vérone (Italie) en 1792.
Ayant rencontré des catholiques, parmi lesquels le père Leonardi, Karl se rapprocha du catholicisme et, toujours en 1792, après s’être confié à la Sainte Vierge, embrassa la religion du Pape romain. Désormais, sa famille rompit tout contact avec lui ; à la mort des parents, sa sœur devait recevoir tout l’héritage, mais elle lui reversa tout de même sa part.
En 1796, Karl était ordonné prêtre.
Il passera désormais dix-huit années à soigner les malades de tout genre qu’il trouva à Vérone, pauvres, abandonnés, vieillards, orphelins, soldats blessés, etc. Lui-même fut affligé de la pénible maladie du typhus, mais Dieu lui donna la force de travailler encore intensément.
On l’appelait de tous côtés, pour confesser, pour consoler, pour conseiller. En plus, parlant autant l’italien que le français et l’allemand, il pouvait aborder beaucoup de groupes ; il fut professeur dans un collège de jeunes filles, au séminaire de Vérone.
Il sentit la nécessité de disposer d’une famille religieuse féminine, dont les membres se pencheraient vraiment maternellement sur les misères de la société. Avec Luigia Poloni, il commença cette formation. En 1835, on projeta l’institut des Sœurs de la Miséricorde de Vérone.
En 1848, un premier groupe de sœurs fit la profession religieuse. Luigia prit le nom de Vicenta Maria.
Le bien que firent ces Religieuses fut immense, en particulier durant plusieurs épidémies de choléra, de variole.
Mère Vicenta mourut le 11 novembre 1855. Le père Karl (Carlo en italien), le 15 décembre 1856 : trois jours plus tard, il accomplissait quatre-vingt-trois ans.
Le père Karl Steeb fut béatifié en 1975.
L’Institut compte actuellement un peu plus d’un millier de membres, en Europe, en Amérique latine et en Afrique.
Pau García Sánchez
1892-1936
Pau (Paul) naquit le 23 mars 1892 à Lleida (ou Lérida, Espagne).
Il entra dans la maison des Salésiens de Huesca en 1917, et commença le noviciat en 1919 à Carbanchel Alto.
En 1920, il fit la profession comme Frère coopérateur.
Il fut successivement cinq années à Orense, une année à Sarriá, quatre à Gerona, deux encore à Orense, avant d’arriver à Carabanchel Alto.
La maison ayant été prise d’assaut et évacuée par les miliciens le 19 juillet 1936, Pau se réfugia dans une pension qu’il quitta le 25 septembre pour d’autres «cachettes». Il fut un temps avec son Confrère, Ramón Eirín Mayo (v. notice), et se trouva finalement chez un ancien élève, Martín Moreno.
Dénoncé, il fut arrêté en même temps que la sœur de Martín, religieuse elle aussi, et tous deux furent conduits à la tchéka, confortablement installée dans le palais épiscopal et où commencèrent de pénibles interrogatoires.
Ensuite, Pau fut conduit au peloton pour être fusillé, mais on ne connaît ni le jour précis ni l’endroit de son martyre. On sait juste que ce fut vers le milieu de décembre.
Comme pour Ramón Eirín Mayo, le dies natalis de Pau est officiellement le 15 décembre 1936. Il fut béatifié en 2007.
Ramón Eirín Mayo
1911-1936
Ramón était né le 26 août 1911 à La Coruña (Espagne).
Il fut élève dans l’atelier de menuiserie-charpenterie des Salésiens à La Coruña et ressentit la vocation à la consécration.
Il pensa au sacerdoce, mais comprit qu’il était plutôt fait pour travailler au milieu des ouvriers et se prépara à être coadjuteur salésien.
Au terme du noviciat à Mohernando, il y fit la profession (1930) et fut envoyé trois ans encore à Canavese (Turin, Italie) pour se perfectionner (1932-1935). Il revint à Madrid.
Son activité apostolique avait bien commencé, mais fut tronquée dès l’été 1936.
Le dimanche 19 juillet à dix heures du matin, des miliciens vinrent fouiller la maison : Ramón sauta par une fenêtre et se réfugia sous le portail d’un immeuble voisin, dont cependant les habitants le chassèrent immédiatement.
Il trouva une pension accueillante, et réussit à se faire employer comme infirmier auprès des Vieillards Incurables, toujours à Madrid.
On arriva ainsi au 15 décembre, jour où deux inconnus pénétrèrent avec des miliciens dans l’hôpital et enlevèrent Ramón, dont on ne sut plus rien.
On a de fortes présomptions qu’il fut fusillé ce même 15 décembre 1936 à Paracuellos del Jarama (Madrid) et qu’il y fut enterré dans quelque fosse commune.
Il fut béatifié en 2007.
Jožefa Bojanc
1885-1941
Jožefa était la deuxième des six enfants de Mihael Bojanc et de Marija Bizjak.
Elle naquit le 14 mai 1885 à Zbure (Šmarjetske Toplice, Slovénie) et reçut le baptême le jour-même à Šmarjeta.
En 1891 le papa s’embarqua pour l’Amérique, en quête de travail, et l’on ne sut plus rien de lui après quelques années. De sorte que son épouse était comme veuve avec ses six enfants ; c’était une femme courageuse et très chrétienne : elle allait chaque matin à la Messe et y communiait. Elle nourrissait son petit monde des travaux des champs que lui avait laissés son mari.
Bientôt mourut l’unique garçon, à six ans, et cette femme profondément chrétienne et courageuse vint devant l’autel de la Sainte Vierge pour lui consacrer toutes ses filles.
Jožefa resta auprès de sa mère jusqu’à l’âge de trente-six ans. Sa vocation religieuse s’éveilla lorsque des Sœurs de la Congrégation des Filles de la Divine Charité vinrent demander l’aumône pour leurs œuvres en Slovénie et en Bosnie-Erzégovine.
Elle vint faire son noviciat à Sarajevo en 1922, où la rejoignit sa jeune sœur Angela (qui deviendra Sœur Alfonza). Elle-même prit le nom de Krizina. Elle fit les premiers vœux en 1923 et les solennels en 1926.
Sœur Krizina vint plusieurs fois à Pale et en diverses autres maisons de Bosnie, surtout là où l’appelaient ses compétences dans les travaux des champs et le soin des bêtes (malgré la peur qu’elle avait de celles-ci), l’administration des écoles et des internats, pour le linge et tous les travaux domestiques. C’était une petite abeille toujours au travail, silencieuse et recueillie. Timide de nature, humble parmi les autres Sœurs, elle ne se déchargeait pas de ses problèmes sur les autres, elle était toute en Dieu.
Un jour, on la vit pleurer durant son travail dans le bois. On crut qu’elle était fatiguée, mais elle expliqua que sa tristesse était qu’elles ne pouvaient avoir la Messe et l’Eucharistie chaque jour.
Comme le fit sa maman autrefois, Krizina conserva toute sa vie une grande dévotion à la Vierge Marie.
On la vit toujours se choisir le travail plus fatiguant, pour alléger la fatigue des autres. Quand elle demanda elle-même à revenir à Pale, en 1939, on ne sut jamais le motif de son choix ; était-ce pour reprendre un travail plus difficile en dominant son aversion pour les bêtes ? était-ce par intuition du martyre qui l’attendait ? On sait qu’elle avait confié plusieurs fois son désir de mourir martyre.
Dans les circonstances déjà décrites (voir la notice de Kata Ivanišević), elle reçut cette couronne glorieuse le 15 décembre 1941, et fut béatifiée en 2011.
Kata Ivanišević
1893-1941
Née le 25 novembre 1893, Kata reçut le nom de la Sainte du jour, Catherine d’Alexandrie.
Elle naquit à Staro Petrovo Selo (Nova Gradiška, Croatie) de Nikola et Tera, née Šimunović, et fut baptisée dès le lendemain.
Cette famille chrétienne comportait onze enfants, dont cinq moururent en bas âge. On priait en famille, on ne manquait jamais la messe du dimanche, et l’on s’y rendait aussi parfois en semaine.
Après quatre années d’école primaire, elle suspendit ses études à cause de la pauvreté de la famille. Elle resta ainsi à la maison, où sa maman observait qu’elle avait «quelque chose» de plus que les autres. Sa sœur aînée dit qu’elle rayonnait de bonté pour tous et qu’elle était un modèle d’obéissance.
Quand elle avait du temps, ou en gardant les moutons, elle lisait des vies de Saints, qu’ensuite elle racontait à d’autres, qui se réunissaient autour d’elle.
C’est certainement par influence de ces belles lectures qu’à dix ans elle fit le vœu d’abstinence, ainsi qu’on l’apprend dans la vie de beaucoup d’ermites, de moines, dès l’antiquité chrétienne. Volontiers elle distribuait le lard de son goûter, ne mangeant que le pain sec. Ce n’est… qu’en entrant au couvent, qu’elle mangea de la viande, pour se plier à la loi commune de la communauté.
Dans sa jeunesse, elle se montra modeste, discrète, préférant le silence et la prière à la danse et aux sorties. Sa vocation mûrissait : elle animait la prière à l’église et affirmait ne pas vouloir se marier pour «servir Jésus».
Quand elle eut dix-huit ans, elle exprima clairement son désir d’entrer en religion, mais sa mère s’y opposa, car elle était sa main droite à la maison. Kata attendit deux ans, et put, après la mort de sa mère, entrer dans la Congrégation des Filles de la Divine Charité, à Sarajevo (1914).
On lui fait étudier la langue allemande et elle part pour recevoir sa formation dans la maison-mère de Vienne. Elle est postulante à Breitenfurt (près de Vienne) ; novice, elle prend le nom de Marija Jula. Elle fait les premiers vœux en 1916, les vœux perpétuels à Sarajevo en 1923.
Plus tard entreront aussi dans la même Congrégation sa petite sœur Mara, trois nièces et une petite-nièce.
Jula revient en Bosnie : on lui confie la direction d’un orphelinat à Zagreb ; elle passe sept ans à Breške, dans les travaux agricoles. Là encore elle se distingue par son obéissance.
Elle revient un an à Sarajevo pour se remettre un peu de sa fatigue (elle a aussi des problèmes cardiaques) : Elle remplaçait par son zèle, sa patience et son calme ce qui manquait à ses forces.
En 1932, elle devient supérieure de la communauté de Pale, jusqu’à sa mort. Sa présence nourrit la cohésion, l’esprit de sacrifice et de charité. Les divers témoignages la disent angélique, dynamique, prête à aider ; une supérieure équilibrée et juste ; humble ; dévote envers la Vierge Marie comme un enfant. Elle écrivait à une nièce : Imite la Sainte Vierge dans sa modestie et son humilité. L’humilité est le fondement de toute vertu, et l’orgueil le commencement de tout mal.
Cette petite communauté de Pale rayonnait d’amour fraternel, de charité pour tous, qu’ils fussent orthodoxes ou musulmans, aidant, prêtant, assistant par tous les moyens.
En avril 1941, le gouvernement de Yougoslavie avec le général Simovič, fuyant Belgrade, tinrent avec reconnaissance leur dernière réunion dans cette sainte maison.
A partir de 1941, la vie à Pale devenait chaque jour plus dangereuse, mais les Religieuses préféraient rester sur place pour être aux côtés de la population locale. En septembre, les coups de feu se rapprochaient, mais elles continuaient leur activité dans le calme, confiantes qu’elles ne risquaient rien, étant donné qu’elles ne faisaient que du bien autour d’elles.
En octobre, les incidents se multiplient ; partout démolitions, incendies, vols, enlèvements… La ligne de chemin de fer pour Sarajevo, leur unique moyen de locomotion, est souvent coupée. Les Religieuses prient intensément pour la paix, surtout pour la «Bosnie ensanglantée», jusqu’au matin du 11 décembre.
Ce soir-là, un groupe de soldats attaqua violemment la maison. Jula était justement sortie pour acheter de la farine. Les Sœurs présentes accoururent auprès du prêtre slovène, Meško pour lui demander l’absolution. Les soldats pénétrèrent dans la maison et mirent tout le monde dehors, sur la neige. A ce moment-là Jula arriva et comprit tout de suite la situation : elle donna à son chauffeur tout ce qu’elle avait en main en lui disant : Va-t-en vite où tu veux, ils vont te tuer. Et elle se joignit aussitôt à ses Sœurs. Les soldats serbes criaient : Allez-y, les gars, arrêtez-les toutes vivantes, elles ne nous servent à rien si elles sont mortes.
Toutes les Sœurs sont arrêtées pour être conduites vers Sjetlina, puis vers Goražde. Le couvent est vandalisé et incendié. Plus tard on y retrouva le ciboire, contenant cinq hosties calcinées, qui étaient destinées aux cinq Sœurs.
On leur adjoignit aussi des jeunes filles de la voisine Maison pour Enfants, qui furent ensuite libérées. On les fit marcher quatre jours par les montagnes et les forêts de Romanija, où elles souffrirent beaucoup du froid, n’ayant sur elles que leur habit d’intérieur. La plus ancienne, Berchmana, trop faible, est abandonnée en cours de route dans une cabane. De nuit, elles s’arrêtaient dans des cabanes abandonnées ou trouvaient un peu de soulagement chez des orthodoxes, qui leur donnaient du lait et du miel. Elles n’en pouvaient plus.
Elles parlaient peu, elles priaient. Elles demandaient ce qui était arrivé à la pauvre Sœur Berchmana, elles réconfortaient les jeunes filles qui étaient avec elles. L’une d’elle donna son châle au vieux prêtre qui tremblait de froid.
La Sœur Berchmana et les jeunes filles furent laissées à Sjetlina, tandis qu’on emmenait les quatre autres Sœurs à la caserne de Goražde, où on les enferma au second étage. Vers minuit, les soldats s’avancèrent vers les Religieuses avec des propositions infâmes : elles devaient se déshabiller, renoncer à leur état religieux, à leur fidélité à Rome. Elles s’y opposèrent fermement : Plutôt la mort, que ce que vous cherchez ! Pendant une heure, se suivirent les coups, les menaces, les outrages. Les soldats commencèrent à leur arracher les habits.
Jula alors ouvrit la fenêtre et invita les autres à la suivre, au cri de Jésus, sauve-nous ! L’une après l’autre, elles se jetèrent dans le vide. Elles cherchèrent à se relever, mais les soldats se jetèrent sur elles avec leurs couteaux et les achevèrent. Puis ils les traînèrent par les pieds jusqu’au bord de la proche rivière, la Drina.
Les habitants proches entendirent clairement les cris de ces femmes. Ils durèrent environ une heure.
Un soldat prisonnier vit que chacune fit le signe de la Croix avant de recevoir le coup fatal. Un autre témoin reconnut que chacune avait une blessure à la poitrine et une dizaine d’autres blessures sur tout le corps. Les corps restèrent là, jusqu’à ce qu’un ordre exigeât de les jeter dans la Drina, qui devint ainsi leur tombe.
La Sœur Berchmana fut assassinée quelques jours plus tard, le 23 décembre.
Le dies natalis des quatre premières Religieuses est au 15 décembre.
Elles ont été béatifiées en 2011.
Jožefa Fabjan
1907-1941
Le papa de notre Jožefa était veuf avec trois garçons ; il se remaria avec Jožefa Kralj, avec laquelle il eut cinq autres enfants, dont Jožefa était la troisième, et l’aînée des filles.
Jožefa naquit le 23 janvier 1907 à Malo Lipje (Novo Mesta, Slovénie). Elle a à peine quatre ans, que mourut son papa, en 1911. La pauvre maman, veuve avec huit bouches à nourrir, fut contrainte de travailler durement la terre, en même temps qu’elle éduquait chrétiennement ses enfants.
Sept ans après, c’est cette vaillante maman qui mourut, et tous ces petits enfants trouvèrent un accueil maternel auprès de leur tante, Marija Poznik. Jožefa a alors tout juste onze ans.
Sa vocation mûrit et elle entre chez les Filles de la Divine Charité à Sarajevo (Bosnie). Novice en 1930, elle prend le nom de Marija Antonija ; très vite elle se distingue pour son esprit d’obéissance. Sa seconde année de noviciat se fait sous la direction de Sœur Berchmana, qui sera martyrisée dans les mêmes circonstances (v. Karoline Anna Leidenix).
Antonija fait les premiers vœux en 1932, et les solennels en 1937. Elle est «enthousiaste pour la vie religieuse», discrète, presque trop silencieuse, et on ne lui entend jamais dire un mot contre qui que ce soit. Elle-même disait avoir appris de sa tante ce conseil : Si quelqu’un te fait du mal, toi, fais-lui du bien. On la voit souvent en prière à la chapelle.
On lui confie les travaux de jardin, de blanchisserie, des champs. Des ennuis de santé la font envoyer à Pale pour se refaire et elle dut cependant subir une intervention chirurgicale en 1936, après laquelle elle resta à Pale.
Très estimée pour son humilité et sa disponibilité, elle souffrit le martyre avec ses Consœurs, dans les circonstances déjà racontées ailleurs (v. Kata Ivanišević).
Son dies natalis est au 15 décembre. Elle a été béatifiée en 2011.
Terezija Banja
1912-1941
Josip Banja était hongrois. Il était venu de son village (Kapošvar, Subotica) Veliki Grđevac (Bjelovar, Croatie), avec son épouse Klara et leur garçon Mirko. Bientôt veuf, il épousa en secondes noces Tereza Kovač, elle aussi d’origine hongroise.
Ce ménage heureux était enraciné dans la foi chrétienne. Les deux parents étaient consacrés dans un tiers-ordre ; le papa construisit un petit autel devant lequel tous disaient ensemble la prière ; les voisins s’y joignaient aussi, par exemple durant le mois de Marie (le mois de mai). Dans le village, on disait : pieux comme les Banja. Le papa travaillait aux champs et fabriquait des cordes.
Terezija fut la douzième des treize enfants qui en naquirent, tandis que six d’entre eux moururent en bas âge.
Cette petite fille fréquenta l’école primaire à Veliki Grđevac, tout en aidant volontiers ses parents à la maison. Quand elle gardait le troupeau, elle cherchait un petit coin tranquille pour lire et pour prier le chapelet, ce qui ne l’empêchait pas à l’occasion de se montrer joyeuse et vive, comme toute petite fille de son âge.
Tôt elle manifesta son désir d’être religieuse, car «Dieu l’appelait» : elle aurait préféré mourir que de ne pas suivre sa vocation. A dix-sept ans, encouragée par ses bons parents, elle entra au couvent, chez les Filles de la Divine Charité.
D’abord «candidate» (postulante) à Koprivnica (1929), elle fit le noviciat à Sarajevo en 1930, avec le nom de Marija Bernadeta. Elle aussi, comme sa Consœur Jožefa Fabjan, fit sa deuxième année de noviciat sous la conduite de Sœur Berchman. Elle fait les vœux temporaires en 1932 et les perpétuels en 1938.
A partir de 1932, elle est à Pale, pour servir à la cuisine, où elle se montrera diligente, patiente, jamais énervée, comme cela peut facilement arriver quand le repas est retardé, quand il faut réchauffer…
Dès le début de sa vie religieuse, Bernadeta se montra obéissante, sérieuse, affable et zélée. On ne devait jamais lui redire deux fois une chose. Ce n’était pas chose naturelle, mais acquise : une première relation disait, au début de son noviciat : Elle a le caractère incliné vers l’orgueil, mais elle accepte les remarques avec calme, parce qu’elle a appris à se dominer (éloge indirect de la bonne éducation reçue de ses saints parents). De sa présence à Pale, on a pu dire d’elle qu’était «fidèle dans les petites choses». En plus, Bernadeta était très petite et avait besoin d’un tabouret pour remuer la louche dans les marmites : elle finissait par le faire tout naturellement, comme un jeu, et c’était presque amusant de l’observer. Il fallait apporter le bois pour le fourneau, aller chercher l’eau au puits : elle ne semblait jamais se fatiguer.
Petite de corps, grande dans son âme, elle suivit ses Consœurs sur le chemin du martyre, qu’elle subit le 15 décembre 1941, comme on l’a raconté ailleurs (v. Kata Ivanišević).
Avec ses Consœurs elle fut béatifiée en 2011.
János Brenner
1931-1957
János est né le 17 décembre 1931 à Szombathely (Hongrie), dans une humble famille très chrétienne, où le chapelet et l’Eucharistie faisaient partie de la vie quotidienne.
Durant ses études, János eut l’occasion de jouer le rôle de s.Tarsicius, un jeune Martyr du troisième siècle qui fut mis à mort en voulant protéger l’Eucharistie qu’il portait à des prisonniers (v. 15 août). On va voir que cet épisode allait être prophétique pour János.
Après ses études, il entra en 1950 au noviciat cistercien de Zirc, où il prit le nom d’Anastase. Mais les autorités politiques interdirent les Ordres religieux, aussi, après une année de formation dans la clandestinité, János entra au séminaire diocésain et fut ordonné prêtre en juin 1955.
On se souvient peut-être que l’année 1956 fut le théâtre d’une importante révolte hongroise contre l’oppression soviétique. Par la suite, la répression communiste s’intensifia contre l’Eglise.
Courageusement, le jeune prêtre exerça son apostolat, apportant la douceur de l’évangile à tous, vieux et jeunes, pauvres et marginalisés, réconfortant par son bon sourire ceux qui avaient besoin de paix. Beaucoup furent attirés à l’Eglise par son apostolat, mais son zèle ne pouvait passer inaperçu et on le surveilla.
Une première fois, il échappa à un attentat, mais continua avec persévérance.
Un soir de décembre 1957, on l’appela pour administrer le Sacrement des Malades à un mourant et lui porter le Viatique ; en réalité, il reçut trente-deux coups de poignards et fut battu à mort.
Quand on retrouva son corps, on constata qu’il tenait fermement dans sa main la custode avec l’Hostie, pour protéger le Corps du Christ de la profanation, comme le fit s.Tarsicius.
Le jeune prêtre allait avoir vingt-six ans deux jours après son martyre. Il avait exercé le sacerdoce pendant à peine deux ans et demi.
János a été béatifié en 2018 et sera commémoré le 15 décembre au Martyrologe.